Villa Mairea - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

La forme définitive

Bien que les modifications des plans soient intervenues après les travaux de fondation, elles apportent néanmoins une simplification et une cohérence dans l’organisation spatiale qui faisaient pratiquement défaut dans la « proto-Mairea ».

L’entrée s'ouvre sur un petit dégagement, puis on accède par une porte en enfilade dans un hall largement ouvert en contrebas de quatre marches du reste de la maison. Il y a bien un accès dans l’axe de la table de la salle à manger derrière, mais l’axialité reste incertaine grâce à l’asymétrie faite par un écran de poteaux et un mur courbe arrivant à mi-hauteur, ce qui crée une articulation aux contours informels entre le séjour et la salle à manger. L’espace est orienté par le mur bas qui part depuis le coin en face de la cheminée en enduit blanc, ce qui invite naturellement à monter vers le séjour. D’autres relations en diagonale sont mises en place : entre le studio-bibliothèque privé de Harry Gullichsen et le jardin d’hiver (qui sert à Maire pour ses arrangements floraux et d’où un escalier mène directement à son studio) ; et entre l’escalier principal et les baies vitrées du séjour vers lesquelles les yeux ne peuvent s’empêcher de chercher la lumière dès qu’on s’écarte du faisceau de poteaux verticaux masquant l’escalier.

Le séjour très ouvert est structuré autour d’une trame rectangulaire dont les dimensions sont ajustées en fonction de la disposition des chambres à l’étage supérieur.
C’est ici un contraste avec les pratiques conventionnelles Modernistes illustrées par le travail de Le Corbusier en comparaison avec la composition spatiale sophistiquée du rez-de-chaussée. Aalto varie les dimensions de la trame dans les deux directions, et les poteaux métalliques à section circulaire sont disséminées au hasard. Parfois ils sont sanglés de lamelles de bois ou noués avec du rotin. Dans la bibliothèque un des trois poteaux est arbitrairement traité en béton (les premières esquisses le montrent aussi comme une forme libre en plan). Aalto s’efforça le plus possible de brouiller tout aspect strictement géométrique de l’organisation structurelle et spatiale à tel point qu’en lisant les plans on est surpris de découvrir qu’ils obéissent à une série de carrés.
C’est ici aussi un contraste avec Mies van der Rohe pour qui la trame n’était conçue que comme le contrepoint régulier de la disposition spatiale indépendante du plan libre.

Quoique cette géométrie fasse partie de la discipline très formelle qui sous-tend par endroit la composition spatiale, et qu’elle soit emblématique de la maison Moderne « idéale », c’est seulement dans la salle à manger que peut être détecter cet ordre sous-jacent. La pièce elle-même est en plan composée de deux carrés accolés, et les trois carrés de la surface de service sont centrés sur elle : le dispositif est entièrement approprié à l’activité de dîner et de festoyer, et ceci peut être interprété, comme Klaus Herdeg le soutient, comme l’incarnation dans l’architecture des traditions sociales de la bourgeoisie. Harry Gullichsen en tant que maître des lieux occupe l’extrémité de la table, face à l’entrée. De là il a une vue panoptique sur l’entrée, et au-delà sur la forêt de pins à travers les fenêtres à claire-voie au-dessus du vestibule, mais aussi en diagonale, à travers tout le séjour. Madame Gullichsen occupe tout naturellement la place à l’autre extrémité de la table, idéalement située près des aires de service et de la cuisine, d’où, comme Herdeg l’écrit, elle « peut contempler la silhouette de son mari se détacher sur la cheminée asymétrique de la salle à manger, tandis qu’à travers la fenêtre elle peut apercevoir le sauna, la piscine, l’enclos du jardin et au loin la pinède — éléments naturels ou traditionnels. »

Le toit plat de la salle à manger se prolonge pour venir couvrir une terrasse qui relie de son toit irrégulier le petit sauna en bois. La terrasse est agrémentée d’un coin où faire du feu qui est adossé à la cheminée de la salle à manger, et qui est surmonté d’un escalier en pierres rustiques montant à une plate-forme en bois posée sur le toit.

En comparaison avec la sophistication spatiale du rez-de-chaussée, le premier étage ressemble plutôt à un strict assemblage de chambres privatives. L’escalier principal arrive dans un hall d’étage intimiste, avec sa propre cheminée directement placée sur celle de l’étage inférieur. Les chambres de monsieur et madame Gullichsen sont disposées de part et d’autre de la bande salle de bain dont le plafond est légèrement en pente avec des évents pour l’air conditionné. Le hall de cet étage se termine par une ligne tout en courbe. Les trois chambres de enfants s’ouvrent sur un large couloir faisant office de salle de jeux, équipé de barres murales pour faire sport. Leur fenêtres sont des baies formant une avancée en oblique sur la façade, qui apparaissent plutôt comme des volumes rajoutés dessus que comme des ouvertures pratiquées dans le mur. L’angle qu’elles font avec le nu de la façade indique l’entrée de la villa. Les chambres des invités dont disposées sur le côté d’un étroit couloir et donnent sur la forêt grâce à des fenêtres toute hauteur, la façade de l’aile des invités restant alors aveugle sur le jardin.

Page générée en 0.088 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise