La surconsommation peut avoir des conséquences très graves pour la société tout entière : exemple de la surconsommation d'antibiotiques, prescrits trop souvent alors qu'ils sont inefficaces (par exemple dans le cas d'infections d'origine virale). Or cette surconsommation est en grande partie responsable des résistances croissantes des bactéries aux antibiotiques :
Ces résistances deviennent extrêmement préoccupantes, elles sont l'objet d'avertissements réguliers des agences gouvernementales et internationales (OMS par exemple), comme en France, les dernières campagnes du début des années 2000 « Les antibiotiques, c'est pas automatique. »
Déjà plus d'un tiers des affections au staphylocoque doré (par exemple) sont désormais impossibles à traiter avec les antibiotiques, et avec aucun autre médicament. C’est un staphylocoque doré qui est la cause du « calvaire de Guillaume Depardieu »
Il en résulte des amputations, ou des décès, presque aussi nombreux que les accidentés de la route : sur les 4200 personnes qui succombent chaque année (estimation récente de l'Inserm) à une infection nosocomiale « les 3/4 seraient le fait de bactéries multirésistantes aux antibiotiques »
Et le phénomène ne fait que commencer (d'autres cas de résistance aux antibiotiques apparaissent).
La France montre le mauvais exemple, mais elle n'est pas la seule.
« Dans le monde, près de la moitié des médicaments ne sont pas utilisés à bon escient. »
Les experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont émis des avertissements sérieux : « promouvoir l’usage rationnel des médicaments, c’est sauver des vies et faire des économies ». Ils rappellent les graves conséquences de la surconsommation actuelle : événement indésirable médicamenteux (EIM), prolongation des maladies et même, dans certains cas, le décès.
De surcroît, les dépenses encourues par les individus comme par les gouvernements sont inutiles et parfois extrêmement élevées, notamment dans les pays en développement où les médicaments sont souvent à la charge des patients.
Les pouvoirs publics ont engagé des actions, en particulier l'élaboration d'"Accords de bon usage du médicament (Acbus)" mais, selon la Cour des Comptes, en septembre 2005, (extrait de l'article de "Pharmaceutiques" d'octobre 2005) "seuls 11 des 14 Acbus élaborés au 30 mars 2005 ont été mis en œuvre". Pour la Cour, "ces accords ne peuvent présenter un intérêt qu’à partir du moment où, à l’image de l’Acbus sur le test de diagnostic rapide de l’angine, ils s’insèrent dans un dispositif complet de changement des comportements".
Du côté des professionnels de santé, la Cour relève deux insuffisances majeures à propos de l’information sur les bonnes pratiques. ... Du côté des assurés, les progrès de l’information diffusée par l’assurance maladie aux assurés sociaux sont jugés « lents ».
Et « dans les faits, les engagements pris par les professionnels de santé n’ont quasiment jamais été tenus ».
Voir à ce sujet le document du Sénat PLFSS 2006 qui couvre un champ très large. Sur le point des Acbus, l'extrait du tableau est clair :
"Objectifs et résultats de la maîtrise médicalisée conventionnelle"
objectifs | Prévisions tous régimes en 2005 | |
---|---|---|
Accord de bon usage de soins (Acbus) | 55 | 0 |
Des médecins et des pharmaciens du canton de Fribourg, en accord avec quatre caisses d’assurance maladie, ont lancé en 1997 le projet pilote des « Cercles de qualité médecins-pharmaciens pour la prescription de médicaments ».
Ce travail d’équipe, qui a duré deux années, avait pour but :
Dix cercles de qualité médecins-pharmaciens se sont rassemblés régulièrement en séances de travail pour étudier les effets thérapeutiques des médicaments en vue d’améliorer la qualité des soins et de trouver des solutions plus économiques ensuite.
Cette expérience suisse a montré que le travail en commun des professionnels de santé de toutes disciplines pouvait ouvrir la voie à l’amélioration de la qualité des soins tout en diminuant leur coût pour la société, et en particulier en réduisant le nombre de médicaments prescrits.