Abbaye | |
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Latitude Longitude | |
Pays | France |
Région | Champagne-Ardennes |
Département | Haute-Marne |
Ville | Bourdons-sur-Rognon |
Culte | Catholique romain |
Type | Abbaye |
Rattaché à | Ordre cistercien |
Début de la construction | 1121 |
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L’abbaye de la Crête, ou anciennement La Chreste, est une abbaye cistercienne fondée en 1121 par le seigneur de Clefmont et des moines venus de l'abbaye de Morimond dont elle est la deuxième fille. Elle est située sur le territoire de Bourdons-sur-Rognon en Haute-Marne, à 30 km au nord-est de Chaumont dont elle est très écartée, dans la vallée de la petite rivière du Rognon.
Le nom de La Crête semble devoir venir du mot latin crista, au sens de cîme, de faîte; certains auteurs avancent une autre hypothèse : un nom dérivé de Christ.
Au XIe siècle, il existe déjà au lieu-dit « la Vieille Crête » un bâtiment qui avait été remis à l'ordre de Cîteaux. Un groupe de moines cisterciens, parti de Morimond, en prit possession vers 1118, mais ils trouvèrent le site peu favorable au développement d'un monastère et on décidèrent alors de faire appel à la piété des seigneurs du pays pour construire une nouvelle abbaye, à quelques centaines de mètres en aval de la Vieille Crête. C'est en effet le seigneur de Clefmont, Simon II, qui offrit le site au bord de la petite rivière du Rognon, aux moines de Morimond - site conforme au modèle cistercien : un site sauvage, à l'écart du monde, du commerce des hommes et à proximité d'une rivière pour assurer l'autonomie complète du site. Celui de La Crête est certainement l'un des plus beaux du monde cistercien et on peut ainsi rejoindre Jean-François Leroux : « le paysage de la Haute-Marne profonde semble intrinsèquement cistercien et on peut rêver d'un itinéraire de redécouverte de tous ces hauts lieux médiévaux ; ceux qui le suivront seront hors du temps. »
Baudoin, moine de Morimond et frère du seigneur Gui de Bonnecourt est alors nommé 1er abbé de La Crête et s'y installe avec douze de ses frères religieux, pour y construire la future abbaye. On sait que les religieux travaillaient à la construction du monastère, mais les moines de La Crête ont fait appel à des ouvriers salariés qui ont laissé leurs marques de tâcherons sur diverses pierres sculptées retrouvées sur le site. Faute de documents (seul subsiste un plan de 1705 de l'abbaye), on ignore la chronologie précise de la construction des différents bâtiments. Il semble que l'église ait été construite la première, avant 1150, car son plan est très proche de celui de l'abbaye de Clairvaux construite entre 1135 et 1150.
Au XVIIe siècle, une légende entoura l'abbaye, selon laquelle on y aurait retrouvé le tombeau de Mérovée, second roi des Francs saliens. Cette chronique, conservée dans les manuscrits Mathieu de la bibliothèque diocésaine de Langres, n'est qu'une pure invention due apparemment à l'imagination fertile d'un moine qui a voulu donner une antique et vénérable origine à l'abbaye!
La Crête est fondée en 1121 sous le règne du roi capétien Louis VI le Gros, dont le pouvoir est encore faible, sur un domaine royal peu étendu autour de Paris et d'Orléans. Le reste du royaume est aux mains de seigneurs, parfois très puissants, vassaux du roi mais qui ne lui obéissent guère. L'abbaye de La Crête se situe dans une région-frontière où le comte de Champagne est sans cesse en alerte, subissant tantôt la poussée du roi de France, tantôt celle des ducs de Lorraine (qui dépendent du Saint Empire Romain Germanique). Elle va ainsi profiter de ces rivalités pour obtenir une aide précieuse des comtes de Champagne (création de villages) et des ducs de Lorraine (sauf-conduits pour leurs terres).
Sur le plan religieux, l'expansion économique engendre la montée d'une culture et d'une société profanes, ce qui provoque une double réaction : le refus total et le retrait au désert, alors que d'autres prennent leur parti des changements. Toutes les expériences de ce temps ont été marquées par la volonté de revenir à la pureté originelle du christianisme et de se conforter au Christ de l'Évangile. C'est dans ce contexte que se développe le monachisme bénédictin qui connait sa plus grande splendeur entre la fin du XIe siècle et les premières décennies du XIIe siècle. L'exceptionnelle expansion des monastères clunisiens aux Xe et XIe siècles avec en corollaire leur enrichissement et l'abandon progressif de la règle édictée au VIIe siècle par Saint Benoît (prière et travail) déclenche l'apparition de nouveaux ordres monastiques, entre autres les Prémontrés, les Chartreux et les Cisterciens. La réforme cistercienne est partie de l'abbaye de Molesme, lorsqu'en mars 1098, l'abbé Robert, à la tête d'une petite équipe de moines, part fonder un nouveau monastère au sud de Dijon : Citeaux. Après quelques années difficiles et le retour de Robert à Molesme, remplacé par l'anglais Etienne Harding, l'essor du nouveau monastère débute en 1112, avec l'arrivée du jeune Bernard de Clairvaux accompagné d'une trentaine de parents et de compagnons. Les premières fondations cisterciennes ont lieu à La Ferté en 1113, Pontigny en 1114, Clairvaux et Morimond en 1115, cette dernière étant l'abbaye-mère de La Crête.