Le gispet est très commun dans les Pyrénées françaises et espagnoles, d'où il est endémique. Il est présent du sommet de l'étage collinéen à l'étage alpin, de 500 à 3 000 m d'altitude. Ces caractéristiques font de lui un orophyte endémique pyrénéen.
Festuca eskia est une héliophile totale. Elle affectionne les sols acides, contenant peu de bases et très peu d'éléments nutritifs. Elle est liée aux limons qu'ils soient purs, sableux ou caillouteux. La silice fait partie de ses préférences. Quant à ses exigences en eau, elles sont assez moyennes voire modestes.
Le gispet affectionne les éboulis à Tabouret à feuilles rondes (Thlaspietea rotundifolii), les pelouses montagnardes à Nardus stricta patûrées par les moutons ou non (Nardion strictae). Il est également courant dans les combes à neige à saule herbacé (Salicetea herbaceae), les hêtraies et hétraies-sapinières ouvertes (Luzulo-fagion), les pineraies et les landes à callune, myrtiller et rhododendron (Rhododendron-vaccinion) et les landes à genévrier nain (Juniperion nanae)
Son caractère social créé un biotope particulier, les pelouses du Festucion eskiae :
Ces habitats sont des lieux privilégiés par les vipères qui s'abritent souvent sous leur grosse touffe, ce qui créé des terrains de chasse intéressant pour de nombreux rapaces montagnards.
Une étude conduite par l’INRA a montré qu'il existait chez Festuca eskia un gradient d'infestation par un champignon endophyte en lien avec la tolérance à la sécheresse qu'il procure à la plante, sa fréquence diminuant tandis qu’elle progresse vers l’atlantique. Cet endophyte pourrait s'avérer être un atout pour la revégétalisation sur des zones très séchantes comme des éboulis. En effet, ce champignon, utilisé pour accroître la tolérance au stress des fétuques et ray-grass, est largement utilisé pour augmenter le succès d’implantation et la pérennité des prairies semées aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande et en Australie.