Croyant que le sang d'une personne est sacré, et qu'il ne leur est pas permis de le recevoir ou de l'ingérer, les Témoins de Jéhovah refusent la transfusion sanguine. Le problème éthique se pose au médecin si un enfant de Témoin de Jéhovah a besoin d'une transfusion et que ses parents s'y opposent pour des raisons religieuses. Il faut savoir qu'il existe des traitements alternatifs dans bien des cas mais pas tous. Le médecin, s'il ne souscrit par à ces croyances, peut-il passer outre la demande des parents sous prétexte que leur croyance est, selon lui, « pure foutaise » ?
Dans la pratique, le droit français reconnaît au médecin le droit de demander un placement provisoire auprès du Procureur de la République afin d'effectuer une transfusion sanguine nécessaire (Article 375 du code civil, article 42 et 43 du Code de déontologie). Face à une situation d'urgence le médecin peut même, si le temps ne lui permet pas, s'abstenir de demander son accord au tribunal (Article 32 et 9 du Code de déontologie). Néanmoins, la jurisprudence punit tout recours systématique au placement provisoire sans preuve du caractère urgent et nécessaire de celui-ci, de plus la nouvelle loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé oblige les médecins a recherché le consentement du mineur (Article L. 1111-4 alinéa 5 du Code de santé publique).
Dans le domaine de la santé mentale, la critique de la science comme un pouvoir oppresseur s'est particulièrement cristallisée avec le courant de l'antipsychiatrie. Pour Michel Foucault (Foucault, 1972), c'est bien la psychiatrie qui a commencé le biopouvoir et non pas les biotechnologies. La psychiatrie a en effet modifié la façon de penser la notion de personne dont nous parlions plus haut.
Donnons comme exemple de l'aspect potentiellement oppresseur de la psychiatrie la célèbre recherche de David L. Rosenhan (Rosenhan, 1981), Être sain dans un environnement malade, dans laquelle il envoya des faux patients se faire interner dans des hôpitaux psychiatriques.
Le faux patient se présentait au bureau des admissions en se plaignant d'avoir entendu des voix. À la question de savoir ce que les voix disaient, il répondait qu'elles étaient souvent peu claires, mais qu'elles lui semblaient dire « vide », « creux », « étouffant ». Sur cette base très légère, ils étaient admis sous le diagnostic de schizophrénie.
Une fois admis, les faux patients agissaient tout à fait normalement, réagissant naturellement à toutes les situations d'enfermements dans l'hôpital psychiatrique. Pourtant, une fois admis dans les établissements, tous leurs comportements étaient interprétés par le personnel soignant comme étant des symptômes de leur schizophrénie. On leur avait demandé, par exemple, de prendre des notes ; ce qui était interprété par le personnel soignant comme étant un symptôme. De même, le fait d'attendre à la table des repas en avance fut interprété par un psychiatre qui passait par-là comme étant la preuve d'une fixation du faux patient au stade oral, alors que le faux patient expliqua par la suite à David L. Rosenhan qu'il attendait là à l'avance parce qu'il n'y avait strictement rien d'autre à faire comme activité dans l'établissement.
Aucun des établissements ne revint sur le diagnostic de schizophrénie, qui est visiblement donné à vie au patient, et les différents sujets furent finalement renvoyés chez eux comme étant des schizophrènes en rémission.