À ce jour, très peu d'études scientifiques ont évalué l'efficacité de l'ostéopathie. Elles sont sporadiques, souffrent de problèmes méthodologiques et leurs résultats sont parfois contradictoires.
Une étude publiée dans The New England Journal of Medicine et reprise par le Quotidien du médecin français, étudie l'efficacité des traitements ostéopathiques dans les cas de lombalgie subaigüe (patients souffrant depuis plus de trois semaines mais moins de six mois). Les deux groupes (un bénéficiant d'une thérapie standard et l'autre de l'ostéopathie) ont évolué de la même façon. Le groupe bénéficiant de l'ostéopathie a consommé moins de médicaments et a utilisé moins de thérapie physique, mais rien ne montre qu'un tel résultat n'ait pu être obtenu sans ostéopathie.
Chez des personnes souffrant de rachialgies, un traitement ostéopathique en plus du traitement classique améliore l’état algique et psychologique à court terme (2 mois) et l’état psychologique à plus long terme (6 mois).
L’étude du UK BEAM trial team sur 1 334 patients lombalgiques a confirmé le bénéfice d’un traitement ostéopathique à 3 mois et à une année. Ces résultats semblent être améliorés par l’ajout d’exercices en plus des manipulations.
L’ostéopathie aurait également des effets bénéfiques chez les sujets souffrants de hernies discales vu que cette approche est plus efficace et comporte moins de risques que la chimionucléolyse.
Chez les patients présentant une lombalgie commune aigüe ou récidivante pour lesquels les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont contre-indiqués, l’ostéopathie peut être une bonne alternative vu que les mêmes résultats cliniques sont obtenus en prenant moins d’anti-inflammatoires.
Le fait que l’ostéopathe prenne en considération l’aspect biopsychosocial de la rachialgie et les bénéfices qu’en tirent les patients peuvent expliquer la raison pour laquelle les patients lombalgiques continuent à consulter l’ostéopathe à plus long terme (de 1 à 4 ans) sans pour autant en tirer profit sur leur état physique.
Il n’est pas exclu que les bénéfices du traitement ostéopathique soient d’avantage liés à la prise en charge du patient qu’aux seules manipulations. Ceci semble être du moins applicable aux patients souffrant de lombalgie chronique car Licciardone et al. ont montré que le fait de consulter un ostéopathe diminue la douleur, améliore l’état fonctionnel et diminue les recours aux autres traitements indépendamment du fait que le traitement ait été simulé ou non. La satisfaction des patients est apparemment identique qu’ils reçoivent le traitement placebo ou le traitement ostéopathique. Pourtant Assendelft et al. ont montré par une méta-analyse que la manipulation est plus efficace qu’un traitement placebo. La méta-analyse n’a toutefois pas mis en évidence la supériorité de la manipulation aux traitements habituels. L’analyse qualitative de Bronfort et al. conclut qu’il existe une évidence modérée de l’efficacité des manipulations vertébrales par rapport aux traitements habituels en médecine physique (physiothérapie) et ceci principalement pour les lombalgies aigües. En ce qui concerne la lombalgie chronique, la manipulation seule n’est pas plus efficace que le traitement placebo ou les AINS selon la méta-analyse de Ferreira et al.. Finalement, de nouvelles études sont nécessaires pour évaluer l’effet antalgique du traitement ostéopathique sur les lombalgies chroniques
Le traitement ostéopathique semble être bénéfique indépendamment du fait qu’une cervicalgie soit chronique ou sub-chronique. Ce traitement s’est également montré plus efficace que l’injection intramusculaire de Ketorolac. L’analyse qualitative de la littérature montre également que les manipulations cervicales ou la mobilisation semblent êtres bénéfiques pour les cervicalgies subaigües ou chroniques d’origine mécanique avec ou sans céphalées si elles sont accompagnées d’exercices.
Les manipulations cervicales présentent toutefois une évidence modérée d’efficacité pour les atteintes chroniques. La manipulation seule ne semble pas être plus efficace que d’autres interventions comportant moins de risques. Cleland et al. ont montré que la manipulation d’autres structures avoisinantes (les dorsales hautes) apporte également des bénéfices sur les cervicalgies.
Aucune étude évaluant l’efficacité du traitement ostéopathique lors de céphalées n’a été recensée. Bonfort et al. ont déduit de la littérature que les manipulations cervicales réalisées sur les patients souffrant de céphalées seraient plus efficaces que le massage et qu’ils auraient des effets à court terme comparables à celui des traitements prophylactiques habituels pour les céphalées cervicogènes ou les migraines.
Une étude plus récente a montré l’efficacité des manipulations cervicales sur les céphalées cervicogènes à plus long terme (1 année).
Malgré cela, d’autres études rigoureuses comprenant une période de suivi plus longue doivent être menées pour pouvoir se prononcer sur l’efficacité de l’approche ostéopathique pour les céphalées.
En ce qui concerne l’approche cranio-sacrée, Green et al. ont relevé que sur les sept études existantes, six étaient de mauvaise qualité et utilisaient des méthodes ne pouvant évaluer correctement l’efficacité de cette approche. La dernière a relevé les effets péjoratifs de cette approche sur des sujets souffrant de lésion cérébrale post-traumatique.
Peu d’études existent dans ce domaine. Lors d’entorse de cheville, Eisenhart et al. ont montré qu’un traitement ostéopathique effectué en urgence diminuait la douleur et l’œdème rapidement après la manipulation et améliorait l’amplitude de mouvement à une semaine.
L’épicondylite chronique pourrait être soulagée par un traitement ostéopathique. L’étude de Geldschlager ne permet cependant pas de le confirmer. Des études utilisant un groupe de contrôle sans traitement manuel sont nécessaires pour mieux se prononcer.
Pour le syndrome du canal carpien, une étude pilote non-expérimentale évoque la possibilité que l’ostéopathie puisse être bénéfique à long terme (3 mois). Ces observations sont soutenues par les recherches effectuées sur cadavres.
Le traitement du conflit sous-acromial est peu documenté. Il existe une évidence limitée que la mobilisation, la manipulation ou la physiothérapie aient un effet bénéfique vu le peu d’études sur le sujet. La seule étude citée qui étudie la manipulation ou la mobilisation est celle de Winters et al. qui a montré que la thérapie manuelle semble avoir de meilleurs effets sur la durée des symptômes que les exercices (physiothérapie) mais que ces deux méthodes sont moins efficaces que l’infiltration.
L’ostéopathie soulagerait les douleurs musculosquelettiques des femmes enceintes et réduirait leur besoin en médication avant et pendant l’accouchement.
Une étude rétrospective évoque la possibilité que le traitement ait également un effet bénéfique sur le futur nouveau-né en diminuant le risque d’accouchement avant-terme et la présence de méconium dans le liquide amniotique.
Enfin, une étude pilote évoque la possibilité que l’ostéopathie crânienne puisse favoriser l’apparition des contractions utérines chez les femmes à terme.
L’ostéopathie s’est montrée efficace pour diminuer les récidives d’otites.
Le traitement ostéopathique pourrait avoir un effet bénéfique du moins à court terme chez l’enfant asthmatique en augmentant ses valeurs de peak flow alors qu’aucun bénéfice n’a pu être mis en évidence chez l’adulte. Plus d’études dans ce domaine sont nécessaires pour pouvoir conclure.
L’intérêt de l’ostéopathie pour traiter les coliques du nourrisson, les reflux gastro-œsophagiens et assurer le développement neurologique du nourrisson reste controversé et demande à ce que des études cliniques randomisées soient effectuées. Une étude de compilation met en doute l’utilité d’un traitement manuel pour les enfants souffrant du « KISS syndrome » (syndrome vestibulaire lié à un stress sous-occipital).
Les bénéfices potentiels postopératoires en orthopédie d’un traitement ostéopathique ne sont pas clairement établis. En effet, deux études comprenant des lacunes méthodologiques aboutissent à une conclusion positive, alors que celle de Licciardone et al. montre le contraire.
En gériatrie, l’ostéopathie semble avoir un effet bénéfique sur la capacité de récupération des patients hospitalisés pour une pneumonie. Les patients ont pu arrêter leur antibiothérapie deux jours plus tôt et leur séjour a duré deux jours de moins que le groupe contrôle (SHAM).
De même l’ostéopathie pourrait avoir un effet bénéfique sur la réponse immunitaire des patients âgés vaccinés contre la grippe.
Des études nécessitant de plus amples investigations laissent penser que l’ostéopathie pourrait être profitable pour améliorer la qualité de vie des patients souffrant de fibromyalgie, de dépression, de sclérose en plaque ou de trouble fonctionnel digestif.
Finalement, tous motifs de consultation confondus, les patients sont très satisfaits de leur prise en charge ostéopathique aux États-Unis et constatent généralement une diminution de l’intensité de leur douleur et une augmentation de leur mobilité. La satisfaction du patient n’est cependant pas nécessairement un bon indicateur de l’efficacité du traitement.