Date d'ouver- ture | Nombre de turbines | Puissance totale (1) (MW) | Énergie produite par année (TWh) | Chute | Rivière | |
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Centrales | ||||||
Kelsey | 1957 | 7 | 211 | 1,8 | 17 m | Nelson (cours inf.) |
Kettle | 1970 | 12 | 1 228 | 7,1 | 30 m | Nelson (cours inf.) |
Long Spruce | 1977 | 10 | 1 010 | 5,8 | 26 m | Nelson (cours inf.) |
Jenpeg | 1979 | 6 | 97 | 0,9 | 10 m | Exutoire du lac Winnipeg |
Limestone | 1990 | 10 | 1 340 | 7,7 | 28 m | Nelson (cours inf.) |
Centrales projetées | ||||||
Bonald | - | - | 120 | - | - | Churchill (cours sup.) |
Granville Falls | - | - | 125 | - | - | Churchill (cours sup.) |
Notigi | - | - | 100 | 0,75 | - | Rat |
Wuskwatim | 2012 | 3 | 200 | 1,55 | 22 m | Burntwood |
Kepuche | - | - | 210 | - | - | Burntwood |
Manasan | - | - | 265 | - | - | Burntwood |
First Rapids | - | - | 210 | - | - | Burntwood |
Whitemud | - | - | 310 | - | - | Nelson (cours sup.) |
Red Rock | - | - | 190 à 340 | - | - | Nelson (cours sup.) |
Kelsey extension | - | - | 200 | - | - | Nelson (cours inf.) |
Birthday | - | - | 420 | - | - | Nelson (cours inf.) |
Gull (Keeyask) | 2012 | - | 600 | 4,4 | - | Nelson (cours inf.) |
Conawapa | 2017 | - | 1 380 | 7,0 | - | Nelson (cours inf.) |
Gillam Island | - | - | 1 000 | - | - | Nelson (embouchure) |
(1) Les chiffres concernant la puissance installée de chaque centrale sont approximatifs. Les grandes centrales existantes (2006) fonctionnent, sur une base annuelle, à environ 70 % de leur puissance maximale.
Le développement hydroélectrique du fleuve Nelson est source d’importants conflits avec les Amérindiens du Nord du Manitoba qui n’en ont historiquement tiré peu de bénéfices directs, même si les trois quarts de l’électricité produite par la société Manitoba Hydro proviennent des régions habitées par les Cris.
Sur le fleuve Churchill, le rehaussement du niveau du lac Southern Indian a inondé des terres de la communauté Southern Indian Lake de la Nation crie O-Pipon-Na-Piwin (anciennement de la Nation crie Nisichawayshik). Cette transformation du lac en réservoir a aussi détruit la pêche commerciale pratiquée par les Cris. Le taux de chômage élevé a par la suite incité de nombreux Cris à quitter leur communauté.
La dérivation des eaux du Churchill dans les affluents du Nelson a aussi inondé environ 8,1 km² de la communauté Nelson House de la Nation crie Nisichawayshik et a eu pour effet d’augmenter par un facteur de dix le débit moyen de la rivière Burntwood près de son village. Les Nations cries Tataskweyak (à Split Lake) et York Factory (à York Landing) ont dû adapter leurs activités à un fleuve gonflé des eaux du Churchill et dont le rythme naturel a été inversé pour mieux répondre aux besoins des clients de la société Manitoba Hydro : le débit hivernal du Nelson excède maintenant son débit printanier.
Finalement, la transformation du lac Winnipeg en réservoir du complexe hydroélectrique du Nelson a profondément affecté le niveau et la qualité de l’eau à l’exécutoire du lac, près des Nations cries Norway House et Pimicikamak (à Cross Lake).
En 1977, les cinq Nations cries directement affectées par le développement hydroélectrique des fleuves Nelson et Churchill et par l’aménagement du lac Winnipeg ont signé, avec le Gouvernement du Manitoba, le Gouvernement du Canada et la société d’État Manitoba Hydro, la Convention sur l'inondation des terres du nord du Manitoba (ang.: Northern Flood Agreement) accompagnée d’une entente de développement économique. La Convention prévoyait notamment une compensation pour les terres inondées (4 hectares pour chaque hectare inondé), l’approvisionnement des communautés en eau potable, indemnisation pour les pertes subies par l’aménagement hydroélectrique (variations du débit, rivages érodés) et la construction de routes. La Convention prévoyait aussi un plus grand rôle pour les communautés autochtones dans la gestion des ressources fauniques et le développement économique de la région.
Après de nombreuses d’années marquées par l’inapplication des dispositions de la Convention, quatre nations cries ont signé pendant les années 1990 des accords généraux d'application avec le Gouvernement du Manitoba, le Gouvernement du Canada et la société Manitoba Hydro. Seule la Nation crie de Cross Lake, pourtant une des communautés les plus affectées par l'aménagement du Nelson, n’a pas signé d’accord général d’application de la Convention, mais une entente particulière de courte durée a néanmoins été signée en 2002.
Les représentants des communautés de Cross Lake et de Norway House, près de la centrale Jenpeg, considèrent que l'indemnisation accordée est nettement insuffisante par rapport à la perte des zones de pêches dans la région, dont les eaux dont désormais de piètre qualité. Les variations énormes du débit de la rivière Nelson, allant jusqu’à doubler son débit moyen pendant l’hiver, rendent la glace instable et dénudent régulièrement le fonds des lacs pendant la saison estivale, dont le lac Cross.
Deux nations cries vivant dans les environs du cours inférieur du fleuve Nelson furent exclues des négociations mentant à la signature de la Convention en 1977 : les Nations Cries Fox Lake et War Lake, près des villages Gillam et Ilford. Ces deux nations cries, le gouvernement du Manitoba et la société Manitoba Hydro ont signé, en 2004 et 2005, des ententes sur leur indemnisation pour l'impact historique du développement hydroélectrique du Nelson et sur la participation des deux communautés dans tout futur projet hydroélectrique dans la région, notamment le projet Conawapa sur le cours inférieur du Nelson.
Dans le but d'établir une nouvelle relation avec les communautés autochtones, le Gouvernement du Manitoba s’est associé en 2000 à la Nation Crie Nisichawayasihk en vue de l’installation d’une centrale hydroélectrique sur le canal de dérivation du fleuve Churchill (les rivières Rat et Burntwood). Le début de la construction de la centrale Wuskwatim, d’une puissance de 200 MW, est prévu en 2007. Le lac Wuskwatim, en amont de la centrale, ne sera pas affecté.
Le Gouvernement du Manitoba et la Nation Crie Tataskweyak, de Split Lake, sur le fleuve Nelson, ont aussi signé une entente de principe en vue de la construction d’une centrale de 600 MW à Keeyask (Gull). Les Cris de Tataskweyak auront aussi le droit de devenir propriétaire minoritaire (25%) de la nouvelle centrale. Les ententes avec les deux nations cries prévoient d'importantes compensations financières pour l’impact historique et futur du développement hydroélectrique des fleuves Nelson et Churchill.
Le gouvernement du Manitoba négocie aussi avec la Nation Crie York Factory au sujet du développement du cours inférieur du Nelson, dans la région de châsse et de pêche traditionnel de leurs membres (le projet Conawapa de 1380 MW).
Toutefois, le Nation crie Pimicikamak, de Cross Lake, mène depuis 2002 une campagne concertée contre la construction de nouvelles centrales hydroélectriques dans le nord du Manitoba. Cette communauté, près du Lac Winnipeg et la centrale existante Jenpeg, ne saura bénéficier de ces nouvelles ententes sur le développement conjoint du fleuve Nelson.