Abbaye de Cîteaux - Définition

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Le Chapitre général cistercien

Folio de la Bible de Étienne Harding, 1110, 44 x 32 cm, Dijon, bibliothèque.

Le premier Chapitre général a lieu en 1119. Il se tient sous la présidence d’Étienne Harding, qui continue à les présider jusqu’en 1134. Le nombre croissant de capitulants atteste de la rapide croissance de l’ordre, même si, dans les débuts, les abbés des maisons éloignées sont dispensés de s'y rendre chaque année. S’ils ne sont que 10 abbés en 1119, ils s'en compte soixante-dix en 1134 et deux cents en 1147. Aux XIIe siècle et XIIIe siècle le nombre de capitulants aurait pu être de l’ordre de trois cents. Le nombre de 600 participants dut être atteint en comptant maîtres et familiers en 1605, 400 en 1609, 200 en 1667. Pour l'année 1699, le détail suivant est donné dans l’article de Martine Plouvier : 116 maîtres, 187 familiers et 240 chevaux, et enfin pour 1738 : 130 maîtres, 160 familiers et 180 chevaux.

La durée des sessions n’excède pas cinq jours. Le Chapitre général joue un rôle déterminant dans la conduite des affaires. Il gère le présent et pense l’avenir. Ses délibérations portent sur les grands intérêts généraux de l'ordre, et il doit souvent intervenir pour rappeler le principe de l'uniformité.

Le gouvernement de l’ordre, qui s'étend du Portugal à la Suède, de l'Irlande à l'Estonie et de l'Écosse jusqu'en Sicile, devient une affaire complexe. Il est nécessaire de mettre en place un comité exécutif restreint, le « Definitorium », institué par le Chapitre général de 1197. Sa composition et l’étendue de ses pouvoirs sont à l’origine de graves dissensions entre l’abbé de Cîteaux et les abbés de La Ferté, de Pontigny, de Clairvaux et de Morimond, les quatre premiers pères. En 1265, au plus fort du conflit, le pape Clément IV doit intervenir pour mettre un terme à cette lutte de pouvoir, en proclamant la bulle « Parvus fons », plus connue chez les cisterciens sous le nom de « Clementina ». Les dispositions proposées par le pape pour la désignation et le choix de ses membres ne satisfont pas les premiers abbés, qui estiment qu’elles accordent trop de pouvoirs à l’abbé de Cîteaux. Il faut la médiation du légat du pape, le cardinal-prêtre de San Lorenzo, ancien abbé de Cîteaux, pour parvenir à un compromis appelé : l’« Ordinato cardinalis Sancti Laurentii » (ordonnance du cardinal de San Lorenzo), proposant de nouvelles modalités de désignation des membres, et accepté par le Chapitre général et le pape. En 1265, la composition officielle du « Definitorium » est fixée à vingt-cinq membres appelés les définiteurs. Les décisions prises lors de ces assemblées sont rapportées dans des registres appelés « statuta, instituta et capitula ».

Les difficultés inhérentes à l'éloignement des participants, les conjonctures difficiles — dissensions et querelles internes (guerre des Observances, par exemple) ou à des événements externes à l’ordre —, font que le Chapitre général perd une partie de son intérêt et connait une forte désaffection de la part des abbés dès la fin du XIIIe siècle. L'abstentionnisme est alors de mise.

La tenue des chapitres est même suspendue pendant les grands événements, tels le Grand Schisme (1378-1417) opposant le pape d'Avignon au pape de Rome, les guerres, les épidémies ou autres fléaux. Il perd sa périodicité annuelle. Les réunions s'espacent régulièrement à partir de 1546 ; on n'en compte que six de 1562 à 1601. Treize chapitres ont lieu au XVIIe siècle et cinq seulement au XVIIIe siècle. Le dernier précédent la Révolution se tient en 1785.

Les débats se tiennent dans la salle capitulaire, grande salle carrée de 19 m de côté, pouvant accueillir environ trois cents sièges.

Le Chapitre général n’attire pas que les abbés. Les puissants désireux d’exprimer leur attachement et leur dévouement à l’ordre rendent visite aux abbés lors de leurs assemblées. Des papes, des rois, des princes, des prélats y siègent. Louis le Gros assiste au Chapitre général de 1128, le pape Eugène III préside celui de 1147 (ou 1148). Louis VII dit le jeune et le duc de Bourgogne Hugues III sont à Cîteaux en 1164. Le 16 septembre 1244, l’abbé général reçoit Louis IX, la reine, sa mère la reine Blanche de Castille, ses frères dont le comte de Poitiers Alphonse, le comte de Flandre Thomas II de Piémont, le duc Hugues IV de Bourgogne et six comtes de France.

Le chapitre de l’ordre de Saint-Michel, du 10 juin 1521, est présidé par François Ier, le roi étant accompagné de sa mère, Louise de Savoie, et de nombreux chevaliers. Le roi Louis XIV honore le monastère de plusieurs visites. D’abord en 1648 (ou 1649) où, reçu par dom Vaussin, il assiste au Chapitre général, puis le 12 avril 1650 accompagné d’Anne d’Autriche, du cardinal Mazarin et d'autres seigneurs, et à nouveau en 1683, accompagné de la reine Marie-Thérèse, alors qu’il visite le camp retranché de Saint-Jean-de-Losne. C’est à cette occasion qu’il fait don de la plus grosse des huit cloches de la basilique.

La tenue des Chapitres généraux à Cîteaux confirme l'abbaye dans sa position à la tête de l’ordre. En 1491, l’abbé de Cîteaux est reconnu comme chef d’ordre par 3 252 monastères. Il est le seul à posséder le droit de présider le Chapitre général. C'est aussi le plus grand personnage du clergé régulier en Europe et l'un des plus grands de l'Église de France. L'abbé Jean de Cirey, 46e abbé de Cîteaux, est élevé par Louis XI en 1477 à la dignité perpétuelle de premier conseiller né en son parlement de Bourgogne, en remerciement de sa célérité à se rallier au nouveau maître de la Bourgogne.

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