Émiland Marie Gauthey, né à Chalon-sur-Saône le 3 décembre 1732 et mort à Paris le 14 juillet 1806, est un ingénieur civil et un architecte français du XVIIIe siècle. Ingénieur des États de Bourgogne, il est le concepteur de très nombreuses réalisations dans sa région comme le canal du Centre entre Digoin et Chalon-sur-Saône (1784 – 1793), des ponts comme ceux de Navilly (1782-1790) et de Gueugnon (1784 - 1787), ou encore d'édifices comme l'église Saint Pierre et Saint Paul de Givry (Saône-et-Loire) (1772 à 1791) ou le Théâtre de Chalon-sur-Saône.
Nommé Ingénieur en chef des États de Bourgogne en 1782, il occupera après la Révolution des postes importants dans la Haute administration des Ponts-et Chaussées à Paris et sera décoré de la Légion d'honneur en 1804 lors de la création de l'ordre par Napoléon.
Son buste achevé en 1808 par Guillaume Boichot, chalonnais lui aussi, est exposé au Musée Vivant-Denon à Chalon-sur-Saône où un lycée porte son nom.
Émiland Marie Gauthey naît à Chalon-sur-Saône le 3 décembre 1732 dans une famille de la petite bourgeoisie provinciale : son père est médecin, et sa mère Jeanne Lafouge (peut-être Jeanne Louise) Lafouge était la fille d'un receveur du grenier à sel de Toulon-sur-Arroux.
De 1740 à 1748, il fait de brillantes études d'abord au Collège des Jésuites de Chalon, puis, orphelin de père à 16 ans, à Versailles auprès d'un oncle, professeur de mathématiques à l'Ecole des pages du Roi. Il poursuit sa formation auprès de l'architecte Gabriel Dumont avant d'entrer à l'École royale des ponts et chaussées (qui deviendra École nationale des ponts et chaussées) nouvellement créée et que dirige l'ingénieur réputé Jean-Rodolphe Perronet. Il y rencontre un autre élève Jacques-Germain Soufflot avec qui il restera lié toute sa vie et qui le consultera lors de la construction du dôme de Sainte-Geneviève, le futur Panthéon.
Diplômé en 1758, il obtient un poste de sous-ingénieur à Chalon-sur-Saône sous la direction de Thomas Dumorey. Il devra attendre vingt-quatre années pour devenir, à la mort de ce dernier, Ingénieur en chef des États de Bourgogne et s’installer à Dijon à l'âge de 50 ans, en 1782. Il est ensuite nommé Directeur général des canaux de Bourgogne en 1783.
Technicien éclairé, il représente bien l'esprit des Lumières et de l'Encyclopédie, en témoignent son curieux Essai sur la langue philoso- phique (1774) dans lequel il imagine une sorte de langue des signes graphiques universels qui préfigure la sténographie, ou son utilisation des avancées scientifiques dans le domaine de la construction. Il deviendra d'ailleurs une référence dans l'art des ponts avec son monumental Traité de la construction des ponts et son Mémoire sur l’application de principes de mécanique de la construction des voûtes et des Dômes ou encore son Mémoire sur les canaux de navigation qui ont été édités après sa mort par son neveu Navier. Ses ouvrages de génie civil, comme les ponts de Gueugnon, de Navilly ou de Chalon-sur-Saône par exemple, participent à la transformation des voies de communication qui permettra l'essor industriel du siècle suivant et marquent toujours le patrimoine bourguignon. C'est dans cet esprit qu'il participe au développement de la navigation fluviale par le creusement de nouveaux canaux. Il collabore au projet du Canal de Bourgogne entre l'Yonne et la Saône (achevé bien plus tard en 1832) puis se consacre au Canal de Franche-Comté de Saint-Jean-de-Losne/Saint-Symphorien-sur-Saône à Dole (connu sous le nom de liaison Saône-Doubs) : cette partie du projet de liaison Rhin-Rhône réalisée de 1783 à 1803 est nommée aussi « canal de Monsieur » car inaugurée par Louis V Joseph de Bourbon-Condé, prince du sang et gouverneur de Bourgogne. Mais son œuvre maîtresse, "le plus grand ouvrage de travaux publics du 18ème siècle", est le Canal du Centre (ou Canal du Charolais) réalisé de 1783- 1793 entre Digoin à Chalon-sur-Saône. Long de 112,125 kilomètres avec 61 écluses, ce canal relie la Loire et la Saône, créant ainsi la première liaison fluviale Manche - Méditerranée (la Loire étant reliée à la Seine par le canal de Briare).
Emiland Gauthey est aussi attaché à l'aménagement de Chalon-sur-Saône, sa ville natale où il réside et qu'il embellit avec la transformation des quais ou la construction du théâtre. Ses réalisations d'architecte de style néoclassique élégant sont par ailleurs assez nombreuses dans la région : dôme de la pharmacie de Chalon-sur-Saône – églises de Givry (Saône-et-Loire) et de Louhans - Hôtel de ville de Tournus - château de Clermont-Montoison à Chagny...).
Les transformations liées à la Révolution mettent Émiland Gauthey à l'honneur : il est nommé Inspecteur Général des Ponts et Chaussées en 1791 au moment de la création du corps et s'installe à Paris et épouse à 60 ans sa cousine et adopte un petit neveu, Henri Navier, futur brillants ingénieurs du début du XIXe siècle. Il devient ensuite membre du conseil général des Ponts-et-Chaussées en 1801 et vice-président de ce même Conseil en 1805. Il travaille sur la liaison Somme-Escaut et des aménagements de Paris comme une nouvelle d'adduction d'eau pour Paris (le futur Canal de l'Ourcq) et des projets de ponts sur la Seine, dont la Passerelle_des_Arts à Paris, réalisé par Jacques Dillon.
Le Premier Consul le décore de la Légion d'honneur à titre civil lors de la première remise de médaille, le 14 juillet 1804, et il allait être promu au grade de commandeur lorsqu'il décède brusquement, à Paris, le 14 juillet 1806 ; curieusement son lieu de sépulture reste inconnu, il repose vraisemblablement dans un cimetière parisien.