Les flux de migration suisse à partir du XVe siècle, sont divers et variés. La Suisse, à différentes époques, s'est révélée être une terre d'accueil pour les étrangers. Parfois ce sont les Suisses qui, au cours de l'histoire, ont dû ou ont fait le choix de quitter leur pays.
Depuis toujours, la Suisse n'a pas eu suffisamment de ressources naturelles pour pouvoir nourrir toute sa population. Dès le XV, une grande part de la population a été obligée de trouver des moyens d'existence dans d'autres pays, principalement pour des raisons économiques.
On distingue deux formes d'émigration : le service étranger, militaire, et l'émigration civile.
Avant 1800, beaucoup d'émigrants suisses s'engagent dans le régiment Européen. Vers les XIVe et XVe siècles, les suisses obtiennent une très bonne réputation militaire lorsque ils battent tour à tour les Habsbourg et Charles le Téméraire. Ils porteront bientôt le nom de "Châtieur de rois" et, comme les fantassins allemands (lansquenets), sont appelés pour renforcer les armées des principaux dirigeants de l'Europe. Avec eux, les cantons passent des accords appelés capitulations, qui traitent spécifiquement du service étranger.
On distingue deux formes de service étranger : le mercenariat et le service capitulé entre États.
Les mercenaires sont des combattants individuels fournis aux souverains d'Europe par des chefs de guerre agissant pour leur propre compte, sans contrôle par l'État de provenance des mercenaires.
Les capitulations sont des accords passés entre des cantons et des souverains d'Europe.
« Art 1. La République française entretiendra dans son service 16 000 hommes de troupes suisses. Les hommes seront engagés librement et volontairement; à l'expiration de leurs engagements, ils recevront leur congé absolu s'ils le demandent.
Art 6. La solde sera la même que celle de l'infanterie française.
Art 7. Les suisses qui seront admis dans ces régiments devront être âgés de 18 à 40 ans, de la taille de cinq pieds deux pouces, ou 1 m 678 mm, et n'avoir aucune infirmité. Ils contracteront l'engagement de servir fidèlement la République française pendant quatre ans; à l'expiration de cet engagement, ils seront libre de se réengager pour 2, 4, 6 ou 8 ans.
Art 8. Le colonel-général des Suisses sera nommé par le premier Consul.
Art 18. Les troupes suisses qui seront au service de la France ne seront jamais employées que sur le territoire continental de l'Europe.
Art 19. Elles conserveront le libre exercice de leur religion et de leur justice. »
Le régiment français compte en général 1500 hommes répartis dans une douzaine de compagnies qui sont chacune commandées par un colonel, lui même assisté par un état-major.
La vie au régiment est monotone, la discipline est stricte. Une journée commence par l'appel des soldats, puis est suivi par l'inspection des armes et du soldat dont on exige une tenue impeccable. Pour combattre cette monotonie, les soldats chantent une chanson :
Ah! oui je suis à mon aise
Quand j'ai ma belle auprès de moi!
De temps en temps je la regarde
En lui disant: embrasse-moi!
Comment veux-tu que je t'embrasse
Quand on me dit du mal de toi!
On dit que tu pars pour la guerre
Dans le Piémont servir le roi!
La vie à la campagne est encore plus dure, on y fait des marches longues, la nourriture peut amener des épidémies.
On estime à 1 million de soldats suisses engagés à l'étranger du XVe au XIXe siècle; la moitié étant au service de la France. Pendant quatre siècles la suisse resta fidèle à ce pays et participent à ses aventures.
Les combattants suisses ont aussi servi plusieurs autres pays comme Naples, l'Autriche, la Suède, la Savoie, la Pologne, la Russie, le Danemark, la Hongrie, Venise. Pour le compte de l'Espagne, ils luttent contre les Maures en Afrique.
Architectes et artistes servant les monarques européens.
Notamment au XIXe siècle, vers l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud.
À partir du XIXe siècle, les disettes et les famines frappent la population Suisse tout comme l'avenement de l'ère industrielle qui provoque un surplus de main-d'œuvre disponible. Dans ce contexte, l'Amérique se présente comme un Eldorado avec ses vastes territoires et ses industries naissantes et des centaines de milliers de Suisses choissisent d'émigrer.