Si depuis 1943, les internes des hôpitaux publics autres que ceux des villes de faculté étaient recrutés par concours organisés par l’inspecteur divisionnaire de la santé dans chaque région, les externes et internes des hôpitaux des villes de faculté continuaient à être sélectionnés par concours organisés par leur administration hospitalière. Mais en 1957, le décret du 26 août confia également les opérations de recrutement aux inspecteurs divisionnaires de la santé. En absence de dispositions légales concernant la faculté libre de médecine de Lille, l’inspecteur de la santé de Lille refusa d’organiser des concours propres à celle-ci, proposant à la Catho, de rejoindre, sans en préciser les modalités, les concours des hôpitaux de Lille.
La faculté libre refusa cette intégration, dans la crainte de perdre son autonomie. Elle demanda donc à la commission administrative du CHR d’accepter de continuer à organiser des concours pour le bénéfice de ses étudiants. Par décision du 28 septembre 1957, cette commission accepta la demande toute en précisant qu’elle se situait hors du cadre de la loi hospitalière et que les internes et externes ainsi recrutés n’auraient plus le droit au titre d’externe ou d’interne des hôpitaux de Lille.
La conséquence en était une dévalorisation des concours de la faculté libre : cette nouvelle situation rendait encore plus difficile l’accès de ces étudiants aux postes médicaux des hôpitaux publics. Désormais le problème d’une carrière hospitalière allait se poser différemment pour les étudiants de la faculté libre : soit briguer les concours dans d’autres facultés et ceci dès l’externat, ce qui revenait à quitter la faculté prématurément, soit rester dans le cursus Catho, mais renoncer à toute insertion professionnelle dans les structures publiques.
Une autre discrimination se fait jour à la même époque. La qualification des médecins spécialistes est peu à peu conditionnée par l’acquisition de certificats d’études spéciales (CES), comportant enseignements théoriques et stages dans des services universitaires. Les internes de ces services bénéficiant de dispenses de cours et d’examens et leurs stages sont automatiquement validés. Les internes de la faculté libre sont privés de cette qualification quasi-systématique, avec pour conséquence l’impossibilité pour la faculté de former par exemple ses chirurgiens. Il faudra des années de négociations auprès des ministères pour faire valider les stages d’interne en chirurgie de l’hôpital de la Charité, puis des hôpitaux privés de la faculté, leur permettant de subir les épreuves du CES de chirurgie.
Nouvel avatar en 1964 avec la suppression du concours d’externat. Les places d’externes sont maintenant attribuées aux premiers classés aux examens de fin de première et de secondes années, une impasse pour les étudiants de la faculté libre qui passaient alors ces examens à Nancy. Ou bien ils étaient classés en rang utile et restaient à Nancy, ce qui écrémait nos promotions de leurs meilleurs étudiants et nous privaient de futurs internes, ou bien ils n’étaient pas classés (ou renonçaient à émigrer à Nancy) et étaient astreints à présenter les concours propres à la faculté non reconnus par l’administration des hôpitaux.
Le dilemme s’effacera quelques années plus tard puisque, suite aux événements de mai, un décret d’octobre 1968 instituera l’externat pour tous, ou plus exactement supprimera le concours d’externat, en créant les étudiants hospitaliers…