Heinz Brücher (né le 14 janvier 1915 à Darmstadt, Allemagne - mort le 17 décembre 1991 dans la province de Mendoza, Argentine, aussi orthographié Bruecher) était un botaniste-généticien. Sous le Troisième Reich, il était Untersturmführer-SS (sous-lieutenant), lié à l'Institut de recherches nazi de Himmler, l'Ahnenerbe. Brücher dirigeait également l'Institut de génétique des plantes des SS à Lannach, près de Graz (Autriche).
Brücher rejoint le NSDAP en 1934 (n°3 498 152) et obtint son doctorat de botanique en 1938 à l'Université de Tübingen, sa thèse portant sur l'épilobe à grandes fleurs. Il travailla avec Erich von Tschermak-Seysenegg, qui publia un papier en 1900 concernant la redécouverte des lois de Mendel, et demeura proche de ce dernier.
A l'Université d'Iéna, où il participe à l'Institut de Biologie générale et d'Anthropologie de Gerhard Heberer, Hauptsturmführer-SS, Brücher prit part à un groupe nazi qui transforma l'Université en institution liée au NSDAP et qui définissait la science comme une entreprise politique socialement organisée. Il se spécialise progressivement dans la pomme de terre, produit de consommation courant en Allemagne, et travaille, en particulier après la mise en place de l'économie de guerre, au moyen d'augmenter la durée de sa préservation par des améliorations génétiques. Doté d'une collection de semences importantes, en provenance d'Amérique latine, pour cette culture, Brücher parvient à se placer en tant qu'intermédiaire incontournable en cette matière, en particulier après 1941.
Affilié à la SS (n°3 498 152), il publie en 1936 un livre sur Ernst Haeckel qui le crédite d'avoir fait avancer la « science nationale-socialiste » et présente son « génie » comme résultat de l'hérédité familiale. L'année suivante, Günther Hecht, du RuSHA (l'organisme SS chargé de la « pureté de la race »), nuançait cette louange de Haeckel, et exigeait en particulier que les disputes internes concernant l'enseignement d'Haeckel cessent.
En octobre 1948, il émigra en Argentine à bord du SS Orinoco, avec 400 kg de bagages - dont probablement une partie des semences volées - et peut-être avec l'assistance de réseaux d'exfiltration nazis. Il fut nommé en 1948 professeur de génétique et de botanique à l'Université de Tucumán, conservant son vrai nom. Après 1954, il devint professeur à Caracas, puis à Asunción, et finalement de nouveau en Argentine, à Mendoza et Buenos Aires. Il fut également professeur de 1964 à 1965 à Pretoria (Afrique du Sud).
Il écrivit alors plusieurs articles d'ethnobotanique, atteignant une reconnaissance scientifique relative pour ses articles sur les céréales, tandis que plusieurs variétés du genre Solanum ainsi que du genre Ulluco portent son nom. Entre 1954 et 1958, il travailla pour le Département de recherches scientifiques à l'Université de Cuyo, dirigé par Walter Georgii, ex-maître espion nazi.
Il fut invité en URSS par l'Académie soviétique après la réhabilitation de Vavilov en 1963, dans une exposition qui passait sous silence sa participation au vol des semences de ce dernier. Il semble que l'URSS ait ignoré son rôle lors de cette expédition.
En 1972, il réussit même à se faire nommer expert en biologie pour l'UNESCO, n'ayant jamais été jugé pour ses actes commis pendant la guerre.
Il projetait d'écrire un livre sur la patate conçu comme réponse aux critiques du botaniste J.G. Hawkes, mais ne parvint jamais à l'achever. Un dictionnaire de culture sélective des plantes décrit Brücher comme un chercheur avec des « idées originales » qui n'arrivait cependant pas toujours à convaincre ses collègues de leur bienfondé.