La pédagogie documentaire, ou pédagogie du « construire sa connaissance par les documents », vise plusieurs objectifs. Tout d’abord la pédagogie documentaire signifie l’autonomie de l’élève. En effet, l’élève n’attend pas qu’on lui délivre un savoir, il va lui-même se l’approprier en cherchant l’information dans des documents, et en la restituant selon ses attentes, ses besoins. La pédagogie documentaire vise également le développement de l’esprit critique de l’élève car apprendre avec des documents, c’est apprendre à valider l’information, apprendre à reconnaître la pertinence d’un document par rapport à une manne documentaire accrue avec le développement des techniques de l'information et de la communication. Enfin la pédagogie documentaire a pour objectif immédiat l’utilisation des outils d’un centre de ressources par l’élève, puisqu’avant de pouvoir apprendre avec des documents, il faut au préalable maîtriser les outils de recherche, par exemple le logiciel documentaire d’un établissement scolaire, ou un moteur de recherche sur internet. La pédagogie documentaire vise ainsi l’acquisition d’une méthode de recherche documentaire.
Le rôle du document dans l’enseignement s’est peu à peu transformé : de simple support d’information pour les professeurs, il est devenu vecteur du savoir pour les élèves. La pédagogie documentaire s’est construite avec l’institution progressive des Centres de Documentation et d’information CDI dans les établissements scolaires et le développement des techniques d'information et de communication.
Le premier centre local de documentation pédagogique est créé en 1958 au lycée Janson de Sailly à Paris sous l’impulsion de Marcel Sire, proviseur de l’établissement. Les CLDP (devenu les services de documentation en 1962) sont destinés à mettre à disposition des professeurs les informations administratives et pédagogiques, à recenser et gérer le matériel audiovisuel, à enrichir le fonds documentaire existant. L’objectif initial de ces centres est de proposer aux enseignants des documents qu'ils puissent utiliser dans le cadre de leurs cours. Puis les centres vont s’ouvrir progressivement aux élèves. C’est le résultat d’une prise de conscience : l’enseignement magistral ne suffit plus, le livre, comme les autres supports d’information, est aussi un moyen de transmettre le savoir. Plusieurs résultats s’ensuivent : les modes d’apprentissages se diversifient et l’éducation se fonde sur des méthodes actives. La pédagogie traditionnelle évolue vers une pédagogie fondée sur l’activité de l’enfant, son individualisation, la prise en compte de sa personnalité et de ses centres d’intérêts. Quelques grandes dates : en 1966, les services de documentation deviennent les services de documentation et d’information, l’information recouvrant le domaine culturel, la documentation scolaire et professionnelle. Il s’agit de mettre à la disposition des professeurs et des élèves une documentation pédagogique, des moyens techniques audiovisuels et de reprographie, une bibliothèque, ainsi qu’une documentation scolaire et professionnelle mise également à la disposition des parents. En 1973-1974, les services de documentation deviennent des centres de documentation et d’information CDI. Les méthodes pédagogiques sont rénovées avec comme modalités et objectifs le recours aux formes de travail individuel et collectif. L’utilisation des moyens d’informations, des moyens audiovisuels permettent un décloisonnement spatial et temporel des activités et une plus grande communication entre les acteurs et l’extérieur.
Le CDI devient un lieu offrant des activités multiples, un travail autonome, des loisirs, des recherches personnelles, de la lecture, le tout donnant les moyens à l’élève de se responsabiliser. Par ailleurs, le CDI se défini comme un lieu de recherche et de formation. Il devient nécessaire de former les élèves à une démarche intellectuelle, approcher de nouvelle manière le savoir, et acquérir une certaine autonomie.
De fait, parallèlement, le rôle du documentaliste évolue. En 1989 est créé un CAPES de documentation reconnaissant une compétence spécifique professionnelle et l’ancrage pédagogique de la profession