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Shambleau (titre original : (en)Shambleau) est une nouvelle de l'auteur américaine C. L. Moore parue en 1933 qui mêle fantastique et science-fiction. Cette nouvelle donna plus tard son titre à la traduction française d'un recueil de nouvelles paru en 1953 et relatant les aventures de Northwest Smith, un aventurier de l'espace.
Les nouvelles originales de Catherine Lucille Moore mettant en scène Northwest Smith, un aventurier de l'espace, parurent toutes dans la revue américaine spécialisée Weird Tales, à partir de 1933. Elles furent rassemblées dans un recueil vingt ans plus tard, à partir de 1953.
Aux États-Unis, sept nouvelles de Catherine L. Moore furent tout d'abord réunies dans un volume intitulé Shambleau and others (1953), un recueil qui faisait alterner les aventures des deux personnages principaux de l'auteur : Northwest Smith (quatre nouvelles) et Jirel de Joiry (trois nouvelles). Un second volume parut l'année suivante sous le titre Northwest of Earth (1954), avec cinq nouvelles consacrées à Northwest Smith et deux à Jirel de Joiry.
En France, la nouvelle Shambleau parut en traduction française dès 1954 au « Rayon fantastique » dans un recueil intitulé Escales dans l'infini. Le premier recueil fut édité dans la collection « Le Rayon fantastique » en 1957, avec huit nouvelles dédiées aux seules aventures de Northwest Smith, sauf Shambleau. Ce n'est qu'en 1972 que furent réunies Shambleau et les huit autres nouvelles en une compilation des récits publiés dans les deux premières éditions américaines.
L'édition J'ai Lu de 1972 se compose de neuf nouvelles parues à l'origine dans le magazine américain spécialisé Weird Tales à partir de 1933 et toutes consacrées aux aventures de l'aventurier de l'espace Northwest Smith :
Il existe très peu de références croisées entre les neuf nouvelles du recueil. Si l'univers science-fictif et les deux personnages principaux servent de dénominateurs communs aux différentes nouvelles, les récits n'entretiennent cependant aucun lien narratif particulier, chacun se développant de manière autonome. Seule exception, la nouvelle intitulée Yvala (1936), dans laquelle Catherine Lucille Moore fait une allusion directe aux vierges de la Minga, une histoire fabuleuse racontée dans La Soif noire (1934).
Les nouvelles de Catherine Lucille Moore mêlent deux genres distincts : la science-fiction et le fantastique. L'histoire cadre de chaque nouvelle, qui présente la situation initiale de Northwest Smith, relève toujours de la science-fiction avec ses vaisseaux spatiaux, ses voyages interplanétaires, ses colonies extra-terrestres et ses armes de haute technologie. En revanche, l'intrigue du récit se déroule systématiquement dans un univers fantastique qui entraîne le héros et son lecteur dans une autre dimension de la réalité, qu'elle soit onirique, temporelle ou psychique.
Si les éléments relevant directement de la science-fiction ne sont en général qu'esquissés, la dimension fantastique en revanche est largement développée et conduit le héros aux confins de l'horreur et de l'angoisse. Par son usage intensif des ressources littéraires du fantastique, par les thèmes abordés et la tonalité générale d'angoisse de ses récits, C. L. Moore se situe dans le sillage littéraire d'H. P. Lovecraft.
Le style littéraire de C. L. Moore est marqué par l'usage insistant d'oxymores comme l'extase irrémédiablement associée au dégoût ou le thème très romantique de la beauté associée à la mort : « Il en frémissait d'horreur, mais c'était une répulsion perverse qui désirait ce qu'elle haïssait. » En conséquence, les champs lexicaux les plus fréquemment utilisés sont ceux de l'angoisse, de l'horreur et du dégoût (avec une large palette de qualificatifs récurrents comme « immonde, odieux, monstrueux, cauchemardesque, écœurant, épouvantable, effrayant, repoussant, inhumain, etc. ») et ceux du plaisir, du désir, de la sensualité et de l'extase. Catherine Lucille Moore renforce encore l'atmosphère toujours ambiguë et fatale de ses récits par l'amplification progressive de ces sentiments d'extase ou de dégoût, les portant toujours à la limite du pouvoir évocateur des mots, jusqu'à l'indicible et l'innommable. Autre registre littéraire utilisé par l'auteure, celui du toucher avec un lexique qui tourne autour de la viscosité, de l'épaisseur des fluides et de la boue.