Le comportement guerrier, souvent perçu comme une caractéristique humaine, se manifeste également chez nos cousins les plus proches, les chimpanzés. Cette découverte, principalement issue des travaux de Jane Goodall en Tanzanie, révèle que ces
primates partagent avec nous des tendances à la violence organisée et mortelle.
Dans les années 70, Goodall a observé un conflit prolongé entre deux communautés de chimpanzés dans le parc national de Gombe, lequel a duré quatre ans. Ce conflit, marqué par des assassinats brutaux, a abouti à la prise de territoire par le groupe vainqueur. Ces
observations ont mis en
lumière une capacité des chimpanzés à former des alliances politiques complexes et à mener des combats pour des ressources et des positions hiérarchiques, similairement aux motifs humains de guerre.
Les chimpanzés de Kibale, en Ouganda, démontrent également des comportements guerriers. Ils pratiquent des patrouilles organisées et ont été observés en train de commettre des infanticides lors de leurs raids, rappelant la brutalité des conflits humains. Ces comportements ne sont pas isolés aux seules interactions entre communautés rivales mais apparaissent aussi dans des tensions internes, comme l'illustre l'attaque et le meurtre d'un ancien mâle alpha isolé au Sénégal, révélant une cruauté rare mais choquante.
Ces découvertes invitent à une réflexion sur les racines de la violence et de la guerre. Elles mettent en question notre supériorité morale présumée et suggèrent que nos instincts les plus sombres pourraient être plus profondément ancrés dans notre héritage évolutif qu'on ne le croyait.
L'étude des comportements des chimpanzés nous offre donc une fenêtre précieuse sur notre propre nature et sur les origines possibles de nos comportements les plus destructeurs.