Joseph Le Bon - Définition

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Débuts en politique

Après le 10 août 1792, alors qu'il vient de renoncer au sacerdoce, plébiscité comme électeur, il est élu second suppléant du Pas-de-Calais à la Convention nationale, le 9 septembre, avec 400 voix sur 609 votants, maire d'Arras le 14 septembre et administrateur du département. Il fait arrêter et chasser d'Arras les commissaires de la Commune de Paris envoyés pour expliquer et justifier les décisions prises à partir du 10 août, et Guffroy le signale comme suspect de modérantisme. Ses concitoyens marquent la confiance qu'il leur inspire en le nommant procureur-syndic du département le 20 octobre. Toutefois, l'assemblée départementale, réticente devant son abjuration, l'évince bientôt de cette dernière charge. En décembre, un nouveau conseil général est élu à Arras, dirigé par Nicolas François Hacot. Le Bon quitte alors sa fonction de maire pour celle de membre du Directoire. Le 5 novembre 1792, il se marie avec sa cousine germaine, Elisabeth Regniez, de Saint-Pol-sur-Ternoise.

Un temps proche, durant l'automne et l'hiver 1792-1793, des vues des Girondins, avec lesquels il partage l'opposition au procès de Louis XVI et le rejet de Marat, il salue leur chute en lors des journées du 31 mai et du 2 juin 1793.

Le 1er juillet 1793, il est admis à siéger à la Convention, en remplacement de Magniez, et siège avec la Montagne. Envoyé une première fois en mission dans la Somme et l'Oise le 9 août 1793 (8 brumaire an II-22 messidor an II), avec André Dumont, il lutte contre les accapareurs pour assurer l'approvisionnement des armées. De retour à Paris, il est élu, le 14 septembre, au Comité de sûreté générale, où il est, avec Le Bas, l'un des fidèles de Robespierre. Bernard de Saintes le dénonce comme fédéraliste, pour avoir défendu, contre ce représentant, en mission dans la Côte-d'Or, les membres du conseil général de la commune de Beaune.

Il refuse une mission dans l'Orne, à cause de la santé de sa femme. Le 29 octobre, il est envoyé dans le Pas-de-Calais, où il s'oppose aux tentatives des sans-culottes d'inspiration hébertiste, lutte contre l'accaparement, organise les réquisitions frumentaires et pourchasse prêtres réfractaires et déserteurs. Toutefois, il se montre assez modéré pour que Guffroy l'accuse de tiédeur et le présente à la Convention comme le protecteur des contre-révolutionnaires. Le 6 mars 1794, le Comité de salut public le rappelle, avant de le renvoyer, avec les mêmes pouvoirs, dans le même département.

Dénonciation et condamnation

Mais, le 15 thermidor an II, quelques jours après la chute de Robespierre, de nouvelles dénonciations contre Le Bon aboutissent cette fois à un décret d'accusation. Rappelé à Paris, il est arrêté. Le 18 floréal (7 mai 1795), l'Assemblée charge une commission de 21 membres d'examiner sa conduite. Quirot, le rapporteur, présente les conclusions de son enquête le 1er messidor an III (19 juin 1795). Il a divisé en quatre classes les faits imputés à Le Bon (1° assassinats juridiques, 2° oppression des citoyens en masse, 3° exercice de vengeances personnelles, 4° vols et dilapidations) et conclut à la mise en accusation.

Admis à la barre pour se justifier, Le Bon réclame trois paniers de papiers qui ont été enlevés de son domicile et dont ses ennemis se sont emparés. Après plusieurs semaines consacrées à entendre sa défense, comme la procédure traîne en longueur, il est décidé que Quirot lira son rapport article par article et que l'accusé y répondra dans le même ordre. Le Bon nie la plupart des faits qu'on lui reproche, en atténue d'autres. Sa défense est surtout centrée sur le fait qu'il n'a fait qu'exécuter les décrets de la Convention. Pour le quatrième chef d'accusation (vols et dilapidations), l'Assemblée refuse d'entendre la suite du rapport, déclarant que Le Bon s'est pleinement justifié à cet égard.

Il n'en est pas moins traduit devant le tribunal criminel d'Amiens. Pendant ses quatorze mois de détention, il écrit à sa femme une série de lettres qui ont été recueillies et éditées en 1815 par Émile Le Bon, leur fils, juge d'instruction à Chalon-sur-Saône. On y trouve ce passage : « Ô mon amie, ne dis plus que je vais mourir, je vais commencer une nouvelle vie dans tous les cœurs dévoués à la République. » Condamné à mort le 11 octobre 1795 pour abus de pouvoir pendant sa mission, il est exécuté à Amiens le 24 vendémiaire an IV (16 octobre 1795). Le tribunal criminel a jugé sans appel, en fonction de la loi du 12 prairial. Vainement Le Bon demande-t-il à bénéficier de la nouvelle constitution et à se pourvoir en cassation ; la Convention passe à l'ordre du jour.

Pendant plus d'un siècle, l'image de Joseph Le Bon a donné lieu à un véritable conflit idéologique, marquée par des débats politiques au niveau local. Tandis que la droite l'identifiait à un proconsul sanguinaire, pour la gauche, il incarnait une République qui distribuait le pain bon marché et des fonctions politiques aux militants modestes.

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