Entre les années 1908 à 1911 l'entrepreneur Léon Chagnaud présente plusieurs projets de barrages de plus en plus importants. Il est en effet nécessaire d'augmenter la production d'électricité pour alimenter les industries de la région. Arrivé en 1914 et donc au début de la Première guerre mondiale il devient nécessaire d'assurer l'alimentation électrique de l'usine d'armement de Bourges.
Après l'abandon du projet initial de barrage de Bonu sur la Creuse, on décide de construire un barrage à 1 200 m du pont des Piles. L'ouvrage projeté a 35 m de hauteur. L'usine a 100 m de longueur. Le projet initial est conservé pour permettre l'alimentation électrique du chantier.
En 1917 les premiers coups de pioche sont donnés pour la réalisation des fondations. La guerre ayant pris la plupart des ouvriers Français, ce sont des prisonniers de guerre Allemands, Russes et Turcs qui sont amenés au camp d'Ajain dans le département de la Creuse pour réaliser les travaux du barrage. Un accord est signé avec le gouvernement espagnol pour permettre l'arrivée d'ouvriers d'Espagne. Sur les 300 ouvriers Espagnols il y a aussi des syndicalistes qui empêchent les autres de travailler. Ils sont expulsés.
Un nouveau projet est étudié. Il a 40 m de hauteur et le lac de retenu doit submerger le pont du Chambon à 5 m à l'amont. Le service des Ponts et Chaussées s'inquiète du projet et demande une étude complète avant de l'approuver. Mais les travaux continus au ralenti malgré qu'ils soit fait pour le ministère de l'Armée.
En juin 1921 Léon Chagnaud crée pour relancer la construction du barrage d'Eguzon qui à l'époque ne mesurait qu' 1,5 mètre, l' Union Hydro-Electrique, avec des actionnaires très influents comme la Compagnie du Chemin de fer de Paris à Orléans. Celle ci a l'intention de poursuivre l'électrification de son réseau de Vierzon à Toulouse. Elle est intéressée au premier chef par une usine hydroélectrique dans la région qui lui permettrait de relayer efficacement l'usine thermique de Gennevilliers qui alimente aussi Paris en électricité.
En octobre 1921 Léon Chagnaud dépose un septième et dernier projet. Le barrage fait maintenant 61 m de hauteur à partir de la fondation. Le volume de la retenue est multiplié par 2,5. En 1923, les travaux de l'usine et du barrage commencent. Le 3 mars 1923 une crue très importante, comparable à celle de 1845 arrête les travaux et ce n'est quand juin 1923 que les travaux reprennent. En mai 1924, pour accélérer les travaux, on introduit le travail de nuit et le système des 3 x 8 heures. Plus de 1 000 ouvriers s'activent sur le chantier. En décembre 1924 le barrage arrive à 30 m de hauteur et en mars 1925 à 40 m. Au mois de février 1926 la salle des machines est prête et le barrage atteint son niveau maximum de 203,70 m NGF. La mise en eau peut alors commencer. Le 5 juin 1926 a eu lieu l'inauguration du barrage.
Le 17 juin 1926 le barrage d'Éguzon est le plus puissant barrage d'Europe à l'époque et il fournit de l'électricité à la ville de Paris. Le 29 avril 1935 l'électricité produite par le barrage sert à l'alimentation des caténaires de la ligne de chemin de fer Paris-Toulouse entre Châteauroux et Limoges.
Lors de la première mise en eau, des fuites très importantes ont été constatées ; elles ont nécessité une vidange et une campagne d'injections en 1926, avant la mise en eau totale. Puis le rétablissement du drainage de la fondation entre les galeries T.D et T.G.