Le mouvement français pour le planning familial (MFPF) soutient, notamment par son collège des médecins du Planning familial, l’accouchement sans douleur. D’autres organisations, comme le syndicat des métallurgistes de la région parisienne (qui finance la polyclinique des Bluets), l’Union des femmes françaises (UFF, issue de la Résistance), soutiennent également cette méthode.
Les premiers cours sont donnés en France à la polyclinique des Bluets, financée par la Maison des Métallos. Louis Dalmas filme un accouchement sans douleur en 1954. L’arrivée de ces techniques accessibles à toutes, qui libèrent la femme de la douleur et de ce qui semblait une fatalité, est considérée comme une révolution, encore aujourd’hui. De plus, les cours de préparation donnent aux femmes une réelle connaissance de leur corps et des processus qui s’y déroulent.
Le succès de la méthode (la clinique avance le chiffre de 70 % d’accouchements indolores) est encouragé par des crédits de la municipalité de Paris. Le PCF orchestre une mobilisation de masse, puis fait une proposition de loi en 1953, votée en 1956 et effective en 1959, par laquelle la Sécurité sociale prend en charge les neuf séances de préparation à l’accouchement. En 1966, la moitié des parturientes sont considérées comme préparées en France ; la proportion est de seulement 25 % en 1972, et reste entre 20 et 30 % jusqu’au début des années 1990.
L’accouchement sans douleur reçoit aussi un certain soutien du côté de la presse féminine protestante, qui s’éloigne de la vision d’une femme devant nécessairement se sacrifier.
Bien plus, la méthode soviétique (PPO) est portée dans le monde entier par les mouvements marxistes mais aussi et surtout par le mouvement d’émancipation féminine des années 1950 et de libération sexuelle des décennies suivantes.
L’ANEA, issue du MFPF et rassemblant des sommités du monde médical français (dont quatre prix Nobel), après avoir soutenu la diffusion de l’ASD, milite par la suite pour l’autorisation de la contraception (soutien à la loi Neuwirth) et la légalisation de l’avortement (loi Veil).
Les préparations à l’accouchement, ASD sous un autre nom, se sont généralisées et développées à la suite de la diffusion de l’ASD. Leur efficacité est par contre difficile à mesurer. Elles incluent parfois une préparation psychologique, pour aider les parents à faire face aux doutes et aux souffrances psychiques qui resurgissent au moment de l’arrivée d’un enfant ; elles se sont diversifiées, parfois en adoptant une forme plus adaptée à la culture des mères (comme l’arbre à palabres de la professeure Egullion pour les mères d’origine africaine). Diverses méthodes reprennent des éléments de la méthode Lamaze, dont la méthode Leboyer conçue par le gynécologue français Leboyer.
Il s’avère par contre que les théories neurophysiologistes sur lesquelles s’appuyaient les concepteurs de l’ASD étaient fausses, ce qui n’enlève rien à l’efficacité de la méthode.
Dans les pays occidentaux, le rapport entre la mère et l’équipe médicale a changé depuis cette époque : désormais, l’accouchement, non seulement se fait dans l’intimité, mais la mère décide à chaque étape de l’accouchement : accouchement sans médication, sous péridurale, césarienne, etc., ayant ainsi pleinement le contrôle de son corps. Certains gynécologues de renom, comme Bernard Jamain, apportent un bémol à cette vision : pour eux, c’est bien le médecin obstétricien qui décide seul au cours de l’accouchement. La méthode de l’ASD est aussi en grande partie à l’origine de l’introduction des pères dans la salle d’accouchement.
L’accouchement sous anesthésie péridurale, réapparu en 1972 (remboursé depuis 1999 en France) a succédé à l’ASD dans la diminution ou la suppression de la douleur (50 à 60 % des accouchements), même s’il n’est pas efficace non plus pour toutes les femmes : alors qu’elles peuvent ressentir la douleur, elles perdent la sensation du bébé qui passe et qui sort.