Les ksour de Tunisie (قصور الجنوب التونسي) sont essentiellement concentrés dans le sud-est du pays, dans la zone comprise entre Matmata et Tataouine, où l'on en dénombre environ 150. Ces ksours font partie du patrimoine culturel de cette région de la Tunisie et témoignent de son évolution historique et sociologique. Ils suscitent un grand engouement de la part des touristes.
Les ksour se sont déplacés du haut de la montagne vers la plaine en fonction des nécessités historiques et économiques. Dans tous les cas, le ksar (singulier de ksour) est avant tout un grenier constitué de cellules d'engrangement, appelées ghorfas, à l'usage d'une ou plusieurs tribus. Ces tribus sont d'abord berbères, puis également arabes à partir du VIIe siècle avec la conquête arabo-musulmane, le sud-est tunisien n'ayant pas connu de « véritable peuplement [...] ni par les Carthaginois ni par les Romains ni par les Byzantins ». Après les invasions hilaliennes au XIe siècle, les Berbères sont refoulés dans les montagnes quand les Arabes occupent les plaines. Dès lors, les rapports entre ces deux types de tribus hésitent « entre la confrontation, le servage et la protection pour aboutir à la complémentarité basée sur les échanges commerciaux des produits de la montagne et de la plaine ».
La classification naturelle suivante suit celle proposée par Hédi Ben Ouezdou dans son ouvrage cité en référence.
Les ksour citadelle, ou kalâa (forteresse), ont clairement une vocation défensive. Il est difficile d'y accéder et de les identifier de loin car ils sont haut perchés sur des reliefs dans lesquels ils se fondent du fait de leur structure et couleur. Les villages, des habitations troglodytiques avec leurs huileries souterraines, sont situés en aval. Les plus anciennes inscriptions trouvées sur les murs des ghorfas remontent à la période des invasions hilaliennes mais rien n'empêche de penser que leur construction puisse être antérieure.
Les ksour de Douiret, Chenini et Guermessa, situés sur des sites imprenables et disposant comme vaste arrière-pays du plateau du Dahar, « ont permis aux Berbères de se maintenir tout en établissant des relations de clientèle et de protection avec les tribus arabes ». D'autres ksour, comme Ksar Hallouf, progressivement arabisés, ou ceux du Djebel Abiadh, qui ont pu être encerclés par les tribus arabes installées dans les plaines ou les vallées, sont devenus progressivement de simples greniers après l'abandon des villages troglodytiques associés.
Le caractère défensif des ksour de montagne demeure mais, situés sur des sites plus facilement accessibles, « ils dominent des dépressions fertiles et des plaines » et sont « à vocation essentiellement agricole ». Ils ne sont pas associés à des villages et servent le plus souvent des lieux d'engrangement « pour les tribus arabes qui utilisaient auparavant les ksour de leurs protégés berbères », à l'exemple de Ksar Ouled Soltane.
Les ksour de plaine sont les plus récents et correspondent à la volonté du protectorat français puis du gouvernement tunisien de développer des centres urbains — Ben Gardane, Médenine, Zarzis et Tataouine notamment — et des conditions d'habitation plus modernes. Libérés des contraintes topographiques, ils occupent une surface plus vaste (un hectare pour Ksar Morra). Simples greniers, ils ne dépassent pas un étage et ne disposent généralement pas de portes mais d'un simple couloir d'accès. Certains ksour de plaine sont toutefois devenues de véritables villes comme Médenine ou Zarzis.