Un normalien est un élève ou un ancien élève d'une école normale, ou d'une école normale supérieure.
En France, les seules écoles normales en activité sont les trois écoles normales supérieures de Paris (rue d'Ulm), Lyon et Cachan. Les élèves des écoles normales supérieures sont recrutés par concours, en pratique après deux années d'études supérieures au moins, le plus souvent en classe préparatoire aux grandes écoles.
Il existait auparavant des écoles normales d'instituteurs (ENI), qui ont été remplacées par les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM), écoles internes aux universités.
Les élèves des écoles normales supérieures, nommés chaque année par arrêté du ministre chargé de l'Enseignement supérieur, bénéficient de la qualité de fonctionnaires stagiaires, et sont soumis à un régime d'études particulier fixé par les décrets constitutifs des établissements. Ils doivent théoriquement travailler au service de l'État, de ses établissements publics ou des collectivités territoriales, pour une durée d'au moins dix ans à compter de leur intégration ; toutefois le manque de postes dans l'enseignement supérieur fait que cette contrainte n'est pas appliquée en pratique.
Le statut actuel des normaliens, auparavant boursiers sui generis de l'Université de Paris (après la réforme Lavisse de 1903), est issu de lois de 1948 et 1954. En 1948, la loi fut votée sur proposition du groupe gaulliste à la Chambre des députés et mise en oeuvre par les ministres radicaux-socialistes de l'Éducation nationale André Marie et Yvon Delbos, ce dernier étant lui-même ancien élève de l'École normale supérieure. Elle ne concernait que les élèves ayant atteint la 3e année de scolarité au moins, avant que la loi de 1954 n'étende à l'ensemble des élèves le bénéfice de ce statut, aujourd'hui encore largement original dans la fonction publique : les élèves des écoles normales supérieures constituent ainsi les seuls fonctionnaires stagiaires ne disposant pas de garantie de titularisation.
La clause dite d'« engagement décennal », issue du statut de l'Université de Napoléon Ier (1806), a été fixée sous sa forme actuelle par le décret du 28 novembre 1962, qui prévoit que cet engagement concerne le service public dans son ensemble, et non les seules fonctions d'enseignement comme auparavant. Ce décret établit également les mesures conséquentes à la rupture de cet engagement.
L'uniforme des élèves de l'École normale, devenue en 1845 École normale supérieure, était un des éléments de la discipline quasi militaire imposée à une école considérée par la monarchie comme un foyer de l'esprit libéral.
Cet uniforme, relativement proche de celui encore actuellement porté par les élèves de l'École polytechnique, se composait d'un habit bleu à collet retombant avec deux palmes sur chaque coin, d'un pantalon et d'un gilet bleu. Les palmes, seul ornement, constituent le symbole de l'Université napoléonienne, présent également dans la décoration de l'Ordre des Palmes académiques. Vêtus de cet uniforme, les normaliens prirent part, depuis la rue d'Ulm, à la Révolution de février 1848 et aux Journées de juin, ainsi que le rappelle un ancien élève : « Défenseurs de l'ordre sans prestige, avec nos habits et nos redingotes de gros drap simplement décorées aux collets des palmes universitaires. ».
Afin d'accorder une « récompense morale » aux élèves de l'École, le ministre de l'Instruction publique, Lazare Hippolyte Carnot, entreprit alors la création d'un nouvel uniforme, « vêtement moitié civil, moitié militaire, en harmonie avec nos moeurs nouvelles qui font de chaque citoyen un soldat de la liberté ». Pour en fixer les détails, une commission fut rapidement réunie, sous la présidence de l'académicien Jean-Antoine Letronne, garde général des Archives de la République, mais cette dernière ne tint qu'une seule séance, et le projet fut abandonné avec la chute de Carnot du ministère.
Devenu de toute façon progressivement inusité avec le relâchement de la discipline imposée aux élèves, l'uniforme fut officiellement supprimé le 22 octobre 1849, sur décision du directeur, Paul-François Dubois, critique littéraire acquis aux idées libérales.