L'Opéra d'État Unter den Linden (Staatsoper Unter den Linden) est un des trois opéras de Berlin avec le Deutsche Oper Berlin et le Komische Oper Berlin. Il se trouve sur la Bebelplatz, le long de la célèbre avenue Unter den Linden.
Selon Voltaire, « les plus belles voix et les meilleurs danseurs » se produisaient à l'Opéra Unter den Linden (1741-1743), si cher à Frédéric II et dessiné par Georg Wenzeslaus von Knobelsdorff.
L'institution qui fonda la tradition musicale de Berlin poursuit sur la voie de l'excellence avec l'actuel chef d'orchestre, Daniel Barenboïm. L'édifice au portique corinthien, expression du néoclassicisme le plus pur, a connu une reconstruction pierre par pierre dans les années 1950, qui a vu son agrandissement et son élévation.
Frédéric II de Prusse est le commanditaire de l'édifice d'origine. Les travaux de construction ont débuté en juillet 1741 avec ce qui était conçu pour être le premier volet d'un « Forum Fredericianum » (aujourd’hui la Bebelplatz). Bien qu'il ne soit pas entièrement achevé, l’opéra de cour (Hofoper) est inauguré avec une représentation de Cleopatra e Cesare de Carl Heinrich Graun, le 7 décembre 1742. Cet événement a marqué le début de 250 ans de coopération entre le Staatsoper et la Staatskapelle de Berlin, dont les racines remontent au XVIe siècle.
En 1842, Gottfried Wilhelm Taubert crée la tradition des concerts symphoniques réguliers. La même année, Giacomo Meyerbeer succède à Gaspare Spontini au titre de directeur musical général. Felix Mendelssohn a également dirigé des concerts symphoniques cette année-là.
Le 18 août 1843, un incendie détruit le bâtiment d’origine. Reconstruit sur les plans de l’architecte Carl Ferdinand Langhans, il est inauguré l'automne suivant par une représentation de Ein Feldlager in Schlesien de Meyerbeer.
En 1821, l'Opéra de Berlin donne la première de Der Freischütz de Carl Maria von Weber. En 1849, on crée Les Joyeuses Commères de Windsor d’Otto Nicolai, sous la direction du compositeur lui-même.
À la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, l'Opéra de Berlin a attiré de nombreux et illustres chefs d'orchestre, comme Felix Weingartner, Karl Muck, Richard Strauss et Leo Blech.
Après l'effondrement de l'Empire allemand en 1918, l'opéra a été rebaptisé « Staatsoper Unter den Linden » et la « Königliche Kapelle » est devenue « Kapelle der Staatsoper ».
Dans les années 1920, Wilhelm Furtwängler, Erich Kleiber, Otto Klemperer, Alexander von Zemlinsky, Bruno Walter occupent le poste de chef d'orchestre. En 1925, Wozzeck d’Alban Berg est dirigé par Erich Kleiber en présence du compositeur.
Après avoir fait l'objet d'une vaste rénovation, l’opéra est rouvert en avril 1928 par une nouvelle production de La Flûte enchantée. La même année, la célèbre basse russe Fédor Chaliapine et les Ballets russes de Serge Diaghilev avec le chef d'orchestre Ernest Ansermet sont invités. En 1930, Erich Kleiber dirige la première de Christophe Colomb de Darius Milhaud. Toutefois, en 1934, lors de la première exécution des pièces symphoniques de Lulu d’Alban Berg par Kleiber, les nationaux-socialistes ont provoqué un scandale et le chef a été contraint à l'exil.
Sous Hitler les musiciens Juifs sont exclus. Beaucoup de musiciens allemands associés à l'opéra sont partis en exil, y compris les chefs Otto Klemperer et Fritz Busch. Au cours du Troisième Reich, Robert Heger, Herbert von Karajan et Johannes Schüler ont été Staatskapellmeister.
La seconde reconstruction a pris beaucoup de temps, de 1945 à 1955. C’est de nouveau Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg de Richard Wagner qui est monté pour la réouverture.
Après la construction du mur de Berlin en 1961, l'opéra, quoiqu’isolé, maintient un répertoire classique, romantique et contemporain. Après la réunification, c’est une sorte de renaissance pour l’opéra d’État. Les œuvres baroques notamment sont mises à l’honneur : Cleopatra e Cesare, Crœsus (Reinhard Keiser) et Griselda (Vivaldi). Ces ouvrages sont interprétés sur des instruments d’époque par le chef d'orchestre belge René Jacobs, avec l'Akademie für Alte Musik Berlin et le Freiburger Barockorchester. Dans les années 1990, l'opéra a été officiellement rebaptisé « Staatsoper Unter den Linden ».
En 1992, le chef d’orchestre Daniel Barenboïm est nommé directeur musical. Au cours de la Festtage « 2002 », il dirige un cycle Wagner en dix productions en collaboration avec le metteur en scène Harry Kupfer.
L'opéra nécessite de lourds travaux de réparation : les fondations du bâtiment, sa façade fissurée, la machinerie, ainsi que la mise aux normes de sécurité, font l'objet d'un programme d'investissement de 239 millions d'euros, qui rend nécessaire la fermeture de l'établissement à partir de mai 2010. Des améliorations sont également apportées à l'acoustique de la salle, et à la visibilité de la scène.
Dès le mois d'octobre 2010, les représentations sont données au Schillertheater, aménagé spécialement pour recevoir les 120 musiciens et la technique de scène, mais qui permet de n'accueillir que 980 spectateurs.
La réouverture du Staatsoper est prévue pour la saison 2013-2014.