La gestion de la sécurité aérienne en France s'inscrit dans la double logique de la gestion de la sécurité aérienne dans le monde et la gestion de la sécurité aérienne en Europe. En effet, l'OACI a défini une approche prescriptive et une approche fondée sur la performance de la gestion de la sécurité aérienne. Ces préceptes visent à établir des standards à minima en matière de sécurité aérienne pour rendre le plus homogène possible le niveau de sécurité dans le monde et à guider les Etats vers une harmonisation de leur gestion de la sécurité aérienne. La France en tant qu'Etat contractant de l'OACI se doit d'être en conformité avec ces préceptes. De plus, l'Europe a affirmé une volonté, par le biais de la commission européenne et d'institutions comme l'AESA et Eurocontrol, d'aller sur certains points au delà des standards minima préconisés par l'OACI pour faire de l'Europe l'un des espaces aériens les plus sûrs au monde. La France se conforme donc aussi et met en oeuvre cette gestion de la sécurité aérienne en Europe. Cet article présente le cadre réglementaire de la sécurité aérienne en France puis l'autorité de l'Aviation Civile qui est le chef d'orchestre de la gestion de la sécurité aérienne en France. Ensuite, il aborde la transposition d'exigences réglementaires européennes en matière de sécurité aérienne, les ESARR dans la gestion de la sécurité aérienne en France. Enfin, il présente la sous-direction de l'autorité de l'Aviation Civile plus spécifiquement en charge de la réglementation et de la surveillance de la sécurité aérienne en France.
L'OACI préconise que les Etats doivent établir des programmes de sécurité d'Etat pour réaliser un niveau de sécurité acceptable . Les Etats sont responsables du programme de sécurité qui inclut
En France, la législation relative à l'aviation civile se trouve dans le code de l'aviation civile Le processus d'harmonisation internationale s'inscrit aussi au niveau de la réglementation et les nouvelles versions des textes réglementaires nationaux veillent à garder une cohérence avec la réglementation internationale.
Ainsi la réglementation française relative à la circulation aérienne (et donc à sa sécurité) se décline principalement selon
c'est l'équivalent national de l'annexe 2 de l'OACI.
c'est l'équivalent national de l'annexe 11 de l'OACI.
c'est l'équivalent de la Doc 4444 de l'OACI.
Conformément aux exigences de l'OACI, une autorité nationale de l'Aviation Civile a en charge la supervision de la sécurité aérienne en France. Cette supervision s'articule autour de 3 directions :
Dans le cadre du programme USOAP de l'OACI, un audit de supervision de la sécurité de l'aviation civile en France a été mené en juin 2008.
En France, la gestion de la sécurité se décline en
Ce PSE vise à
On retrouve dans les orientations stratégiques du PSE les concepts de la gestion de la sécurité développée par James Reason:
On constate donc que la France tente d'optimiser l'efficacité de sa gestion de la sécurité aérienne en agissant sur tous les leviers disponibles (gestion réactive (BEA et SMS), gestion proactive (Audits,SMS), gestion prédictive (Etudes de sécurité)).
On rappelle que les ESARR (Eurocontrol Safety Regulatory Requirements) sont des exigences réglementaires édictées par Eurocontrol sous l'égide de la commission européenne. Elles ont nécessité une transposition dans la réglementation nationale des Etats membres.
coté Bord :
coté ATC :
Par application des ESARR, la notification des événements touchant à la sécurité est une obligation qui incombe au contrôleur aérien. Cette FNE est ensuite saisie pour analyse dans une Base de données nationale de la sécurité de la DSNA.
Afin de se conformer à la fois aux exigences OACI et aux ESARR, la DGAC a introduit une exigence sur la mise en oeuvre des SMS dans l'arrété du 22 décembre 2008.Cette exigence s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre du PSE. Le SMS a pour objectif de mettre en place une approche intégrée de la sécurité en assurant la cohérence des différents éléments de la chaîne sécurité (formation, procédures opérationnelles, audits, retour d'expérience,etc ...). Le SMS intègre tant une approche réactive (analyse des évènements) qu'une approche proactive (retour d'expérience) mais aussi une approche prédictive qui recherche dans l'activité opérationnelle les précurseurs d'événements redoutés. Parmi les exigences des ESARR3, la DSNA a mis oeuvre dans son SMS de la façon suivante :
Une approche décentralisée et itérative de l'analyse des évenements a été mise en oeuvre : CLS (Commission Locale de Sécurité) ITES (Instance de Traitement des Evènements Sécurité)
L'Ecole Nationale de l'Aviation Civile (ENAC), organisme de formation initiale de la DGAC, a été habilité à délivrer les licences européennes de contrôleur aérien et d'ingénieur électronicien en charge de la maintenance des systèmes ATM.
La DGAC a depuis le 1er janvier 2009 une direction, la Direction de la Sécurité de l'Aviation Civile (DSAC) qui a en charge l'ensemble du domaine de la sécurité allant de la réglementation aux actions de surveillance sur le terrain. La DSAC est organisée en
Cette sous-direction traite de la réglementation touchant aux domaines de l'exploitation des aérodromes, de la navigabilité des aéronefs, des personnels de l'Aviation Civile et des opérations aériennes. A ce titre, elle a notamment contribué à la mise en place de la licence des personnels de maintenance des systèmes de navigation aérienne (ESARR5) en liaison avec l'AESA dont c'est une des nouvelles attributions.
Elle assure l'agrément et la surveillance des organismes de formation au pilotage.
Il s'agit ici de certifier et surveiller l'exploitation des aéronefs en France. Pour ce faire, DSAC/NO contrôle d'une part les activités de conception, construction et maintenance en collaboration avec l'AESA. En fait la DSAC/NO met au service de l'AESA un pôle d'experts pour ces missions. DSAC/NO intervient aussi dans le cadre des contrôles au sol au programme SAFA. D'autre part, DSAC/NO certifie et surveille les méthodes des exploitants d'aéronefs.
Cette sous-direction est chargée de certifier et surveiller les exploitants aéroportuaires et les prestataires des services de la navigation aérienne (DSNA,MéteoFrance,prestataires AFIS) en France. La surveillance des aéroports déjà certifiés s'effectue au travers d'audits de leurs SMS. Dans ce cadre,DSAC/ANA a certifié la DSNA en tant que prestataire des services de la navigation aérienne (certification délivrée le 19 décembre 2006 pour 4 ans). DSAC/ANA délivre aussi les licences européennes de contrôle en France (ESARR5).
La France dispose d'un organe dédié aux investigations techniques sur les accidents et incidents graves, le Bureau Enquêtes Analyses (BEA). Cette instance est indépendante de la DGAC pour rendre ses conclusions en toute impartialité. Elle est hierarchiquement rattachée au ministère de tutelle (Ministère de l'Ecologie,de l'Energie,du Développement Durable et de la mer). C'est la plaque de Reason la plus aval du système de gestion de la sécurité aérienne en France puisqu'elle intervient après l'accident (gestion réactive).