Paul-Louis Couchoud - Définition

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Critiques et réactions

Les thèses de Couchoud seront critiquées par des exégètes de tous bords.

Maurice Goguel (professeur à la Faculté de théologie protestante de Paris, directeur d'études à l'École Pratique des Hautes Études, et professeur à la Sorbonne) réplique, au nom de l'exégèse libérale, au premier article de 1923 avec un autre article du Mercure de France, le 1er juin 1923, intitulé À propos de « l'énigme de Jésus ». Il se rend, également, pour répondre à Couchoud, aux entretiens de l'Union de la vérité. Enfin, il reprend la question dans son Jésus de Nazareth : mythe ou histoire ? de 1925, où il publie un tour d'horizon des thèses mythistes.

Le prêtre de la Compagnie de Jésus, Léonce de Grandmaison, fondateur de la revue Recherches de science religieuse, répond au premier article de Couchoud par un article de la même revue, le Mercure de France, le 15 août 1923, intitulé Jésus dans l'histoire sur la base duquel il rédigera son Jésus dans l'histoire et le mystère de 1925.

L'historien libre penseur Charles Guignebert fait paraître un article dans la Revue de l'histoire des religions en 1926, puis son Jésus en 1933. Ce dernier, qui enseigna à la Sorbonne l'histoire du christianisme antique et médiéval, défend la réalité historique de Jésus de Nazareth. Il critique ainsi les thèses mythistes de Paul-Louis Couchoud, de William Benjamin Smith, de John M. Robertson, de Peter Jensen, d'Albert Kalthoff, et d'Arthur Drews. Mais il estime, d'autre part, que les recherches émanant des milieux catholiques sont teintés de présupposés dogmatiques. À l'instar d'Alfred Loisy, Guignebert s'oppose à un usage apologétique de la critique historique, usage confondant histoire et théologie, un genre dont relève les travaux de Maurice Le Sage d'Hauteroche d'Hulst, Marie-Joseph Lagrange, Joseph Bonsirven, Pierre Batiffol, Jules Lebreton, Victor Martin et Augustin Fliche dans son L'Histoire de l'Église.

En 1933, contre l'ouvrage de P. L. Couchoud, Prosper Alfaric et Alfred Loisy, Le problème de Jésus et les origines du christianisme de 1932, déjà condamné et mis à l'Index par le Saint-Office, le 17 juin 1933, paraît le livre du prêtre catholique jésuite Joseph Huby, Les mythomanes de l'« Union rationaliste ».

Couchoud répond à Guignebert dans le dernier article qu'il fera paraître dans le revue Europe en juin 1934 : « Le mérite de M. Guignebert a été de se dégager, en un problème historique, des phrases onctueuses, des clauses de style, des affirmations vagues et excessives, de ce qu'il appelle « l'hypnose des préjugés ancestraux » dont Renan reste si encombré. À l'historien on ne demande pas du respect mais de la lucidité. A-t-il résolu le problème de Jésus ? Je ne le crois pas. (...) en minimisant Jésus il a rendu plus paradoxales, plus inimaginables encore les majorations qui auraient été nécessaires pour qu'un pauvre et infortuné « nabi » fût admis comme coparticipant dans le mystère de Dieu en deux personnes. (...) M. Guignebert a-t-il été assez radical dans sa critique ? Ou plutôt, son erreur, qu'il partage avec la majorité des exégètes, n'a-t-elle pas été de traiter en textes légendaires des textes sacrés ? La différence est essentielle. (...) M. Guignebert décrit excellemment, au chapitre de la résurrection de Jésus, comment la foi a été mise en légende. Et si elle avait été mise en légende d'un bout à l'autre des évangiles ? Les évangiles ne seraient pas des traditions sur Jésus mais des représentations de Jésus, assez différentes selon les églises dont les évangiles sont les livrets liturgiques, variations sur un thème pseudo-historique, inconnu encore de Paul et de l'auteur de l'Apocalypse. (...) Il resterait à expliquer l'origine première de la représentation de Jésus. Elle serait à chercher dans toute autre chose qu'un événement historique, dans la lente élaboration de l'idée du Fils de l'Homme daniélique, contaminée par celle du Serviteur souffrant, mourant et rédempteur, d'Isaïe. De toute façon le problème de l'origine de la foi chrétienne reste à peu près entier,car à qui veut l'élucider, le Jésus si chétif qu'on nous donne apporte moins d'aide que d'embarras. Réduite à ces proportions, la figure historique de Jésus n'a guère d'utilité et semble ne subsister pour ses défenseurs que par un acte de foi et un dernier reste des « préjugés ancestraux ». Le Jésus de M. Guignebert appelle comme réplique l'autre Jésus, celui qui n'a pas été conçu dans un ventre de femme mais dans des cerveaux de voyants et qui n'est pas expliqué par des majorations successives mais, à l'inverse, par une progressive matérialisation ».

Mis en cause et raillé, Couchoud publie en 1937 Jésus : le dieu fait homme. Il considère que « le Christ » tel que le présente la littérature paulinienne n'est pas une incarnation de YHWH, le dieu antique du peuple juif, mais un nouveau dieu qui s'intègre dans le panthéon des « cultes orientaux ». La thèse mythiste devient ainsi la suivante : Jésus n'est pas un homme divinisé mais le dieu d'un culte à mystères, rendu humain par le récit qui en est fait. Il se rapproche en cela du docétisme chrétien qui représente l'une des branches du gnosticisme. Certains auteurs, ainsi, parlent du « docétisme extrême» de Couchoud.

L'ancien prêtre catholique et excommunié Alfred Loisy (professeur au Collège de France et acteur de la crise catholique moderniste) n'avait pas réagi publiquement au Mystère de Jésus, de 1924. D'ailleurs le Dr Couchoud avait organisé son Jubilé en 1927. Loisy laissait ainsi croire qu'il était en accord avec les thèses de Couchoud. En fait, il révèlera sa crainte de lui faire trop de publicité. En effet, le Dr Couchoud était en étroite relation avec l'ancien prêtre excommunié Joseph Turmel, Félix Sartiaux, l'ancien prêtre excommunié, historien et philosophe Albert Houtin, ce qui suffisait à éveiller la méfiance de Loisy. De ce fait, en 1938, il sent la nécessité de s'exprimer publiquement dans son Histoire et mythe à propos de Jésus-Christ. Couchoud se montre blessé par l'attitude de Loisy. Il lui écrit le 4 juin 1938 : « Un ami m'apprend que vous avez consacré un opuscule entier à mon dernier livre. Je ne le lirai pas, car j'apprends en même temps qu'insignifiant pour la critique, il est curieux seulement par la haine qu'il exprime. Je suis assez fier de la haine que je vous ai inspirée par les services que je vous ai rendus. Il faut avoir des ennemis : ça tient chaud. Mais je regrette, pauvre homme, après vous avoir cru quelque chose, d'être obligé de tant vous mépriser. ».

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