Le planisphère de Waldseemüller, publié sous la direction du cartographe Martin Waldseemüller à Saint-Dié en 1507, contient la première mention du mot « America » sur une carte. Intitulé "Universalis Cosmographia" , il est accompagné d'un livret contenant un traité de géographie, Cosmographiae Introductio.
Le petit livre — dont le titre complet est Cosmographiae introductio cum quibusdam geometriae ac astronomiae principiis ad eam rem necessariis— comporte cinquante-deux feuillets.
Au moins quatre éditions parurent à Saint-Dié dès 1507.
Il comprend deux parties :
Un exemplaire de l’ouvrage est exposé dans la salle du Trésor de la Médiathèque Victor-Hugo de Saint-Dié-des-Vosges, où l'on peut également consulter la totalité du document sous forme numérisée.
La planisphère de Waldseemüller représente distinctement des reliefs montagneux correspondant aux Andes et aux Montagnes rocheuses.
On ignore sur quelles informations s'est basé Waldseemüller pour reproduire ces informations encore inconnues officiellement en 1507 ; il peut s'agir d'une intuition heureuse de sa part. En effet, ni Christophe Colomb, ni Amerigo Vespucci ne se sont rendus aussi loin vers l'intérieur des terres. Aucun d'eux n'a contourné le continent sud-américain pour s'élancer sur l'océan Pacifique.
Il faudra attendre officiellement le voyage de Magellan en 1520 pour atteindre les parages de ces contrées montagneuses.
Intitulée Universalis cosmographia secundum Phtolomaei traditionem et Americi Vespucii aliorumque lustrationes, la mappemonde établie par le Gymnase Vosgien (Gymnasium Vosagense) de Saint-Dié sous la direction de Martin Waldseemüller et imprimée en 1507 est la première carte sur laquelle apparaît le mot « America ».
C’est en outre la première carte murale du monde réalisée par la technique de l’imprimerie.
De grand format (1290 x 2320 mm), non coloriée, elle fut imprimée selon la technique de la xylographie sur douze planches séparées de 430 x 590 mm chacune. L'ensemble représente la forme de la terre grâce à une modification de la projection conique de Ptolémée où les méridiens sont incurvés. Ce nouveau type de représentation marqua profondément la cartographie. Le planisphère est cordiforme (en forme de cœur), surmonté par deux médaillons. Celui de gauche représente Ptolémée, celui de droite Amerigo Vespucci.
Selon la tradition de l’époque, l’Europe, l’Afrique et l’Asie sont placées au centre. Mais la nouveauté se situe sur le côté gauche du document : les deux parties du nouveau continent sont séparées par un détroit, entourées d'eau et de toute évidence non rattachées à l'Asie comme le croyait Christophe Colomb. Le mot "America", qui apparaît pour la première fois, est placé assez bas, plutôt vers le Sud de l'Amérique latine actuelle.
Le travail sur le tracé des continents américains est plutôt approximatif. En effet, Waldseemüller n'utilise que les cartes marines pour dessiner la carte (principalement le planisphère de Caverio ou une source commune), manquant de données de référence. Ces cartes marines ne représentaient pas encore les côtes ouest des Amériques puisque seule la partie atlantique avait été explorée. Waldseemüller a donc été obligé de tracer lui-même les limites ouest des nouveaux continents. Pour l'Amérique du Sud, il relie le nord et le sud par deux traits quasiment rectilignes et transforme donc le continent en île. Pour l'Amérique du Nord, il élude le problème en plaçant l'échelle des latitudes à l'emplacement de la côte ouest. Le planisphère de Waldseemüller représente ainsi deux continents séparés, erreur que d'autres géographes reproduiront dans leurs propres cartes. Notons toutefois que dans la carte frontispice à côté du buste d'Amérigo Vespucci, les deux Amériques sont réunies. De plus, la côte ouest de l'Amérique du Sud est remarquablement stylisée par deux lignes droites.
L’unique exemplaire, de la carte qui subsiste encore (il y en aurait eu un millier à l’origine) a longtemps appartenu à Johann Schöner, un astronome fabricant de globes terrestres de Nuremberg, puis est pratiquement tombé dans l’oubli avant d’être redécouvert dans les collections du prince Waldburg-Wolfegg au début du XXe siècle par Joseph Fischer, un prêtre jésuite.
La Bibliothèque du Congrès des États-Unis a rapidement manifesté son intérêt pour cette pièce et l'a acquise en 2001. Elle est désormais visible à Washington depuis 2007.
Une fresque reproduit par ailleurs la carte sur un mur de Saint-Dié des Vosges, ville où elle fut éditée.