André Malraux - Définition

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Introduction

André Malraux
André Malraux (au centre) en 1959avec le poète argentin Rafael Squirru.
André Malraux (au centre) en 1959
avec le poète argentin Rafael Squirru.

Nom de naissance Georges André Malraux
Autres noms Maurice Sainte-Rose, Colonel Berger
Activité(s) écrivain, homme politique et homme d'action
Naissance 3 novembre 1901
à Paris, France
Décès 23 novembre 1976
Créteil, France
Langue d'écriture Français
Genre(s) Romans, essais sur l'art
Distinctions Prix Goncourt (1933)
Officier de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération, Médaille de la Résistance
Médaille militaire, Croix de guerre 1939-1945
enterré au Panthéon de Paris
Œuvres principales
  • La Voie royale (Roman, 1930)
  • La Condition humaine (Roman, 1933)
  • L'Espoir (Roman, 1937)
  • Les Voix du silence (Essai, 1951)
Compléments
  • Engagement dans la Guerre d'Espagne et la Résistance
  • Carrière politique (parti gaulliste) : Ministre de la Culture de 1959 à 1969

André Malraux, né à Paris 18e, 53 rue Damrémont le 3 novembre 1901 et décédé à Créteil (Val-de-Marne) le 23 novembre 1976, de son nom complet Georges André Malraux, est un écrivain, un aventurier et un homme politique français.

Essentiellement autodidacte et tenté par l'aventure, André Malraux gagne l'Indochine où il participe à un journal anticolonialiste et est emprisonné en 1923-1924 pour trafic d'antiquités khmères. Revenu en France il transpose cette aventure dans son roman La Voie royale publié en 1930 et atteint la célébrité avec la parution en 1933 de La Condition humaine un roman d'aventure et d'engagement qui s'inspire des soubresauts de la Chine et obtient le Prix Goncourt.

Militant antifasciste, André Malraux combat en 1936-1937 aux côtés des Républicains espagnols. Son engagement le conduit à écrire son roman L'Espoir, publié en décembre 1937, et à en tourner une adaptation filmée Espoir, sierra de Teruel en 1938. Il rejoint la Résistance en mars 1944 et participe aux combats lors de la Libération de la France. Après la guerre, il s’attache à la personne du général de Gaulle, joue un rôle politique au RPF, et devient après le retour au pouvoir du général de Gaulle, ministre de la Culture de 1959 à 1969.

Il écrit alors de nombreux ouvrages sur l'art comme Le Musée imaginaire ou Les Voix du silence (1951) et prononce des oraisons funèbres mémorables comme lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon le 19 décembre 1964. En 1996, pour le 20e anniversaire de sa mort survenue le 23 novembre 1976, ce sont les cendres de Malraux qui sont à leur tour transférées au Panthéon.

Parcours

André Malraux est le fils aîné de Fernand Malraux (1875-1930), originaire de Dunkerque, et de Berthe Lamy (1877-1932), originaire de la région parisienne. En 1905, les parents de Malraux se séparent, créant un choc dans sa vie. Son père aura d'un second mariage deux fils : Roland (1912) et Claude. Il passe ainsi son enfance avec sa mère, sa grand-mère et une tante épicière au 16 rue de la Gare à Bondy dont il ne gardera pas de bons souvenirs (Antimémoires, 1967). Il a 8 ans lorsque son grand-père se suicide, en 1909. À 14 ans, il entre à l'école supérieure de la rue Turbigo (le futur lycée Turgot), période durant laquelle il fréquente déjà assidûment les bouquinistes, les salles de cinéma, de théâtre, d'expositions, de concerts, etc. Ainsi commence sa passion pour la littérature contemporaine.

En 1918, il n'est pas admis au lycée Condorcet et abandonne ses études secondaires, il n'obtiendra jamais son baccalauréat ce qui ne l'éloignera pas de la littérature. Il travaille en 1919, pour le libraire-éditeur René Louis Doyon, c'est ainsi qu'il fait la connaissance de Max Jacob. Doyon fonde en 1920 sa revue : La Connaissance et ouvre ses colonnes à Malraux. Il fréquente les milieux artistiques de la capitale et publie ses premiers textes dès 1920 : petits essais de théorie littéraire, comptes rendus critiques et premières proses. Les œuvres de cette époque appartiennent au genre farfelu (c'est Malraux qui ressuscite le terme), proses poétiques influencées par l'expressionnisme allemand et la poésie cubiste d'Apollinaire ou de Max Jacob. C'est aussi l'époque où il joue au Père Ubu et lit Alfred Jarry. Il s'en souviendra après 1948, en adhérant au Collège de Pataphysique. Il devient directeur littéraire chez Simon Kra, en 1920. Il côtoie: Jean Cocteau, Paul Morand, Raymond Radiguet, Pierre Reverdy, André Salmon, André Suarez, Derain, Léger, Vlaminck. Il livre des articles pour la revue Action, de Florent Fels. Simon Kra, libraire lui confie la Direction artistique des Éditions du Sagittaire; il y publiera: Le Livret de l'imagier de Rémy de Gourmont, ainsi que Carnet intime de Laurent Tailhade. Il peut maintenant voler de ses propres ailes et s'installe à Paris, rue Rachel à Montmartre en 1919, une chambre au Lutétia, 45 Boulevard Raspail en 1920.

Il fait la connaissance de sa future femme au cours d'un dîner organisé par Florent Fels, ils partent ensemble en Italie : Florence et Venise et rentre dans l'urgence n'ayant plus de sous. Le 21 octobre 1921, il se marie avec Clara Goldschmidt, et vont en voyage de noce à Prague, puis à Vienne et passent les fêtes de fin d'année à Magdebourg, ville d'origine de la famille de Clara. Début 1922, le couple va à Berlin. Puis en Tunisie et en Sicile. Il dirige alors une collection aux éditions du Sagittaire. Max Jacob le présente au marchand de tableaux Daniel-Henry Kahnweiler, (1884-1979) qui l'engage comme éditeur à la galerie Simon. En 1923, il réussit à se faire réformer. Les mauvais placements en bourse qu'il a fait de la fortune de son épouse dans des valeurs mexicaines qui s'effondrent, ruinent le couple. Pour se refaire, il part avec Clara et son ami Louis Chevasson en Indochine pour y voler des statues et les revendre. Cette aventure lui inspirera La Voie Royale, ils logent à l'Hôtel Continental à Saïgon, qui existe toujours. Il est arrêté, après un arrangement diplomatique, peut retourner à Paris en novembre.Il fait ses débuts à la NRF, rencontre Picasso Impressionné par la vie coloniale, il repart pour l'Indochine en 1925 et y fonde un journal d'idées anticolonialistes : L'Indochine, qui paraîtra ensuite sous le titre L'Indochine enchaînée. Il quitte le pays à la fin de 1925.

L'aventurier

Ils arrivent en octobre à Angkor, à la mi-décembre ils arrachent sept statues de pierre au Temple de Banteay Srei, qu'il emballent et emportent, pour les revendre à un collectionneur. Arrivés à Phnom-Penh, le 23 décembre 1923, ils sont arrêtés et assignés à résidence. Il est condamné, le 28 octobre 1924, à trois ans de prison ferme et son ami Louis à un an et demi. Clara est acquittée. Elle repart pour Paris et mobilise en faveur de son mari les intellectuels de l'époque comme Marcel Arland, Louis Aragon, André Breton, François Mauriac, André Gide et Max Jacob. En appel, la peine de Malraux est réduite à un an et 8 mois avec sursis et il rentre en France en novembre 1924, et demeure quelques temps au 39, boulevard Edgar-Quinet. Dans ses romans-documentaires, l'écrivain Roger Peyrefitte le désignera régulièrement sous le nom de « voleur de Banteay Srei ». En 1926, le couple emménage au 122, boulevard Murat à Paris. En 1927, il est alité pendant un trimestre entier suite à une crise de rhumatisme articulaire aiguë. Il entre au comité de lecture des éditions Gallimard et y devient directeur artistique en 1929. Ils feront avec Clara plusieurs voyages en Orient de 1929 à 1931.

Le romancier

En 1930, il publie La Voie royale, un roman d’aventures largement inspiré par ces événements. Il édite Calligrammes de Guillaume Apollinaire et crée la Galerie de la NRF. Au mois de décembre son père se suicide. En 1931, il réalise plusieurs expositions sur l'art gothico-bouddhique, l'art indo-helléniste ainsi que l'art des nomades de l'Asie centrale. En mai 1931, il voyage avec Clara en Asie; Ispahan, Afghanistan, Inde, c'est l'éditeur Gaston Gallimard qui finance le projet; ils feront le tour du monde : Birmanie, Singapour, Hongkong, Chine, Japon, Canada et USA.

En mars 1932 survient le décès de la mère de Malraux. Il rencontre Josette Clotis, et s'installe avec Clara au 44 rue du Bac (Paris 7e), ou il écrit La Condition humaine, roman inspiré du massacre de Shanghai de 1927. Sa fille Florence naît le 28 mars 1933. Dès 1933, il milite contre le fascisme et le nazisme, en prononçant un discours lors de la première réunion de l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires, présidé par André Gide et prend la défense de Dimitrov, accusé d'avoir incendié le Reichstag. Au mois d'août il rencontre Trotski. Il a une courte liaison avec Louise de Vilmorin.

En janvier 1934, il part à Berlin en compagnie d'André Gide pour tenter d'obtenir la grâce de Dimitrov. En mars il se lance dans une nouvelle aventure, il va avec le capitaine Édouard Corniglion-Molinier, reconnaître en avion le site de Marib, au Yémen, capitale légendaire du royaume de Saba, de la Reine de Saba. Le 7 mars, ils survolent les ruines et au retour rencontre l'empereur Hailé Sélassié 1er à Addis-Abeba. De juin à septembre Clara et André Malraux sont en URSS. Il donne des entretiens à la Pravda, rencontre Staline, Gorki, Eisenstein, ainsi que Boris Pasternak. En août, il assiste au Congrès des écrivains et prononce un discours: L'art est une conquête. Avec Gide ils organisent le Congrès international des écrivains pour la défense de la culture, au Palais de la Mutualité.

En mars 1936, il fait un court séjour en URSS et y rencontre Gorki peu avant sa mort.

Il rejoint les républicains espagnols le 22 juillet 1936. Il monte de toutes pièces l'escadrille España avec une vingtaine de Potez et en prend le commandement bien que ne sachant pas piloter, comme coronel (colonel), jusqu'en 1937. Il participe au bombardement à Medellin et à la destruction du terrain d'atterrissage de Olmedo. En février 1937, il participe à une mission sur Malaga.
Les appréciations des supérieurs militaires de Malraux ne lui sont pas favorables. Antonio Camacho Benitez, chef de l'aviation gouvernementale, écrit dans un rapport : « Après l'attitude et l'action de monsieur Malraux, il conviendrait de prendre trois mesures : le réduire à la discipline, l'expulser ou le fusiller ». D'après les mémoires d'Ignacio Hidalgo de Cisneros, qui, à la fin de la guerre civile, était général en chef de l'aviation républicaine, Malraux se déconsidéra en prétendant s'ériger en chef d'escadrille sans comprendre qu'il aurait fallu pour cela être aviateur, surtout en temps de guerre; à trois ou quatre exceptions près, les aviateurs de Malraux n'étaient pas des antifascistes mais de simples mercenaires, attirés par une solde très élevée; Malraux, étant ignorant de l'aviation, s'en remettait à eux mais ils ne firent rien d'utile et, au contraire, créèrent des difficultés; Hidalgo de Cisneros essaya à plusieurs reprises de les licencier, « mais le gouvernement s'y opposait, alléguant la mauvaise impression que produirait en France l'expulsion d'Espagne, pour inutilité et indélicatesse, des aviateurs qu'une fausse propagande avait convertis en héroïques défenseurs de la liberté ».

Malraux rentre à Paris en 1937. Après s'être inspiré de son combat pour écrire le roman L'Espoir, à l'Hôtel Alexandra, route de Castel à Vernet-les-Bains, qui sera publié en décembre 1937, il passe l'hiver à Paris résidant à l'Hôtel Madison au 143, boulevard Saint-Germain ; Josette Clotis demeure à deux pas à l'hôtel Royal-Condé. Il part ensuite pour les USA faire une tournée de conférences afin de récolter des fonds pour la République Espagnole et visite successivement New-York, Philadelphie, Washington, Hollywood, San Francisco, et au Canada, Toronto et Montréal. Il séjourne dans les Pyrénées avec Josette, après avoir participé en juillet au Congrès des écrivains pour la défense de la culture. Il tourne le film Espoir, sierra de Teruel en 1938 le tournage démarre en juillet à Barcelone, puis à Tarragone et dans la sierra de Montserrat et se sépare de Clara. En janvier 1939, l'équipe du film doit évacuer Barcelonne tombé aux mains des nationalistes et part terminer le film à Joinville et Villefranche-de-Rouergue. Le film est projeté trois fois puis censuré en septembre. Il tente, sans succès de s'engager en 1939, à la déclaration de guerre, dans une unité de chars.

Le résistant

La guerre, 1939-1940

En novembre 1939, il est admis dans une unité de chars de combat basée à Provins, où il reste jusqu'au 14 mai 1940. Il décrira sa guerre : « Nos chars de Provins étaient hors d'état de nous porter hors du polygone d'entraînement. En mai, nous avons fait mouvement à pied, avec des antichars. Nous avons un peu tiraillé. J'ai été très légèrement blessé le 15 juin. Et le 16, nous étions faits prisonniers comme des fantassins, à mi-distance à peu près de Provins et de Sens, où on nous dirigea... ». Volontaire pour aider aux moissons, il est affecté à une ferme de Collemiers. Fin septembre, son demi-frère Roland le prévient que les Allemands ont décidé de rendre leur liberté à quelques écrivains. Avec son aide (fourniture de vêtements, chaussures et argent), il s'évade de la ferme, en compagnie du poète Jean Grosjean, Jean Beuret et de l'abbé Magnet, qui lui offre l'hospitalité chez lui, dans la Drôme. Le même jour Josette a mis au monde leur premier fils Pierre-Gauthier.

En janvier 1941, il s'installe avec Josette Clotis à Roquebrune-Cap-Martin, villa La Souco où il restera jusqu'à l'automne 1942, avec un séjour à la mi-1941 à la villa Les Camélias au Cap d'Ail. Il reprend contact avec des écrivains installés sur la côte d'Azur : Gide, Martin du Gard etc... Méfiant de l'influence des communistes sur la résistance, il refuse de s'engager malgré les pressions d'Astier, Bourdet, Sartre et Beauvoir. En septembre il fait un séjour dans l'Allier, il s'installe dans le Cantal, où Josette viendra le rejoindre avec leur fils.

L'attente

Il reste plusieurs années sans agir. En 1943, il s'installe avec Josette Clotis à Saint-Chamant (Corrèze). Son second fils Vincent naît, en mars. Début septembre, il a ses premiers contacts avec la Résistance, en l'occurrence avec Harry Peulevé, chef du réseau britannique AUTHOR du SOE. Il aide au recrutement de son demi-frère Roland dans le réseau.

Début 1944, Roland lui fait rencontrer George Hiller, chef du réseau FOOTMAN, autre réseau du SOE.

L'engagement

Fin mars 1944, ses deux demi-frères, agents du SOE, ayant été arrêtés par les Allemands, Roland est conduit au camp de concentration de Neuengamme, en Allemagne. Il meurt le 3 mai 1945 lors du naufrage du Cap Arcona. André entre en résistance : il quitte discrètement Saint-Chamant et gagne la vallée de la Dordogne, au Château de Castelnaud-la-Chapelle près de Limeuil, puis au Château de la Vitrolle. Il se fait appeler colonel Berger. George Hiller le met en rapport avec les groupes Vény du Lot. Malraux installe son poste de commandement (composé de quelques hommes à peine) dans le maquis. Grâce à George Hiller, il circule dans plusieurs départements (Corrèze, Lot, Dordogne et Tarn), y rencontre les principaux chefs de la Résistance, et leur fait part de sa « mission », en ayant assez d'habileté pour laisser croire à chacun des groupes se réclamant d'une des hiérarchies en présence qu'il appartient à une autre. Piloté par George Hiller et parlant volontiers de son « PC interallié », il passe au début pour un agent du SOE. Pour d'autres, il commanderait les FFI au niveau de la région, ou encore les FTP. Sa mission affichée est de les regrouper tous, sous un seul état-major régional. Mais cette mission correspond d'autant plus précisément à ce qu'il souhaite, qu'il n'a laissé à personne d'autre le soin de la définir.

La capture

Le « colonel Berger » est arrêté par les Allemands à Gramat le 22 juillet 1944, lors de la fusillade de la voiture de George Hiller. Il est transféré de prison en prison jusqu'à Toulouse (Prison Saint-Michel) pour des interrogatoires au terme desquels il aurait été l'objet d'un simulacre d'exécution. Libéré par un coup de force des frères Angel, du groupe de Jean-Pierre Vernant, il se retrouve libre quand les Allemands quittent la ville, le 19 août.

La libération du pays

Fin août 1944, séjournant à Paris, il rencontre Ernest Hemingway. Il rencontre en septembre à l'Hôtel de La Cloche à Dijon le général de Lattre de Tassigny. En septembre, il forme la brigade Alsace-Lorraine, qui réunit d'anciens maquisards alsaciens et lorrains réfugiés dans le sud-ouest. À la tête de la brigade, Malraux participe dans les Vosges et en Alsace à la campagne de la première armée française, notamment lors des prises de Dannemarie, de Strasbourg et de Colmar. Le 12 novembre Josette décède accidentellement. Le 15 mars 1945, la brigade est dissoute.

Le gaulliste

« Entre ici, Jean Moulin… »
L'éloge grandiloquent de Malraux à l'occasion de la cérémonie du transfert des cendres du héros de la Résistance fait désormais partie des annales du gaullisme.
Manuscrit original du discours, Musée de l'Ordre de la Libération. Hôtel des Invalides, Paris.

Il s'installe avec Madeleine Malraux, sa belle-sœur et son neveu Alain Malraux au 18bis, avenue Robert-Schuman, dans une villa construite par Louis Faure-Dujarric. Clara et leur fille Florence s'installent au 17, rue Berthollet à Paris. Dès 1945, il s’attache à la personne du général de Gaulle, dans le gouvernement duquel il est ministre de l'Information, de novembre 1945 à janvier 1946, André Malraux prend Raymond Aron pour chef de cabinet. Il le suit dans l'aventure du RPF, où il s'occupe de la propagande entre 1947 et 1954, et sera sous la Ve République ministre de la Culture de 1959 à 1969.

Il reste fidèle au général de Gaulle pendant la traversée du désert. Il abandonne ses activités au sein du RPF en 1952. André Malraux et Madeleine qu'il a épousé en 1948 voyagent : Grèce, Égypte, Iran. Il collabore avec Gaëtan Picon à la réalisation de son ouvrage, Malraux par lui même et part l'été à Lucerne avec Madeleine. En 1954 ils sont invités à New-York pour l'inauguration des nouvelles galeries du Metropolitan Museum. Ils passent leurs vacances en Italie, ou ils visitent la Toscane et l'Ombrie. L'année suivante, ils vont en Égypte. En 1956, le couple Malraux voyagent avec Alain, à Rome et en Sicile.

Avec d'autres écrivains (Sartre, Martin du Gard, Mauriac) Malraux adresse une lettre au Président de la République, René Coty, en 1958 contre la torture en Algérie.

Le Ministre des Affaires culturelles

Juillet 1958, il est chargé du rayonnement de la Culture Française et de son expansion et en janvier 1959, Ministre d'Etat chargé des Affaires Culturelles. Il prononce un discours rendant hommage à Athènes pour la première illumination de l'Acropole et part en Août et septembre en voyage en Amérique du Sud; Argentine, Brésil, Chili, Pérou, Uruguay. Il assiste avec le général de Gaulle en octobre à la première de Tête d'Or, de Paul Claudel crée par la compagnie Madeleine Renaud - Jean-Louis Barrault au Odéon-Théâtre de France.

Ministre, il mêle politique de prestige et œuvre sociale. Sans être un gaulliste de gauche déclaré, il ne renie nullement son passé de gauche, reprochant par exemple à François Mitterrand en décembre 1965 n'avoir « même pas [été] en Espagne ». Renouant avec l'esprit du Front populaire, il fait de la culture une affaire administrée par l’État. Raymond Aron rapporte cependant dans ses Mémoires que Malraux avait changé de façon stupéfiante en 1944 sur la question du communisme auquel il voue désormais une hostilité, presque une haine. S'il n'est pas l’initiateur des Maisons des jeunes et de la culture (issues de "la République des Jeunes", créée à la Libération), il est bien, en revanche, le créateur des Maisons de la Culture, grandes machines gérées par le ministère du même nom le 4 août 1962.

Tout ce mouvement culturel se réalise au bénéfice des arts (arts vivants, musées, cinéma, musique…) qui ont le plus d’effet sur les masses, d'autres aspects de l'action culturelle comme la littérature se développant parallèlement à la culture de masse. Mais la culture de Malraux en matière d’art et sa fraternité à l’égard de plusieurs artistes de premier plan (Matisse, Braque, Picasso, Giacometti) distinguent plus particulièrement encore l'œuvre du ministre : commandes du plafond de l’Odéon à André Masson en 1963, du plafond de l’Opéra de Paris à Marc Chagall en 1962, envoi de la Joconde de Vinci aux États-Unis en 1963; restauration du château de Versailles, ou encore campagne de ravalement des grands monuments de Paris et des quartiers anciens (Loi Malraux du 4 août 1962). Malraux n’a de cesse de faire rayonner la culture française dans le monde. On lui doit notamment le système « d'avance sur recettes », mis en place par un décret de juin 1959, qui reste de nos jours un moteur important de la création cinématographique en France. À la même période il fondait la Biennale de Paris, manifestation d'art dont le but était la valorisation de la jeune créativité française et internationale et le renforcement de la présence artistique française dans le monde.

En 1960, il prononce un discours à l'occasion de l'Indépendance des Colonies d'Afrique noire. Il se fâche avec sa fille Florence parce que celle-ci a signé le manifeste des 121, favorable à l'insoumission des jeunes appelés pour l'Algérie. Cette brouille durera jusqu'en 1968.Il effectue un voyage au Mexique et participe au sauvetage des monuments de Nubie. Le 23 mai 1961, c'est le terrible accident ou il perd le même jour ses deux fils dans un accident de la route. Il crée le 4 août 1962 l'Inventaire général du patrimoine culturel. En 1963, il décide de faire fermer la Grotte de Lascaux ouverte au public depuis 1949, la trop grande fréquentation provoquant des modifications climatiques qui engendrèrent des maladies sur les parois, algues vertes, puis la formation de calcite (blanche). En 1964, il inaugure en compagnie du général de Gaulle la Maison de la Culture de Bourges et transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon.

Juin 1965, il embarque sur Le Cambodge en compagnie d'Albert Beuret, pour se rendre en Extrême-Orient. En août, il arrive en Chine et rencontre Mao Tsé Toung.

En mars 1966, il inaugure la Maison de la Culture d'Amiens et en avril le 1er festival mondial des arts nègres à Dakar avec Léopold Senghor, président du Sénégal; organise la grande rétrospective de Picasso aux Grand et Petit-Palais. Il crée le 30 septembre 1966, la Direction des Recherches Archéologiques Sous-Marines: DRASM, délocalisé à Marseille et à Annecy, relevant de la Direction du patrimoine, (sous-direction de l'archéologie) du Ministère de la Culture, qui deviendra le DRASSM: Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines, le 4 janvier 1966. Madeleine et André Malraux se séparent. Il rédige les Antimémoires.

Cette administration étatique de l’art, (Biennale de Paris) cette volonté de produire du culturel en y mettant les moyens budgétaires, a été jugée, par l'historien Marc Fumaroli, comme le grand enterrement nihiliste de la culture française. Selon lui, si l’on compare l’extraordinaire abondance de talents lors de la IIIe République qui n'avait pas de politique culturelle, avec l'ère malrucienne et actuelle, on s’aperçoit que l’après-guerre est pour la France un désert artistique, qu’on s’efforce de dissimuler à coup d’évènements culturels. Toutefois, la thèse de Marc Fumaroli est fortement contestée par certains historiens de la politique culturelle (Philippe Poirrier et Philippe Urfalino), qui soulignent plutôt la modestie de la politique culturelle de la période Malraux, tout en pointant ses singularités : rôle initiateur de l'État, volonté de démocratiser la culture consacrée, élargissement de l'État-providence aux questions culturelles. Le Ministère des Affaires culturelles, créé pour conserver Malraux au gouvernement, sera pérennisé après son départ en 1969. En 1968, il modifie très profondément le Prix de Rome. Réconciliation avec sa fille Florence.

Signature d'André Malraux

Après les affaires

Par fidélité au général de Gaulle, il quitte le pouvoir en même temps que lui. À aucun moment il n'aura manqué à cette fidélité, même pendant les évènements de Mai 68, qualifiés par lui de simple « répétition générale », mais aussi de « véritable crise de civilisation ». Ainsi l'a-t-on vu en tête de la manifestation de ceux qui réclamaient la restauration de l’ordre à l’Arc de Triomphe le 30 mai. Cet ordre, Malraux n’a cessé de l’identifier à la personne et à l'œuvre du général de Gaulle. Il sera d'ailleurs une des rares personnes que ce dernier consentira à recevoir jusqu’à sa mort en 1970. En 1970, il préface les Poèmes de Louise de Vilmorin et rédige Les Chênes qu'on abat, suite au décès du général .

Renouant avec les engagements de sa jeunesse, il prendra parti pour l'indépendance du Bangladesh dès 1971. Invité par Richard Nixon, qui le consulte avant de se rendre en Chine en 1972. En avril Françoise Verny et Claude Santellini, réalisateurs de La Légende du siècle diffusent leur première émission. En novembre André Malraux a un grave malaise, il est hospitalisé à la Salpêtrière. Il témoignera, en octobre 1973, en faveur de Jean Kay à son procès intenté pour le détournement du Vol 711 et part avec Sophie de Vilmorin au Bangladesh.

1974, il apporte son soutien dans la campagne des présidentielles à Jacques Chaban-Delmas. Voyage au Japon et à New Delhi, avec Sophie de Vilmorin. En janvier 1975, il inaugure le Centre Culturel André Malraux à Verrières-le-Buisson, y prononce un discours sur le livre de poche et son avenir. Il prononce en mai à la Cathédrale de Chartres, un discours pour le 30e anniversaire de la Libération des camps de concentration. En novembre, souffrant d'une congestion pulmonaire, il est hospitalisé à l'hôpital Henri Mondor de Créteil ou il s'éteint le 23 novembre 1976. Il est inhumé le lendemain au cimetière de Verrières et non pas dans le parc du Château de Vilmorin, comme il l'aurait souhaité, aux côtés de Louise de Vilmorin. Un hommage national lui est rendu le 27 dans la cour carrée du Louvre.

La liaison avec Louise de Vilmorin

En 1948, il épouse Madeleine, la veuve de son demi-frère Roland mort sur le Cap Arcona. Il s'en sépare en 1966, et vit alors une seconde aventure avec Louise de Vilmorin. Il achète un duplex Rue de Montpensier, à Paris que Louise décore, mais qu'ils n'habiteront jamais. Elle l'invite à s'installer avec elle au Château de Vilmorin à Verrières-le-Buisson, mais décéde le 26 décembre 1969 quelques mois après. Il continuera à habiter au château en compagnie de la nièce de Louise: Sophie de Vilmorin, (1931-2009), sa dernière compagne, qui s'occupe de l'écrivain jusqu'à sa mort, le 23 novembre 1976, d'une congestion pulmonaire à l'hôpital Henri-Mondor (Créteil).

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