Henriette Davidson Avram, née le 7 octobre 1919 et morte le 22 avril 2006, était une ingénieure informaticienne, programmatrice et analyste système américaine, qui est à l'origine des formats MARC, qui constituent les normes internationales de description informatisée des ressources des bibliothèques.
Le développement des formats MARC à la fin des années 1960 et au début des années 1970 par Henriette Avram à la Bibliothèque du Congrès a eu un effet révolutionnaire sur les pratiques bibliothéconomiques, permettant l'automatisation de la plupart des fonctions de la bibliothèque et rendant possible le partage d'informations électroniques entre les bibliothèques utilisant d'autres standards.
Née à New York City, elle fait ses études au Hunter College en préparation à des études médicales. En 1942, elle épouse Herbert Avram, qui travaillait pour la National Security Agency (NSA) et la Central Intelligence Agency (CIA). En 1952, son mari l'aide à trouver un emploi à la NSA, où elle passe sept ans comme programmatrice et analyste de données. Elle se forme largement sur le tas, tout en étudiant les mathématiques avancées à l'université George Washington. Après un bref passage dans le secteur privé, Henriette Avram rejoint en 1965 la bibliothèque du Congrès, où elle est chargée de mettre en place un format de catalogage électronique. C'est la naissance du projet MARC qui s'achève en 1968. Henriette Avram supervise les développements successifs du format MARC et dirige le département chargé de l'informatisation et des réseaux, qui emploie jusqu'à 1 700 personnes. Elle prend sa retraite en 1992 et meurt le 22 avril 2006 à l'âge de 86 ans.
Henriette Regina Davidson est née à Manhattan le 7 octobre 1919. Son père était distributeur en horlogerie et sa mère journaliste au Philadelphia Ledger. Elle ne se destinait pas à devenir bibliothécaire mais elle passait souvent ses samedis à lire dans les commerces du voisinage, qui abritaient de petites bibliothèques. En réalité, Henriette Davidson rêvait de découvrir des traitements contre le cancer, dont plusieurs membres de sa famille étaient atteints. Elle décide donc de faire deux années de préparation aux études médicales au Hunter College. En 1941, elle épouse Herbert Mois Avram, qui servait alors dans la marine des États-Unis. À la fin de la guerre, Herbert Avram reçoit la décoration de Lieutnant Commander pour sa participation aux campagnes de l'Atlantique et du Pacifique. Joueur d'échecs, il se fait également connaître pour une victoire face à Bobby Fischer. Henriette et Herbert ont eu trois enfants, Marcie, Lloyd et Jay, et ont habité New York jusqu'en 1951, date à laquelle Herbert Avram est recruté par la NSA à Washington. Herbert a également travaillé pour la CIA, devenant un pionnier dans l'industrie du sous-titrage pour sourds et malentendants dans les chroniques judiciaires à la télévision.
Henriette Avram, considérée comme une « bibliothécaire accomplie » par l'American Library Association (ALA), doit beaucoup à la Bibliothèque du Congrès, à propos de laquelle elle déclarait : « Quand je parle de la Bibliothèque du Congrès ou que je m'y réfère en évoquant « la Grande bibliothèque », je le fais avec sincérité et considération de tout ce que j'ai appris dans ses murs. » Elle se fait repérer par sa petite taille, son accent new-yorkais et son infatigable dynamisme. D'après deux de ses collègues, « peu importait comment les choses se passaient dans cette époque pionnière, elle écrivait, publiait, parlait, emportait du travail chez elle, conseiller les gens, réussissait un millier d'autres choses... ». Elle avait un certain leadership : « Elle était capable d'entretenir un esprit coopératif entre les spécialistes d'informatique et les bibliothécaires de son équipe. Dans son esprit, elle évoluait dans le monde des bibliothèques et elle apprenait les problèmes des bibliothèques, les adoptant comme les siens », expliquent ses collègues. Son premier poste à la Bibliothèque du Congrès consiste à analyser les données du catalogue en vue d'un traitement informatique. Se souvenant de son expérience à la NSA, où elle avait appris « la nécessité première de comprendre complètement le sujet avant de lancer la solution informatique », Henriette Avram, avec deux bibliothécaires, commence le processus par l'examen des informations contenue dans une notice de catalogue : « Nous avons regardé plusieurs fois la fiche de gauche à droite et de bas en haut, pour répondre à toutes mes questions, et j'en avais beaucoup. », déclare-t-elle à propos de cette expérience ». Sa tâche n'est pas simple : il aurait fallu faire un algorithme mathématique pour chaque information, et il y avait des millions de références dans le catalogue, et ce dans des centaines de langues différentes. Elle étudie aussi les règles de l'ALA et les règles d'intercalation de la Bibliothèque du Congrès pour apprendre tout ce qu'elle pouvait du contrôle bibliographique. Une fois qu'elle a examiné en profondeur chaque aspect de la notice bibliographique, « elle traduit ce qu'elle a appris en un jeu de champs (...) portant chacun un nom (les zones), des instructions de traitement (les indicateurs) et des parties (les sous-zones) » : le format MARC était né.
Le titre d'Henriette Avram à la Bibliothèque du Congrès change en 1967 : elle est nommée coordinateur assistant des systèmes d'information. À ce poste, elle continue de diriger le projet pilote MARC, qui aboutit en juin 1968 ; elle dirige alors le service de distribution MARC, qui ouvre en mars 1969 ; et elle commence aussi le projet pilote RECON, qui n'arrivera pas à terme. Le projet RECON était un plan de conversion d'anciens fichiers au format MARC. Parce que ce projet n'était pas piloté par la Bibliothèque du congrès, la rétroconversion s'est faite bibliothèque par bibliothèque à travers le pays, et non par un effort coordonné au niveau national. Henriette Avram déclare à ce sujet : « Cet échec a eu des conséquences sévères sur l'ensemble des bibliothèques » ». Ce manque de soutien au projet RECKON est pour elle « l'expérience de loin la plus décevante » de sa carrière. Henriette Avram participe au développement de la norme International standard bibliographic description pour les monographies (ISBD(M)) quand elle assiste en 1969 à une rencontre internationale d'experts en catalogage soutenue par l'IFLA.
Un an plus tard, elle devient chef du bureau de développement du MARC à la Bibliothèque du Congrès. Elle continue à piloter les projets MARC et RECON, mais est aussi responsable de toutes les procédures d'automatisation des différentes activités de la Bibliothèque. Ses missions s'accroissent quand elle devient directrice du bureau du développement du réseau en 1976. Elle est alors chargée de coordonner le réseau de bibliothèques ainsi que les ressources et normes bibliographiques, tant au niveau national qu'international. En outre, elle devient présidente du comité consultatif du réseau de la Bibliothèque du Congrès, fonction qu'elle conserve pendant plus de dix ans. « Sachant faire preuve de diplomatie, elle aidait à apporter le consensus requis pour bâtir des principes compliqués et produire des documents ayant la sanction des organisations. Pour la même raison, elle était aussi présidente du groupe de travail de l'IFLA sur la description de contenu, qui partait de l'ISBD pour développer une version internationale du format MARC, connue sous le nom d'UNIMARC.
Vers 1980, Henriette Avram dirigeait une équipe de 700 personnes au sein du département d'informatique de la Bibliothèque du Congrès. Première directrice des systèmes d'information, des réseaux et du programme d'automatisation, elle était responsable des activités de mise en réseau, d'automatisation, de produits et de services bibliographiques. Quand, trois ans après, elle devient directrice adjointe pour les services informatiques, son équipe double. Elle prend alors en charge le catalogage, les acquisitions, les échanges outre-mer, et le développement du programme d'automatisation et de mise en réseau. Elle garde ces fonctions six ans. A propos de sa décision de rester à la Bibliothèque du Congrès, malgré d'autres propositions plus lucratives, elle dit : « Je suis restée parce que j'adorais les gens, l'endroit, et les défis ». Au moment de quitter la Bibliothèque en 1992, Henriette Avram était directrice adjointe, chargée des services de collections. Son équipe de 1 700 personnes était responsable des acquisitions, du catalogage, du développement et de la conservation des collections, des opérations outre-mer, du programme d'automatisation et de mise en réseau, enfin de gestion des documents de format particulier.