Les modèles IBM 1130 et 1800 d'International Business Machines Corporation sont des ordinateurs de la période fin des années 60, début des 70. Le 1130 était destiné aux laboratoires, universités, bureaux d'études et écoles d'ingénieurs; le 1800 était sa variante industrielle. Ils étaient tous deux équipés de mémoires à tores de ferrite.
L'IBM 1130 était un ordinateur scientifique de 16 bits occupant la place d'un simple bureau. Il se présentait comme le successeur naturel (troisième génération à circuits intégrés) du 1620 de deuxième génération à circuits discrets.
Il disposait d'une mémoire de 4K à 32K mots de 16 bits, ayant un cycle mémoire de 2,2 µs ou 3,6 µs selon les modèles, et était muni d'un disque en cartouche interchangeable (2315) de 512 K mots. Son moniteur résident occupait 1/2 K mot ! Le système comportait une console à boule Selectric, un lecteur de cartes (1442) et une imprimante (lente 1132 ou rapide 1403). On pouvait leur adjoindre un traceur de courbes et même un écran graphique 2250.
Le 1130 devait être au départ une machine 18 bits, mais fut revu rapidement pour être mis à 16 quand il devint clair que l'octet serait l'unité de travail qui s'imposerait dans la profession. Ce choix eut trois conséquences:
Le panneau vertical du 1130 comportait
Le pupitre se compose
Les logiciels étaient à l'époque fournis gratuitement par IBM (avec source sur demande) : système d'exploitation, compilateurs RPG (GAP), FORTRAN et même COBOL. Un peu plus tard (1971) vint un interpréteur du révolutionnaire langage APL.
Son originalité résidait pourtant ailleurs :
Cette politique fit rapidement du 1130 l'ordinateur ayant la bibliothèque d'applications scientifiques la plus riche de son époque, et un succès dans les écoles d'ingénieurs et universités de toute la planète. Dans les années 1970, le DEC PDP/11, qui était son concurrent direct moins cher et plus rapide, se heurta à cette avance logicielle.
Parmi les logiciels contributifs, on comptait notamment un compilateur ALGOL, un compilateur SL/1 (sous-ensemble de PL/I) et un simulateur graphique de processus continus, le CSMP (Continuous System Modelling Program).
Lorsque la fourniture gratuite de logiciels fut considérée par la justice américaine comme une concurrence anormale aux sociétés de service, IBM dut se désengager de cette politique, et la gestion de cette bibliothèque fut confiée à un groupe d'utilisateurs, nommé COMMON. On peut y voir un lointain ancêtre du logiciel libre.
Le code d'instructions du 1130 avait été pensé dès le départ pour faciliter la multiprogrammation, mais celle-ci ne devint effective que vers la fin de vie du matériel, avec l'attachement MTCA (Multiple Terminal Control Attachment) qui permettait d'y connecter 4 ou 8 terminaux à boule APL simultanés (en plus de la console du système), ou de plus archaïques télétypes ASR33.
La stratégie d'IBM était encore, lors du lancement du 1130, de louer ses machines plutôt que de les vendre. A titre indicatif, une configuration comme celle-ci :
était louée environ 200 000 FRF par an en 1968. Tous les logiciels étaient gratuits (seul le COBOL fera, quand il sera développé quelques années plus tard pour cette machine, l'objet d'une facturation - unique), ainsi que les mises à jour matérielles et logicielles et deux heures de maintenance préventive par semaine..