La chute opérationnelle est le nom donné aux techniques de parachutage militaire de personnel et de matériel à haute altitude. Les techniques utilisées sont appelées MFF (Military Free Fall parachuting, « chute libre militaire ») dans les Forces armées des États-Unis.
Ces techniques demandent une formation beaucoup plus pointue que le parachutisme militaire de base et est essentiellement réservée aux forces spéciales. Leur principale utilité est de garantir une plus grande sécurité de l'avion largueur face aux défenses antiaériennes adverses car il opère à une plus grande altitude, et dans le cas des sauts type SOTGH/HAHO, à une plus grande distance de la zone d'atterrissage par rapport à un parachutage à ouverture commandée.
La chute opérationnelle se divise en deux grandes catégories, selon que l'ouverture du parachute se fasse à basse ou à haute altitude. Dans les deux cas, le largage des chuteurs se fait à haute altitude, de 8 000 à 10 000 m.
La technique la plus ancienne de chute opérationnelle se fait avec l'ouverture du parachute à basse altitude. Elle est appelée HALO pour High Altitude-Low Opening, « haute altitude, ouverture basse » (le SOGH, Saut Opérationnel à Grande Hauteur, de l'armée française n'est pas considéré comme une technique HALO car il se déroule jusqu'à 4 000 mètres).
Les techniques HALO se sont développées à partir des tests menées par l'US Air Force depuis les années 1940 sur des systèmes d'éjection et de parachute destinés aux pilotes d'avions volants à haute altitude. Dans le cadre de ces essais, le colonel Joe Kittinger effectua le premier saut connu à haute altitude, le 16 août 1960, à plus de 30 000 m.
Il est difficile d'attribuer exactement la paternité des sauts HALO, le saut en ouverture retardée à des altitudes de plus en plus élevées ayant été testé dans de diverses unités parachutistes depuis la fin des années 1950. A cette époque, le 1er bataillon parachutiste de choc, un des deux bataillons de la 11e DBPC explore ces techniques pour faciliter les atterrissages sur zones non préparées. Surnommés « chuteurs musette », ces chuteurs peuvent être considérés comme les précurseurs des chuteurs opérationnels. De son côté, la CIA met au point des techniques similaires pour parachuter des Tibétains dans les montagnes himlayennes en Chine communiste.
Le premier emploi de ces techniques au combat eu lieu pendant la guerre du Viêt Nam par des commandos du MACV-SOG à la fin de 1970. Ces techniques se sont modernisées au cours des années 1970 et 1980. Le SEAL Team Six testa notamment le parachutage de bateaux et autres gros matériels par HALO.
Le HALO est utilisé pour parachuter hommes et matériel à une altitude suffisamment élevée pour que l'avion vole au-dessus des niveaux d'engagement par les missiles sol-air adverses.
Lors d'un saut HALO typique, les chuteurs sautent de l'appareil, tombent en chute libre puis une fois arrivés à basse altitude ouvrent leur parachutes. La combinaison de la haute vitesse de chute et de faible vitesse horizontale permet d'éviter la détection par radar.
Le matériel lourd à parachuter est extrait hors de l'avion par un parachute, puis tombe en chute libre jusqu'à une altitude où son parachute cargo s'ouvre pour permettre un atterrissage à basse vitesse. Le personnel doit ensuite le récupérer sur son lieu d'atterrissage.
La chute opérationnelle avec ouverture du parachute à haute altitude est appelée HAHO (pour High Altitude-High Opening, « haute altitude, ouverture haute ») en anglais et en français DSV (dérive sous voile) et SOTGH (Saut Opérationnel à Très Grande Hauteur).
Le HAHO apporte une sécurité supplémentaire à l'avion largeur par rapport au HALO, car il permet de rester à une grande distance de la zone d'atterrissage des chuteurs en plus d'une haute altitude. Le chuteur saute de l'avion et ouvre son parachute 10 à 15 secondes après. Sa « voile » lui permet de planer sur une très longue distance, le nombre le plus souvent donné étant de 40 km pour un saut à 8 000 mètres d'altitude. Le chuteur doit calculer sa propre navigation pendant sa dérive sous voile, avec un compas, un système gyroscopique ou un GPS, ou encore en se guidant grossièrement en repérant à vue la morphologie du terrain. Toutes ces techniques lui permettent de naviguer vers le point de chute souhaité, malgré le vent, les nuages et autres phénomènes atmosphériques. Généralement, le premier chuteur à avoir sauté de l'avion assure la navigation et ceux qui ont sauté derrière lui le suivent.
La DSV est principalement utilisée pour larguer des petits groupes de commandos loin derrière les lignes ennemies. La dérive sous voile apporte aussi une sécurité pour les chuteurs car leur zone d'atterrissage est imprévisible, alors qu'elle est située sous la trajectoire de l'avion pour le HALO.
La création du saut HAHO est également imprécise, car il est probable que bon nombre d'unités qualifiées HALO ont progressivement tenté d'ouvrir leurs parachutes de plus en plus haut. L'Intelligence Support Activity américaine a été la première à ouvrir la voie et à présenter la techniques aux autres unités comme la Delta Force, le SEAL Team Six puis les autres forces spéciales.