Une barre à mine est un outil en fer servant principalement à creuser des trous dans la roche pour y placer des mines.
Au sens premier, une mine est une excavation pratiquée sous un ouvrage pour y fourrer une charge explosive. Par métonymie, c'est aussi cette même charge. L'outil communément appelé " barre à mine " mérite donc doublement son nom : il sert à creuser des mines (des cavités) pour y mettre des mines (des charges).
Mais forer des trous n'est pas la seule utilité de la barre à mine : celle-ci peut servir, par exemple, à décoller des plaques d'ardoise dans une carrière, à déchausser les pierres d'une maçonnerie, à déplacer des blocs de pierre, à soulever des plaques d'égout ; son rôle est alors celui d'un levier.
Certains tracéologues font remonter la barre à mine à la préhistoire, voyant en elle l'outil qui aurait servi à creuser les puits à silex néolithiques de Flins-sur-Seine dans les Yvelines. Il faut préciser cependant, pour éviter tout anachronisme (le fer et a fortiori la poudre étant encore inconnus à l'époque), qu'il ne peut s'agir que de barres en bois dur (érable, buis).
Pour trouver des barres en fer, il faut attendre l'Âge du fer. On en aurait trouvé trace dans les vestiges d'habitations gauloises de la Tène III (2e moitié du IIe siècle av. J.-C. - Ier siècle av. J.-C.) situées au Puy d'Issolud dans le Lot[1]. Cet optimisme doit être tempéré : l'Âge du fer n'est pas l'Âge de l'acier, le seul matériau qui permette de faire une barre à mine digne de ce nom.
Il faut sauter quelques siècles, en fait jusqu'à la fin du XVIIe siècle ou au début du XVIIIe siècle, pour trouver de véritables barres à mine employées avec des explosifs : aux carrières de meules de moulin de Quaix-en-Chartreuse en Isère on retrouve, au sommet des fronts de taille les plus récents, les trous laissés par ces outils de forage [2].
Au XIXe siècle, la barre à mine connaît des heures fastes avec le percement de nouvelles voies de communication et les grands travaux d'aménagement des terroirs agricoles.
Le tunnel du Lioran dans le Cantal, commencé en 1839 et terminé en 1847, lui doit une fière chandelle[3]. Mais le tunnel du Mont-Cenis entre la France et l'Italie, commencé en 1857 à la barre à mine, est poursuivi, à partir de 1861, à la toute nouvelle perforatrice à air comprimé [4].
Dans le domaine agricole, l'emploi de la barre à mine est attesté pour la construction ex-nihilo de champs dans le massif du Coiron en Vivarais entre 1850 et 1870 : à côté de la pioche, de la pelle et de la brouette, c'est l'outil des " faiseurs de champs " qui transforment une lande ou un bois en terre cultivable pour le compte d'un propriétaire[5].
Aujourd'hui, la barre à mine figure au catalogue des marchands d'outillage, sa morphologie variant au gré des usages auxquels elle est destinée :
Un mètre est une longueur minimale pour une barre à mine. Celles en vente dans les magasins d'outillage vont de 1 m à 3 m.
Un accident impliquant une barre à mine (ou un bourroir) utilisée pour damer de la poudre (en anglais tamping bar), est à l'origine du cas neurologique célèbre du cheminot américain Phineas Gage.
Dans le français parlé en Nouvelle-Calédonie, l'expression imagée " épais comme une barre à mine " se dit d'une personne à la maigreur insigne.
Christian Lassure, Barre à mine découverte au bois de Lirate à Vals-près-le-Puy (Haute-Loire) (photo et dessin de Gérald Pinault)[6]