Nouveau-Groenland méridional - Définition

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Avis et théories

Iceberg de la mer de Weddell dans la région du 'Nouveau-Groenland méridional, lors de l'expédition Endurance en août 1915. Ernest Shackleton observe que les icebergs donnent des apparences trompeuses de terres.

Selon William James Mills, Morrell a la réputation parmi ses contemporains d'être « le plus grand menteur de l'océan Austral ». Mills dit du voyage de Morrell vers l'ouest, en partant de son avancée maximum vers l'est, « impossible […] incroyablement rapide, indépendamment même du fait qu'il se situe au sud de la côte pour une grande partie du trajet ». À la recherche d'une explication, Mills suggère qu'il peut ne pas avoir eu accès au journal de bord, puisque le compte-rendu de Morrell est écrit neuf ans après le voyage, et, partant de cela « s'est senti contraint d'inventer des détails qui semblaient plausibles » afin de soutenir son récit. Cela expliquerait la profusion d'erreurs de position et de dates.

Hugh Robert Mill, écrivant en 1905, avant que l'inexistence du Nouveau-Groenland méridional ne soit prouvée de façon concluante, se réfère à la « pure absurdité » de certains des incidents décrits dans le compte-rendu de Morrell, et conclut que, en raison des bévues de Morrell, et de son habitude à intégrer les expériences des autres dans son histoire, toutes ses déclarations doivent être traitées comme « réfutées ». Néanmoins, il admet qu'« un homme peut être ignorant, vantard et peu clair, mais avoir fait tout de même du travail solide ». Le géographe canadien Paul Simpson-Housley adopte une approche plus compatissante. Malgré un scepticisme quant à la plus grande partie du compte-rendu de Morrell, Simpson-Housley suggère que les vitesses revendiquées pour le voyage à l'ouest, bien que rapides, ne sont pas impossibles. Il estime que le « point le plus au sud » revendiqué dans la mer de Weddell, signalé par Mill, est tout à fait plausible, étant donné que James Weddell navigua quatre degrés plus au sud, juste un mois plus tôt.

Une autre personne tendant à défendre l'intégrité de Morrell est l'écrivain Rupert Gould, qui écrit un long essai sur le Nouveau-Groenland méridional dans la collection Enigmas, publié en 1929. L'hypothèse selon laquelle l'observation du Nouveau-Groenland méridional est tout simplement inventée par Morrell est rejetée, principalement en raison du peu d'importance accordé à la découverte dans le compte-rendu de Morrell de 500 pages. Gould écrit : « Si Morrell souhaitait acquérir une réputation imméritée comme explorateur de l'Antarctique, on penserait qu'il aurait utilisé une meilleure façon de le faire que d'enterrer ses pièces justificatives, après les avoir falsifiées, dans un coin quelconque d'un livre si volumineux ». Dans les quelques pages consacrées à l'Antarctique, le compte-rendu de Morrell concernant sa découverte est bref et en donne le crédit au capitaine Johnson, deux ans plus tôt, plutôt qu'à lui-même.

La barrière de Larsen, sur la côte est de la péninsule Antarctique.

Gould examine également la possibilité que ce que Morrell aperçoit est effectivement la côte est de la Terre de Graham, la prétendue « côte de Foyn », en dépit de ce que sa position soit 14° plus à l'ouest que celle de l'observation du Nouveau-Groenland méridional. À l'appui, Gould affirme que la péninsule de la côte correspond très étroitement à la portion de littoral décrite par Morrell. Cette hypothèse suppose que Morrell ait mal calculé la position du navire, peut-être parce qu'il n'avait pas le chronomètre indispensable au calcul précis du point. Dans son compte-rendu, Morrell écrit « [qu'il était] dépourvu des différents instruments nautiques et mathématiques », mais d'autres parties de son récit expliquent clairement que la navigation à l'estime pratiquée occasionnellement était l'exception à la norme. De toute manière, une erreur longitudinale de 14° est très importante, ainsi que la distance d'environ 560 km de la côte de Foyn qui semble trop grande pour avoir été couverte en dix jours de voyage depuis les îles Sandwich du Sud, où la position du navire est enregistrée avec précision. Pourtant, Gould maintient que l'examen des preuves montre que ce que Morrell a vu était la côte de Foyn.

Une Fata Morgana aperçue en 2005 sur la côte norvégienne.

L'idée de Filchner que la prétendue observation du Nouveau-Groenland méridional pourrait être expliquée par un mirage est reprise par Paul Simpson-Housley. Il suggère que Morrell et son équipage ont vu un « mirage froid ». Une forme de « mirage froid », parfois décrit comme une Fata Morgana, fausse les côtes plates lointaines ou les côtés des icebergs, à la fois verticalement et horizontalement, de sorte qu'ils peuvent faire apparaître de hautes falaises et d'autres éléments tels que des sommets montagneux et des vallées. Dans son compte-rendu d'expédition South, publié en 1919, Ernest Shackleton donne une description d'une Fata Morgana observée le 20 août 1915, par hasard au moment où son navire Endurance dérivait à proximité de la position enregistrée du Nouveau-Groenland méridional : « Le pack lointain se dresse en hautes barrières semblables à des falaises, qui se reflètent dans les lacs bleus et les passages navigables à leur base. De grandes cités blanches et dorées d'allure orientale disposées en ordre serré en haut de ces falaises signalent de lointains icebergs. […] Les lignes montent et descendent, tremblent, se dissipent, et réapparaissent dans une interminable transformation ».

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