Astruc de Sestier, né vers 1370 à Aix-en-Provence et décédé vers 1439 à Aix-en-Provence, est un médecin juif d’Aix-en-Provence, révélé comme le meilleur bibliophile de son temps.
Astruc de Sestier est le fils de Mosse Abram. Il n’a jamais rien écrit, mais enseigne dans les monastères. Il est plutôt riche et prête de l’argent, comme le prouvent des reconnaissances de dettes importantes de janvier 1414 à janvier 1435. Astruc de Sestier est surtout connu comme médecin juif d’Aix-en-Provence, révélé comme le meilleur bibliophile de son temps.
En Occident, la médecine est très dépendante de l'église catholique qui dirige les hôpitaux, asiles et léproseries et régit l'enseignement dans les universités.
En France, des facultés de médecine sont créées à l'université de Montpellier en 1220, de Toulouse en 1229. De nombreux interdits concilaires existent concernant les juifs, depuis celui de Béziers (1246) et différentes interventions d’autorités laïques, telle que celle de Charles II de Sicile pour la Provence. Elles freinent l’exercice de leur profession en interdisant aux chrétiens de faire appel à eux.
Toutefois, ces interdits sont, en réalité, peu respectés car la clientèle chrétienne est fréquente. Astruc de Sestier, médecin juif aixois a autant de clientèle chrétienne que juive. Il est même assisté d’un barbier chrétien. Il soigne en 1421 un moine de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille.
Mais, les autorités font preuve de plus grande intolérance : un acte du 7 novembre 1421 fait état d'un procès le condamnant pour avoir eu des relations sexuelles avec une chrétienne. Astruc de Sestier est condamné à la prison à Tarascon, où il reste longtemps et à une amende de 100 marcs d'argent.
On peut parler de collection-modèle du chirurgien juif aixois Astruc du Sestier, dressée après les turbulences meurtrières de 1430, qui entraînent la conversion de l’un de ses fils. Riche de 179 volumes, elle est répertoriée grâce à l’inventaire après décès établi par la veuve Mossone et un autre fils Josse de Sestier, médecin également, en 1439. Parmi eux, dans sa succession on trouve : le Talmud, des gloses talmudiques, des bibles, des ouvrages de liturgie, les traités de Rashi, des livres de médecine, de philosophie, de mathématique, d’astronomie, des commentaires d’Aristote, Averroès, Avicenne, Maïmonide traduit par les Tibbon, l’essentiel de la controverse de Rambam et d’autres livres « espagnols » : les Questions-Réponses de Salomon ben Adret, d’Isaac ben Chechet, le Khusari de Jeuda ha-Levi, un traité de Shem Tov ibn Falaquera de Tudela (Espagne) sur les divers degrés de la perfection intellectuelle... etc.
Le Pentateuque est largement présent dans les bibliothèques des juifs très lettrés. Il n’est donc pas étonnant le retrouver à Aix-en-Provence chez Astruc du Sestier, en 1439. Il possède également des commentaires exégétiques portant sur le Pentateuque, un exemplaire d’Abraham ibn Ezra. Un autre commentateur prisé à Gérone, autant que dans le Midi de la France, est le grammairien David Kimhi avec ses commentaires sur les Psaumes, dont Astruc du Sestier possède six exemplaires. Il a aussi deux Al Zahrawi, dans sa collection aixoise. Il s’intéresse également à l’astronomie, aux Goralot d’Abraham ibn Ezra.
Astruc de Sestier et sa femme Mossone ont eu plusieurs enfants. Les juifs du comté de Provence n’échappent eux-aussi au mouvement de conversion.