Les premiers navires à quatre cheminée battant pavillon britannique sont le Lusitania et son jumeau le Mauretania. Tous deux sont bâtis par la Cunard pour battre des records de vitesse et décrocher le Ruban bleu, que le Mauretania conserve vingt ans. La présence de quatre cheminées sur ces navires participe à cette idée de gigantisme et de puissance. Outre leur vitesse, ces navires sont les plus grands de leur époque.
Un troisième jumeau leur est adjoint en 1914, l’Aquitania. Nettement plus grand et volumineux, il est également moins rapide. Il conserve cependant leur silhouette et, de fait, leurs quatre cheminées. C'est le dernier navire sillonnant l'Atlantique nord à en porter autant, et le dernier des paquebots à quatre cheminées en service, lors de sa démolition en 1949.
La White Star Line répond à la construction des « lévriers des mers » de la Cunard par la mise en service des trois paquebots de classe Olympic : l’Olympic, le Titanic et le Gigantic (renommé Britannic durant sa construction). Ces navires ne sont pas destinés à la vitesse, mais uniquement au luxe et à la sécurité, ainsi qu'à la taille. Leur quatrième cheminée est ainsi factice et sert à améliorer la silhouette du navire et à aérer les cuisines.
Des trois navires, seul le premier finit une traversée commerciale, le Titanic faisant naufrage lors de sa traversée inaugurale, et le Britannic sombrant durant la guerre alors qu'il sert de navire hôpital. Seul l’Olympic fait donc partie des « quatre cheminées » sillonnant l'Atlantique Nord dans les années 1920.
Deux autres paquebots britanniques arborent quatre cheminées. Ce sont également les seuls paquebots de ce type à ne pas servir sur la ligne transatlantique. Il s'agit de l’Arundel Castle et du Windsor Castle, deux paquebots de l'Union-Castle Line. Chargés de desservir l'Afrique du Sud, ils sont mis en service en 1921 et 1922, bien que leur construction ait été envisagée dès 1916.
Bien qu'ils soient les derniers « quatre cheminées » construits, ils ne sont pas les derniers à disparaître. En effet, au milieu des années 1930, la compagnie les envoie aux chantiers Harland & Wolff de Belfast pour les moderniser. Leurs cheminées sont alors réduites au nombre de deux.
Les Allemands sont les premiers à avoir lancé le concept de navire à quatre cheminées, avec la série des « Four Flyers » mis en service de 1897 à 1906 pour la Norddeutscher Lloyd. Ce sont le Kaiser Wilhelm der Grosse, le Kronprinz Wilhelm, le Kaiser Wilhelm II et le Kronprinzessin Cecilie. Ils se distinguent par des cheminées groupées deux par deux : elles résultent de conduits en forme de Y conçus pour conduire la fumée dans toutes les cheminées, le navire n'en ayant à l'origine besoin que de deux. Les trois premiers s'illustrent par leur vitesse en s'emparant du Ruban bleu, tandis que le quatrième est centré sur la taille et le luxe. Durant la Première Guerre mondiale, le Kaiser Wilhelm der Grosse est sabordé au large des côtes d'Afrique, tandis que les trois autres sont saisis par le gouvernement américain. Aucun ne retrouve par la suite de service commercial.
L'Allemagne possède un autre paquebot à quatre cheminées. Il s'agit du Deutschland, mis en service par la Hamburg America Line (HAPAG) en 1900. Ce navire est également conçu pour la vitesse, qui se révèle être son seul argument de vente. Le roulis et les vibrations qu'il génère finissent par faire fuir la clientèle lorsque ses records tombent, et sa carrière est une suite d'échecs jusqu'à sa démolition en 1925.
La France ne construit qu'un paquebot à quatre cheminées dans son histoire. Il s'agit du France mis en service en 1912 par la Compagnie générale transatlantique. Bien que de taille modeste par rapport à ses contemporains britanniques et allemands, le navire se distingue par son luxe qui lui vaut le surnom de « Versailles de l'Atlantique », et demeure un temps l'un des fleurons de la marine française. Il est démantelé en 1932.