Nombreux sont les écrivains et poètes qui ont été inspirés par ce lieu, pour la magie de sa lumière et la qualité de son silence, lieu peuplé de fantômes et d'histoire. Pour Maxime Gorki, visitant la région, ce lac est « un morceau de ciel qui serait tombé sur terre parmi les montagnes. » Ce morceau de ciel est « enchassé dans des montagnes sauvages, hautes de 2 500 à 3 000 mètres. Souvent des nuages s'accrochent aux flancs verts, gris-bleus, parfois violacés ou rosés de ces reliefs nus. Des mouettes survolent sans cesse les eaux, elles vivent sur une île pittoresque, l'île aux Mouettes. La région du Sevan a été habitée depuis la plus haute antiquité comme en témoignent les fouilles archéologiques pratiquées au bord du lac, notamment à Ltchachen et présentées au Musée historique d'Erevan. »
« D'avril à novembre 1930, grâce à l'appui de Boukharine, Mandelstam peut effectuer un long voyage en Abkhazie, en Géorgie et en Arménie. » Il en tirera son fameux livre Voyage en Arménie. Un extrait le montre face au lac où il y vécut un mois durant : « Chaque jour, à cinq heures de l'après-midi, ponctuellement le lac foisonnant de truites se mettait à frémir comme si on y avait jeté une énorme pincée de soude. Séance mesmérique au cours de laquelle le médium laissait choir, eût-on dit, sur une eau de chaux paisible à l'ordinaire, une houle enjouée suivie d'un bouillonnement d'oiseaux, et couronnait cett sauce barométrique de l'un des furibonds caprices dont le lac Ladoga est coutumier. » Plus loin, Mandelstam retient ceci : « Les hautes herbes de la bosse ventée de l'île de Sevan étaient si succulentes, drues, vivaces, qu'on aurait eu plaisir à y passer un peigne de fer. L'île tout entière est jonchée, comme dans Homère, d'ossements jaunis, vestiges des pique-niques des dévots de la contrée. Et, de surcroît, pavée, à la lettre, de dalles rouge feu : tombes sans nom descellées, basculées, délitées. »
« Lac Sevan, immense œil de la terre d'Arménie, si turbulent, si vif et changeant. Un bonheur s'y lit. Combien de soleils, combien de lunes ont avalé tes truites moustachues ? L'ombre de la liberté n'est plus Place de l'Opéra. Sa flamme veille ici, dans le vent impétueux qui renouvelle, entre ce ciel liquide et la couleur des nuages. Tu bois l'air glacé. Tu trembles. Tu es heureux... Mouette, au clin d'œil d'hôte de passage, guetteras-tu longtemps encore la mort lente de l'ichkhan. »
— Le 13 avril 1990 Serge Venturini, « À Sevan ».