Abbaye de Bellebranche - Définition

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Histoire

L'abbé de l'Abbaye de Louroux en Anjou, envoya, en 1150, une petite colonie de moines cisterciens au lieu dit de Bellebranche, situé dans le Haut-Anjou mayennais. L'établissement devint définitif par la donation de Robert III de Sablé le 27 juillet 1152.

Robert IV de Sablé, à l'occasion de la mort de Clémence de Mayenne, sa femme, et de son départ pour la Terre Sainte (1190), confirma et augmenta les donations paternelles.

Notre-Dame de Bellebranche, 389 fondation de l'Ordre de Citeaux, fut approuvée par les papes Alexandre III (1165), Urbain IV (1264), Clément IV et Boniface VIII.

On mentionne parmi les privilèges des religieux, celui de se choisir un abbé et un prieur; ils eurent soin de se faire confirmer dans ce droit, en 1498, par Louis XII. L'abbaye fut en peu de temps la plus riche des maisons cisterciennes de l'Anjou et du Maine, grâce aux libéralités des seigneurs de Sablé, de Château-Gontier, de Laval, de Craon, de Sillé, Anthenaise, de Rohan.

Le domaine de l'abbaye

Autour de leur monastère, les religieux avaient créé 7 étangs, 2 magnifiques bois de haute futaie, sans compter les bois taillis du Fourneau, des Nortrons, et les Grands-Bois ; ils avaient planté 53 quartiers de vigne en trois clos, aménagé 10 métairies en Saint-Brice et Beaumont, dont ils possédaient la seigneurie paroissiale.

50 métairies et de beaux fiefs dans la sénéchaussée de l'Anjou, le fief et le manoir de la Gaulerie en Chemiré-sur-Sarthe, trois métairies à Brissarthe, la terre de Cernée, avec maison abbatiale et chapelle, à Écouflant, celle de Châteauneuf-sur-Sarthe, un hôtel à Angers, etc... composaient au XVe siècle le domaine de Bellebranche. Toutes ces possessions éloignées, mises à ferme, étaient d'ailleurs d'un petit rendement pour la maison : « Elles ne sont trop suffisantes, disent les moines au XVe siècle, pour l'entretenement de nostre abbaye et couvent, à l'aliment et vestement de nous qui suismes en nombre XXXV religieux, et faire les aumosnes aux pauvres qui se trouvent en grand nombre de jour en jour, mesme quand est temps de stérilité. »

« Une mieche de la forme et ordonnance du couvent » était en outre distribuée à tous les pauvres, le premier mardi de carême, et un dîner avec une aumône honnête servi le jeudi-absolu à toutes personnes qui se présentaient et qui voulaient avoir « autant comme un religieux de l'abbaye ».

Les offices claustraux, priorat, sous-priorat, chanterie, sacristie, cellerie, procure, aumônerie, infirmerie, avaient chacun leur dotation particulière.

Guerre de Cent Ans

La publication du Père Denifle sur la Désolation des églises de France confirme les détails déjà donnés sur l'état de dévastation de l'abbaye dans la première période de la guerre de Cent Ans. Couvents, maisons, édifices, résidences, presque tout avait été saccagé, brûlé pendant les guerres par les ennemis du roi et du royaume. Les revenues étaient tellement réduits qu'ils ne pouvaient qu'à peine suffire à l'entretien des religieux, la moitié de l'année, et rendaient impossible la restauration de l'abbaye si le pape n'y subvenait.

L'abbaye de Bellebranche du XIVe au XVIe siècle

L'abbaye quitta au XIVe siècle la stricte observance des Bernardins pour acceptéer la règle mitigée, dite Clémentine, qui réduisait l'abstinence à 4 jours par semaine.

Un collège établi rue du Godet à Angers, près du chevet de l'église Notre-Dame, donnait aux jeunes religieux toute facilité pour suivre les cours de l'Université, et pouvait même servir d'asile à la communauté en temps de guerre. Ce n'était pas une précuation inutile : une lettre de Charles V, du 4 avril 1365, atteste que les religieux ont perdu « par les ennemys qui longuement ont esté et sont encore au païs, et par la prise du chastel de Sablé, croix, calices, sanctuaires, livres et ornements, blé, vin, avoines; et aussi par ceulx qui prisrent le fort de Saint-Brice qui est près de leur abbaye, au quart de lieue, qui par plusieurs fois les ont mys à très grans et excessives rançons et ont arses et détruictes leurs maisons, manoirs, mestayries et granges ».

Les lettres de sauvegarde que les religieux achetèrent des Anglais en 1433, et sans doute les années précédentes et suivantes, n'empéchèrent pas les bandes de ruiner presque complètement l'abbaye. La paix revenue par l'expulsion des ennemis du dehors, Jean d'Hierray, évêque du Mans, voulut s'occuper de la restauration du monastère. Il avait le droit d'y faire visite en vertu d'un règlement, intervenu vers 1320, entre le cardinal Arnaud et l'abbé de Citeaux, en annonçant son arrivée, par une lettre dont les termes avaient été longuement discutés : « Significamus vobis, vestrum monasterium intendimus declinare ; unde pro nobis, nostra familia et equitatura nostra generose providere curetis ».

Jean Rocher, abbé de Bellebranche en 1451, malgré ce droit incontestable, n'en avait pas moins manifesté l'intention de fermer la porte du couvent à l'évêque ; il eut au moins le bon esprit de reconnaître sa faute et d'aller trouver Jean d'Hierray à Sablé pour lui faire ses excuses (1451). Deux commissaires envoyés par l'évêque à Bellebranche trouvèrent l'église « toute découverte, les autels renversez, les clîtres rompus, une partie des dortoirs brulez, et tous les riches sépulchres des seigneurs de Sablé et de Chasteau-Gontier, fondateurs et bienfaicteurs de cette abbaye, brisez et mis en pièces ; de sorte qu'il n'estoit resté que quelques logements pour l'habitation de cinq ou six religieux. » Pendant cette période calamiteuse, les religieux s'étaient retirés au château de Sablé. Jean d'Hierray supplia avec larmes l'abbé d'employer une partie de ses revenus à relever le monastère de ses ruines et d'y faire refleurir l'ancienne discipline.

La commende introduite à Bellebranche un siècle plus tard (1552) compromit comme partout l'esprit religieux de l'abbaye. Elle eut à souffrir à la fin du XVIe siècle, plus qu'aucune autre, des troubles et de la guerre civile. Pillée par les Huguenots, dès 1567, et par le féroce René de la Rouvraie qui fit pendre plusieurs religieux, prise et reprise par tous les partis, elle ne sortit de cette période désastreuse que gravement compromise même dans son existence.

L'abbaye de Bellebranche aux XVIIe et XVIIIe siècles

Aussi, quand Henri IV eut fondé le collège de La Flèche, songea-t-il à lui annexer la mense abbatiale. Il y eut résistance ; mais cependant, après la résignation de François de Donadieu, le pape Paul V promulgua le décret d'union dans une bulle du 11 juin 1607, en faveur du collège des pères jésuites, « dont le zèle, la science, les aptitudes pour l'enseignement devaient procurer une éducation chrétienne et solide à la jeunesse de la ville et du royaume ». Le monastère ne devait donc plus être gouverné désormais que par un prieur triennal. Dès l'année suivante (1608), le roi voulut, pour compléter le revenu qu'il avait promis à son collège, supprimer même la mense conventuelle. Ce projet souleva une véritable tempête ; le roi dut écrire à M. de Brèves, son ambassadeur à Rome, de faire arrêter l'expédition du bref ; mais en même temps, il manda à Paris Nicolas Boucherat, abbé de Citeaux, et lui fit accepter en échange de Bellebranche l' Abbaye de la Buxière, au diocèse d'Autun (26 juin 1609). L'opposition vint alors des religieux, qui portèrent plainte devant l'official du Mans et appelèrent comme d'abus au Parlement. Ils eurent gain de cause, prirent même à bail des Jésuites la mense abbatiale; ils reçurent des novices comme par le passé, et leur nombre s'éleva encore jusqu'à 30 profès, sans compter les convers.

Ils n'étaient plus que quatorze, et la maison criblée de dettes, en 1683. Pour se soustraire à la réforme qu'exigeait le général de l'Ordre, et menacés d'être transférés dans un autre monastère, ils traitèrent avec les Jésuites, qui promirent une pension au prieur, Jean du Hardas Blason famille du Hardas.svg , ainsi qu'aux autres religieux (11 février 1684). Le 23 mars 1684, l'abbé de Chaloché et le prieur de l'Abbaye de l'Épau vinrent au nom des supérieurs protester contre cette convention, et le Conseil privé devant lequel l'affaire fut portée unit la mense conventuelle au collège (arrêt du 26 octobre 1686), à charge par lui de payer toutes les dettes, d'entretenir le monastère, d'acquitter les fondations et d'assurer une rente aux religieux. Ceux-ci, dans l'acte passé devant François Ivert, notaire à Grez-en-Bouère, par lequel ils acceptaient les conventions précédentes, se réservaient le droit de faire chasser sur les terres de l'abbaye et d'y nourrir chacun un cheval. Ils continuèrent d'habiter une partie du couvent, sauf le Père Jean du Hardas qui devint intendant du marquis de Sablé; le reste du couvent était à la disposition des Pères Jésuites comme maison de campagne.

Ont dit que Jean-Baptiste Gresset y composa Le Lutrin vivant (1734), ce que rend vraisemblable l'allusion à la fête patronale de saint Brice.

Six chapelains remplacèrent les derniers religieux ; les Doctrinaires succédèrent aux Jésuites, à Bellebranche comme à La Flèche ; puis la Révolution acheva l'œuvre de destruction.

Quelques insermentés furent internés dans les vieux bâtiments en attendant qu'on les réunît à leurs confrères, à Laval. Les derniers chapelains refusèrent aussi le serment schismatique. L'un d'eux, Joseph Lemercier fut enfermé à Patience, transporté à Bordeaux, arrêté de nouveau le 18 janvier 1798, et détenu à l'Abbaye Notre-Dame d'Évron. Un autre, François-Anne Gouzay, arrêté par les gendarmes le 4 mars dans le pays de Saint-Loup qu'il évangélisait, enfermé à Patience, transporté à Rambouillet, mourut au Mans. Le 2 décembre 1794, les Chouans, qui s'étaient casernés dans la maison abbatiale, furent attaqués par la garnison de Sablé; l'affaire fut chaude et les pertes sensibles de chaque côté.

La vente nationale du domaine de Bellebranche eut lieu le 19 février 1793, celle de l'église le 1er juin 1794.

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