Classification des manipulations
Deux types de manipulations peuvent être différenciées :
- Les manipulations axiales, où la pulsion est longitudinale (décoaptation), plus globale, avec action préférentielle sur les tensions réflexes des muscles paravertébraux.
- Les manipulations en rotation et latéro-flexion, où la pulsion est perpendiculaire à l'axe vertébral, avec une action plus segmentaire.
Mode d'action des manipulations
Plusieurs modes d'actions peuvent être retenues
- Un étirement des muscles paravertébraux, notamment des muscles profonds (transversaire épineux), dont la contracture réflexe maintenue semble le mécanisme essentiel dans la dysfonction segmentaire (serrage articulaire réflexe); les muscles étirés seront ceux du côté le plus symptomatique (douleur, signes réflexes); par exemple, pour bien étirer les muscles droits si la lombalgie est à droite, on choisira une manœuvre en rotation-latéro-flexion gauche des épaules, avec une composante en flexion
- Un écartement des articulations postérieures (responsable du bruit de craquement par phénomène de cavitation gazeuse), l'étirement capsulaire concomitant ayant un effet inhibiteur sur les contractures musculaires; il y aurait pour certains réintégration d'un méniscoïde incarcéré lors d'un mouvement de flexion-extension; cette action doit se faire cette fois-ci du côté de la douleur : pour une lombalgie droite sera donc effectuée une rotation droite du plan scapulaire (à condition que cette direction ne soit pas douloureuse).
- Un étirement ligamentaire : mise en évidence d'une réponse électromyographique du multifidus lors de l'étirement du ligament interépineux (réflexe ligamento-musculaire)
- Une baisse de la pression intra-discale
- Une action non spécifique sur la douleur : activation du système descendant d'inhibition de la douleur (dont l'origine se situe dans la substance grise péri-aqueducale), par l'effet de la contre-stimulation qu'entraine l'étirement brusque des structures innervées.
- Un effet placebo : il ne peut être nié, de par la représentation mentale de la vertèbre "remise en place" appuyée par le bruit de craquement, ainsi que par la rencontre d'un thérapeute rassurant réparateur de l'angoisse et de la douleur.
Les indications des manipulations vertébrales
Elles concernent essentiellement les douleurs vertébrales d'origine mécanique : lombalgie (plus aiguë que chronique), dorsalgie, cervicalgie; le rapport bénéfices/risques sera moins évident en présence de radiculalgies (sciatiques, cruralgies ou névralgies cervico-brachiales) où le traitement médical (repos, infiltrations, anti-inflammatoires, antalgiques) est prépondérant.
Les techniques fondamentales
- Techniques lombaires en rotation : se font en décubitus latéral, soit en lordose (action plus spécifique sur la charnière lombo-sacrée ou sur l'articulation sacro-iliaque), soit en cyphose (action de T12 à L4).
- Technique pour la jonction thoraco-lombaire en rotation : à cheval en bout de table (action de T10 à L2).
- Technique pour le rachis thoracique et lombaire en décoaptation : en position assise, par appui épigastrique avec interposition d'une cale (action de T3 à L3).
- Technique pour le rachis thoracique en décubitus dorsal : avec appui épigastrique et contre-appui manuel (technique dite en "déroulé").
- Technique pour la jonction cervico-thoracique en latéro-flexion C7-T1 : en position assise ("récamier") ou en décubitus latéral ("mandoline").
- Technique pour le rachis cervical en rotation (action de C2 à C6).
- Technique pour le rachis cervical en décoaptation (action de C0 à C3), en décubitus dorsal ou assis.