Michel Ragon est un écrivain de langue française né en 1924.
Enfances vendéennes, adolescence nantaise (Les années de jeunesse, 1924-1945)
Michel Ragon est né par hasard à Marseille le 24 juin 1924, mais il passe toute son enfance à Fontenay-le-Comte dans une famille paysanne vendéenne misérable. Orphelin de père à 8 ans, il arrive à 14 ans avec sa mère à Nantes où il exerce plusieurs petits métiers (garçon de courses, aide-comptable, mécanicien, emballeur...). Déjà passionné de lecture depuis son enfance, il découvre de nouveaux auteurs (Rousseau, Hugo, Verne, Gide...) grâce entre autres aux bibliothèques des appartements que sa mère est chargée de garder. Dans cette grande ville de Nantes, il découvre également la peinture au Musée des Beaux-Arts de Nantes, où il se rend souvent, ainsi que la musique classique au Théâtre Graslin. En 1943, à 19 ans, il rencontre les poètes de "l'école de Rochefort", Jean Bouhier et René-Guy Cadou et le peintre James Guitet qui restera son ami. Fin 1943, auteur de tracts contre l'occupant allemand, il est recherché par la Gestapo. Prévenu à temps, il s'échappe de justesse et retourne se cacher dans sa famille, dans le bocage vendéen. Il rentre à Nantes en 1944. Mais il n'y reste pas longtemps. Avide de connaissances, de rencontres et de nouveaux horizons, il monte à Paris en 1945.
Aventures parisiennes (1945-1964)
A partir de son arrivée à Paris, Michel Ragon va développer une activité considérable.
Pendant vingt ans, il continue à gagner son pain quotidien grâce à différents "drôles de métiers" (manoeuvre dans une fonderie, peintre en bâtiment, commis-libraire), puis comme bouquiniste le long des quais de la Seine (1954-1964). Parallèlement à ces activités alimentaires, il publie des poèmes (de 1945 à 1954), et des romans (de 1953 à 1968).
Mais surtout, sa nouvelle existence est faite de rencontres, de découvertes, de voyages. C'est à partir de cette insatiable curiosité des êtres humains et des choses que Ragon va publier des millliers d'articles dans d'innombrables revues et des essais par lesquels il se consacre à faire partager ses enthousiasmes : la littérature prolétarienne, l'anarchisme, l'art abstrait, l'architecture, le dessin satirique...
La reconnaissance (1964-2008)
Michel Ragon devient un critique et historien de l'art et de l'architecture modernes renommé. Cela lui permet à partir de 1964 de quitter son emploi de bouquiniste. Il voyage de plus en plus (Japon, Amérique du Nord et du Sud, Israël, Algérie, Cuba, URSS...), devient consultant, rédige un rapport pour l'OMS, est commissaire d'expositions (en 1967 à la Biennale de Sao Paulo, en 1968 à la Biennale de Venise), conférencier pour le ministère des Affaires étrangères grâce à André Malraux (rencontré alors qu'il était bouquiniste), directeur de collection chez Casterman. Convié comme professeur-invité à l'université de Montréal à partir de 1970, bien qu'il n'ait que son certificat d'études, il devient ensuite professeur à l'École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. Sur sa lancée, il soutient un doctorat d'État à la Sorbonne en 1975, à plus de cinquante ans (Sa thèse s'intitule "La pratique architecturale et ses idéologies"), puis enseigne en tant que professeur de l'enseignement supérieur jusqu'à sa retraite en 1985.
Mais ses voyages et son ascension sociale n'ont pas coupé Michel Ragon de ses racines populaires vendéennes. Dans les années 1980, il commence à écrire des romans qui constituent le "Cycle Vendéen" : L'accent de ma mère, Ma soeur aux yeux d'Asie, Les Mouchoirs rouges de Cholet, La louve de Mervent, Le Marin des Sables, Le Cocher du Boiroux… Ces romans rencontrent un grand succès populaire. Michel Ragon réussit alors ce qu'il reconnaissait à son ami Bernard Clavel : "Bernard Clavel est sans doute aujourd'hui l'écrivain prolétarien qui a le mieux "réussi", c'est-à-dire qu'il a réussi la difficile équation d'être lu par des lecteurs qui appartiennent au même monde que les personnages de ses romans." (dans Histoire de la Littérature Prolétarienne)