Paul-Louis Couchoud - Définition

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Prolongements

La thèse mythiste affirmant la non-existence historique de Jésus-Christ a été abandonnée par la recherche universitaire depuis 1933 et l'ouvrage critique de l'historien laïc Charles Guignebert. Daniel Marguerat, protestant, ancien professeur de Nouveau Testament à l'Université de Lausanne (Suisse) et pasteur dans l'Église réformée évangélique du canton de Vaud, nous fait savoir que : « Nous ne sommes plus au temps où B. Bauer (1840), ou P. L. Couchoud (1937) s'ingéniaient à nier que Jésus eut existé : le sens de ses faits et gestes, non son existence fait aujourd'hui débat ». Étienne Trocmé, protestant, qui a été doyen de la Faculté protestante et président de l'Université de Sciences Humaines de Strasbourg, pense que « les thèses brillantes de Couchoud ont été facilement réfutées par Maurice Goguel (...) et Alfred Loisy (...). Elles se heurtent à deux difficultés insurmontables : l'absence de toute négation de l'existence historique de Jésus dans l'antiquité, même chez les adversaires du christianisme et les hérétiques les plus disposés à se débarrasser de l'humanité de Jésus; les traits juifs et plus précisément palestiniens qui surabondent dans les évangiles synoptiques et interdisent de faire de ceux-ci la création tardive d'une église largement hellénisée. On aimerait que les épigones actuels de Couchoud et d'Alfaric cessent de ressasser des thèses aussi complétement discréditées, auxquelles les historiens soviétiques eux-mêmes n'adhèrent plus guère ». Selon Simon Claude Mimouni, titulaire de la chaire « Origines du christianisme » à la section des sciences religieuses de l'École pratique des hautes études et directeur de la Revue des études juives, la thèse mythiste, aujourd'hui dépassée, a continué d’être reprise régulièrement par des auteurs en dehors du milieu académique, « dans une certaine presse marquée par l'idéologie et pas assez par la connaissance scientifique ».

Cependant, en 1959, l'historien Marc Stéphane, dans son ouvrage La passion de Jésus, fait d'histoire ou objet de croyance, se demande, trente ans après la controverse, si les arguments des « rationalistes » ont définitivement réfuté les thèses des « mythologues ». Selon lui, la principale objection d'Alfred Loisy et de Charles Guignebert était le peu d'importance attaché au thème du Messie souffrant dans le judaïsme pré-chrétien. Si rien ne disposait les premiers chrétiens à voir dans la mort du Christ la réalisation même de son œuvre, il fallait admettre le fait historique de la crucifiction de Jésus à la base des croyances chrétiennes. Or les Manuscrits de la mer Morte, découverts entre 1947 et 1956, ont révélé la place considérable que le thème du Messie souffrant tenait dans le judaïsme du premier siècle. Stéphane utilise les positions d'Alfred Loisy et de Charles Guignebert pour montrer que la thèse mythologique en est l'aboutissement logique. Il critique la timidité et l'illogisme de ces deux derniers auteurs. Leurs positions fondamentales auraient dû les conduire à présenter Jésus comme un « dieu progressivement humanisé » et non comme « un petit émeutier juif progressivement divinisé ». Il manque à Stéphane l'éclairage apporté par le théologien luthérien allemand Rudolf Bultmann avec sa « démythisation ». Mais, comme le dit Jean Hadot dans la recension qu'il fait de l'ouvrage de Stéphane en 1962 : « Faut-il en conclure que le problème ne se pose plus ? On pourrait le croire quand certains affirment que « le doute (sur ce point) ne mérite pas un mot de réfutation ». Il se trouve, en réalité repoussé dans un domaine où le fait historique touche de si près le fait religieux, que les preuves d'ordre « historique » cèdent le pas à des arguments d'ordre « psychologique », qu'on pourrait appeler « de convenance » : faut-il postuler ou non, à l'origine de toute religion, un personnage historique ? La question ainsi posée étant insoluble, on en est réduit à une sorte de « mise en parenthèse », qui conduit les exégètes, même incroyants, à placer dans la pénombre le Jésus de l'histoire en éclairant vigoureusement le Jésus de la foi ».

La thèse mythiste se perpétue, par ailleurs, en dehors de l'Université, notamment sur l'Internet, dans les cercles rationalistes et libre penseurs et chez certains auteurs anglophones (par exemple : George Albert Wells, Robert M. Price et Earl Doherty) ou francophones.

Comme le reconnaît le mythiste Earl Doherty: « Le problème est que, à l'exception de Robert M. Price, [...] personne dans le milieu académique dominant n'a mis sérieusement en question l'existence de Jésus [...]. Cela montre que la communauté des « indépendants », centrée sur l'Internet et les ouvrages à compte d'auteur est toujours d'avant-garde par rapport à l'établissement académique universitaire par son innovation et son courage. »

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