Rudi Dutschke - Définition

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Anecdote

Le 30 avril 2008 une partie de la Kochstraße (Berlin) est officiellement devenue la Rudi Dutschke-Straße, elle est traversée par la Axel Springer-Straße. Cette décision a soulevé une polémique toujours pas résolue à ce jour.

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Idées

Généralités

Dutschke se considérait depuis sa jeunesse comme un socialiste démocratique antiautoritaire. Puis au cours de ses études, il est devenu marxiste révolutionnaire, se réclamant du philosophe hongrois Georg Lukács. Comme lui, il dénonçait les libertaires, l'oubli trop fréquent des traditions du mouvement ouvrier, le réformisme autant que le stalinisme.

L'objectif de Dutschke était « la libération totale des hommes de la guerre, de la faim, de l'inhumanité et de la manipulation » au moyen d'une révolution mondiale. Avec cette Utopie radicale, il renouait avec le socialisme chrétien de sa jeunesse, même s'il ne croyait alors plus à un Dieu transcendant. En 1978, il déclare lors d'une réunion avec Martin Niemöller : « Je suis un socialiste qui se situe dans la tradition chrétienne. Je suis fier de cette tradition. Je vois le christianisme comme une expression spécifique des espoirs et des rêves de l'humanité ». Le lien entre ces deux traditions s'exprime au travers de l'amitié de toute une vie avec Helmut Gollwitzer et aussi dans le nom double de son premier fils Hosea-Che qui fait référence à la fois aux prophètes bibliques Hosea et au révolutionnaire argentin Che Guevara.

Analyse économique

Dutschke a essayé d'appliquer la Critique de l'économie politique de Marx au temps présent et aussi de la développer. Il a considéré le système social et économique de la République fédérale d'Allemagne comme partie d'un capitalisme mondial complexe qui pénètre tous les secteurs de vie et opprime la population salariée.

L'économie de marché fait certes participer le prolétariat à la prospérité relative des pays industriels avancés, le fusionnant toutefois ainsi dans le capitalisme et le trompant sur les rapports de force effectifs. La démocratie représentative et le parlementarisme sont donc pour Dutschke l'expression d'une 'tolérance répressive (Herbert Marcuse) qui masquent l'exploitation des travailleurs et protègent les privilèges des possédants. Il ne pense pas que ces structures puissent être réformées ; elles devraient plutôt être changées dans un processus révolutionnaire international différencié qu'il qualifie de longue marche par les institutions. En République fédérale, Dutschke s'attend, après la fin du miracle économique, à une période de stagnation. Le maintien par la subvention de secteurs non rentables comme l'agriculture et l'industrie minière ne sera plus à l'avenir financièrement possible. Des suppressions massives d'emploi sont donc prévisibles qui conduiront à des crises structurelles du capitalisme et contraindront l'État à des interventions toujours plus massives dans l'économie qui mèneront à un étatisme intégral. L'État orientera l'économie dans sa totalité tout en maintenant formellement la propriété privée. Un tel État n'est stable qu'en recourant à la force contre les victimes non consentantes de cette crise structurelle. Dutschke voit dans le progrès technique une base pour des changements fondamentaux de la société : l'automatisation, l'utilisation croissante des ordinateurs et de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques rendent le travail salarié de moins en moins indispensable. Ainsi du temps de travail sera dégagé, qui pourra être utilisé contre le système. Pour ce renversement nécessaire, le sujet révolutionnaire fait toutefois défaut à la République fédérale. Se basant sur Herbert Marcuse, (L'Homme unidimensionnel ), Dutschke croit en un gigantesque système de manipulation qui fabrique une nouvelle souffrance des masses qui ne sont même plus capables de se révolter. Les prolétaires allemands ont vécu aveuglés dans une fausse conscience et ne pourraient donc plus directement percevoir la violence structurelle de l'État capitaliste. Une autogestion de ses intérêts, de ses besoins, de ses désirs est ainsi devenue historiquement impossible.

Sur l'unité allemande

Dès la période de sa jeunesse en RDA, Dutschke considérait la division de l'Allemagne comme un anachronisme, puisque les deux États allemands devraient d'abord surmonter l'héritage du fascisme. Le 14 août 1961, Dutschke s'est attaqué au mur de Berlin et a été arrêté pour cela à Berlin Ouest.

Dans sa biographie de Dutschke, généralement rejetée par les spécialistes, Bernd Rabehl a essayé de voir dans son ancien camarade de lutte le représentant d'une révolution nationale. Gretchen Klotz l'a énergiquement contredit : « Rudi voulait supprimer l'obéissance des caractéristiques d'une identité allemande. […] Il a combattu pour une Allemagne antiautoritaire, démocratique et unie dans un monde antiautoritaire, démocratique et socialiste. Il n'était pas un "national-révolutionnaire" mais un socialiste internationaliste qui, contrairement à d'autres, avait compris qu'il est politiquement faux d'ignorer la question nationale. […] Il a cherché quelque chose de tout à fait nouveau qui s'affranchisse du passé allemand autoritaire et national-chauvin. Celui qui interprète différemment les idées de Rudi les falsifie ».

Sur le terrorisme

Marxiste antiautoritaire, Dutschke se tenait à l'écart de tous les concepts susceptibles de générer un isolement de la population et un retard de sa prise de conscience. Il a aussi fait face d'un œil critique à la terreur individuelle instaurée, après la décomposition du SDS en 1970, par différents groupes de la gauche radicale tels que les Tupamaros de Berlin Ouest ou la Fraction armée rouge (Rote Armee Fraktion RAF). Le 9 novembre 1974, Holger Meins, membre de la RAF meurt en prison d'une grève de la faim. Lors de son enterrement, Dutschke lève le poing et déclare : Holger, le combat continue !.

Après le meurtre de Günter von Drenkmann, il réagit dans une lettre adressée à l'hebdomadaire Der Spiegel dans laquelle il déclare : "Holger le combat continue ! Cela signifie pour moi que la lutte des exploités et des humiliés pour leur libération sociale constitue la base unique de notre action politique en tant que socialiste et communiste révolutionnaires. […] L'assassinat d'un président de chambre antifasciste et social-démocrate doit toutefois être compris comme meurtre dans la tradition allemande réactionnaire. La lutte des classes est un processus d'apprentissage. La terreur handicape toutefois chaque processus d'apprentissage des opprimés et des humiliés". Ultérieurement, dans une lettre privée du 1 er février 1975 adressée au représentant du SPD au Bundestag Freimut Duve, Dutschke explique que son intervention aux obsèques de Meins est certes psychologiquement compréhensible mais politiquement toutefois trop peu réfléchie. Le 7 avril 1977, le jour du meurtre de l'avocat général fédéral Siegfried Buback, il note dans son agenda : La coupure de la continuité à gauche dans le SDS a des conséquences mortelles qui deviennent perceptibles. Que faire ? Le parti socialiste devient toujours plus indispensable !. Il considère alors la création d'un parti à la gauche du SPD comme une alternative nécessaire au terrorisme. Au cours de l'automne allemand de 1977, on a reproché à de nombreux intellectuels d'avoir créé la couche nourricière mentale des RAF. Dans le journal Die Zeit du 16 septembre, Dutschke retourne le reproche aux partis dominants et met en garde contre les conséquences de la terreur : La terreur individuelle conduit au despotisme et non au socialisme. Pourtant, le Stuttgarter Zeitung du 24 septembre l'accuse d'être personnellement un précurseur de la RAF : C'est bien Rudi Dutschke qui […] avait exigé que le concept guérilla urbaine soit développé dans ce pays et que soit provoquée la guerre dans les métropoles impérialistes.

Dutschke a rétorqué que l'attentat contre lui a généré "un climat mental, politique et psychosocial d'inhumanité" (2 août 1978) et il soulignait encore en décembre 1978 : La terreur individuelle […] est hostile aux masses et antihumaniste. Chaque petite initiative citoyenne, chaque mouvement politico-social de jeunes, de femmes, de chomeurs, chaque mouvement de lutte des classes […] est cent fois plus digne et qualitativement différent de l'action la plus spectaculaire de la terreur individuelle.

Sur le parlementarisme

Dutschke a résolument rejeté dans les années 1960 la démocratie représentative : le parlement ne garantit pas la représentation populaire. Dans un entretien à la télévision, le 3 décembre 1967, il explique : Je considère que le système parlementaire existant est inutile : nous n'avons pas dans notre parlement de représentants qui expriment les intérêts de notre population, les vrais intérêts de notre population. Certes ils peuvent demander maintenant : Quels vrais intérêts ? Mais les exigences sont bien là. Même au parlement. Exigence de réunification, garantie des postes de travail, garantie des finances publiques, remise en ordre de l'économie, ce sont des exigences que doit satisfaire le parlement. Mais cela il ne peut le réaliser que s'il entame un dialogue critique avec la population. Aujourd'hui, la séparation est totale entre les représentants au parlement et le peuple tenu en minorité. Pour surmonter ce fossé entre gouvernants et gouvernés, Dutchke s'est prononcé en faveur d'une République des Conseils qu'il voulait développer de manière exemplaire à Berlin Ouest.

Plaque commémorative du lycée de Luckenwalde
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