Abbaye de la Crête - Définition

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La Crête, seigneur foncier et acteur de l'aménagement rural au Moyen Âge

Beaucoup de seigneurs ont concédé des terres en friches, que les moines devaient par la suite défricher et mettre en culture par l'intermédiaire des convers et de salariés, mais aussi par la perception de cens (loyers de la terre) versés par les paysans locaux. D'après les textes, les moines cultivaient de l'avoine et du blé pour la fabrication de leur pain. Les légumes devaient être produits à l'intérieur même du monastère, dans les jardins.

Les moines se livraient à l'élevage, notamment de porcs, sur des prés (dont on ignore la superficie) situés principalement dans les vallées de la Marne et du Rognon et dans la région actuelle du Bassigny. L'abbaye possédait également des forêts, convoitées pour les terrains de pâture qu'elles offraient aux animaux, les fagots pour le chauffage, le charbon pour les forges et les bois pour la construction.

Les moines de La Crête ont reçu aussi des droits de pêche dans le Rognon et la Marne. Ils pouvaient ainsi tirer de la rivière les poissons nécessaires à leur alimentation, mais également utiliser l'eau pour actionner les roues de leurs moulins et les marteaux de leurs forges, ou irriguer leurs terres.

Les vignes possédées par La Crête aux XIIe et XIIIe siècles ont toutes disparues aujourd'hui. Elles se situaient en majorité sur les versants des vallées du Rognon, de la Marne, de l'Aube et de l'Aujon et devaient être modestes au vu des redevances en muids de vin. Les moines semblent s'être eux-mêmes chargés des vendanges car ils possédaient un pressoir (d'après un document de 1228).

A la fin du XIIIe siècle, l'abbaye de La Crête possédait des maisons dans les campagnes, disséminées dans 9 villages (Roôcourt-la-côte, Bourdons, Cirey-les-Mareilles, Forcey, Ageville, Reclancourt, Donnemarie, Moyenvic) et dans les villes (à Chaumont, Toul, Bar-sur-Aube). A Chaumont, deux maisons devaient servir de refuge aux moines en cas de problèmes et à Bar-sur-Aube, l'une d'elle était un bureau de péage qui rapportait certainement d'importants revenus notamment pendant les foires.

L'essor de l'exploitation du sel correspond à la reprise commerciale du XIIIe siècle et à la poussée démographique, qui a nécessité l'augmentation de certains produits de consommation, notamment du sel, seul moyen de conservation des aliments. La Crête possèdait au moins 20 places et poêles à sel à Moyenvic, dans le Saulnois, à l'est de Pont-à-Mousson.

L'abbaye a reçu également deux forges, à Wassy du comte de Champagne Henri le Libéral et dans la forêt de Mathons du seigneur Geoffroy de Joinville, situées dans la vallée de la Blaise et de la Marne (une des trois grandes régions de l'industrie métallurgique champenoise au Moyen Âge). Une grande partie de la production de ces forges devait être utilisée sur place en outils de culture et en matériau de construction. Une partie aussi devait être livrée sur le marché régional.

La Crête perçoit aussi des impôts sur les paysans, sous forme de cens légués à perpétuité, payés annuellement à différents moments de l'année à l'occasion de fêtes religieuses. Elle reçoit à la fin du XIIIe siècle des redevances sur 9 moulins : Harven, Chantraines, Cornet, Mennouveaux, Cuves, Forcey, Lanques, Colombé la Fosse, et Rimaucourt. A l'exception de Chantraines, tous ces moulins sont situés sur des ruisseaux et utilisent l'énergie hydraulique. Au vu des redevances perçues par l'abbaye, ce sont des moulins à grains. Mais celui de Harven permet la frappe des métaux et le travail du fer. Enfin, les moines de La Crête devaient percevoir des revenus sur les paysans venus faire sécher leurs grains et cuire leurs pains dans les 4 fours de l'abbaye, à Chantraines, Bettoncourt, Roôcourt et Forcey.

Au vu des documents, il apparaît que l'abbaye de La Crête assurait la justice dans certaines campagnes et forêts. Le monastère y plaçait ses forestiers et percevait ainsi les ressources issues des amendes. Comme n'importe quel seigneur, les moines ont eu intérêt à créer des nouveaux villages, qui offraient l'occasion de faire venir des paysans pour mettre en valeur de nouvelles terres et payer ainsi de nouveaux impôts. La Crête participe à la naissance de trois villages hauts-marnais : Chantraines en 1224, Bourdons-sur-Rognon en 1241 et Consigny en 1258.

L'importance qu'acquit l'abbaye lui permit de fonder elle-même quatre « filles » dont une en Castille :

  • Saint-Benoît-en-Woëvre, au diocèse de Metz, en 1132.
  • Vaux-en-Ornois, au diocèse de Toul, en 1133.
  • les Feuillants au diocèse de Toulouse, en 1169.
  • Matallana, au diocèse de Palencia en Espagne, en 1174.
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