Bien que les trains modernes soumettent le pont à moins d’efforts que les premiers trains à vapeur, celui-ci nécessite quand même un entretien constant. « Peindre le pont du Forth » est même devenu en Grande-Bretagne une expression désignant une tâche sans fin, version moderne du mythe de Sisyphe. Elle repose sur une légende qui veut que dès que l’équipe chargée de repeindre le pont atteint une extrémité, il est nécessaire de recommencer de l’autre côté. Cela s’explique par l’immense surface des poutrelles métalliques qui représentent près de 20 000 mètres carrés.
En 1996, Railtrack, la compagnie exploitant l’ouvrage, entreprend un programme de grande ampleur destiné à restaurer l’ensemble de la structure. Quarante millions de livres sont ainsi investis dans les travaux qui commencent en 1998, comprenant le changement de certaines poutrelles endommagées, la peinture de l’ensemble de l’ouvrage, une amélioration de l’accès et un nouvel éclairage. Mais en 2002 un nouvel appel d’offre est lancé, suite au retrait du précédent entrepreneur qui ne peut achever son travail du fait de mauvaises conditions climatiques et de difficultés financières. Il est remporté par la deuxième entreprise de génie civil du pays, Balfour Beatty, qui signe un contrat de dix millions de livres par an jusqu’en 2009, pour la maintenance du pont. Elle va notamment sabler toutes les parties métalliques pour ôter les précédentes couches de peintures, appliquer une première couche à base de zinc d’une épaisseur de 35 microns pour éviter toute corrosion, puis une seconde constituée de "glassflake" d’époxy destinée à former un barrière de 400 microns, et enfin un vernis de polyuréthane pour redonner au pont le fameux rouge qui contribue à son charme. Le tout représente donc une surface de 400 000 m² à peindre, qui est garantie pour une durée de vingt ans.
L’ampleur de ces coûts d’entretien ont conduit une députée travailliste, Helen Eadie, à demander en 2003 la démolition de ce pont.
En 2000, le pont a vu passer 54 080 trains de voyageurs et 6 240 trains de marchandises représentant une charge totale supérieure à 10,5 millions de tonnes. Ces chiffres sont à comparer à ceux de 1894 qui étaient de 26 451 trains passagers et 18 777 trains de marchandises pour près de 7,5 millions de tonnes transportées.
En moyenne, ce sont donc près de 150 à 200 trains qui empruntent ce pont chaque jour, quel que soit le temps. Depuis 1930, le pont n’a en effet été fermé qu’à quatre reprises, pendant des week-end au cours de l’année 2003 pour faciliter les travaux de peinture.
Le pont du Forth a une forte valeur symbolique pour les Écossais car il relie le nord et le sud de l’Écosse en traversant le Forth qui les sépare. De plus, il témoigne par son caractère de pionnier un certain savoir-faire technique écossais et fait ainsi oublier l’échec qu’avait constitué la catastrophe du pont du Tay. Il reflète également un certain âge d’or de l’économie écossaise, qui a beaucoup souffert au cours du XXe siècle.
Ce pont, qui a été bombardé par la Luftwaffe pendant la Seconde Guerre mondiale sans jamais être atteint malgré les trucages des photos de propagande, constitue donc le symbole d’une Écosse toujours debout au milieu des difficultés, et relie son passé au futur selon Alex Salmond, chef du Parti national écossais.
Il serait même considéré par les Écossais comme la huitième merveille du monde selon Roland Paxton, professeur à l'Université Heriot-Watt d'Édimbourg.