Le principe de la vie en autarcie implique que les moines cisterciens doivent subvenir eux-mêmes à leurs besoins, notamment dans le domaine alimentaire. Pour cela, la règle prévoit que la communauté peut accepter les biens suivants : « étangs, forêts, vignes, pâturages, terrains écartés des habitations séculières, et des animaux ». De même, elle prévoit l’utilisation de convers (= frères laïcs) pour participer au travail manuel.
Comme toutes les abbayes de son ordre, l’abbaye de Signy organise très tôt son domaine autour de plusieurs centres d’exploitation appelés grangiae. Selon la règle, les granges devaient être situées au plus à une journée de marche de l’abbaye pour que les convers qui y travaillaient puissent se rendre à la messe au couvent le dimanche et les jours de grandes fêtes chrétiennes. Toutes les granges de Signy ne respectaient pas cette obligation et certaines en étaient même assez éloignées.
Les convers étaient, pour la plupart, des paysans des villages environnants ne possédant pas de terres ou ayant perdu leurs biens suite à des problèmes de dettes ou de justice. Avec l’accord de leurs seigneurs, ils choisissaient alors d’offrir leur travail à un monastère en échange du couvert, du gîte et de la protection. Ils étaient eux aussi sous la direction de l’abbé, ainsi que du cellérier qui exerçait son autorité par l’intermédiaire d’un maître à la tête de chaque grange.
La production céréalière semble la plus importante. Les céréales servent à nourrir les moines et les convers, mais aussi à payer les cens. En effet, les actes du cartulaire évaluent les sommes à payer en muids de grains, certains actes parlent de froment, très certainement la production essentielle et dans une moindre mesure d’avoine et de seigle. La culture de céréales concerne surtout les terres de Chappes, Ruisselois, Bray et Chaudion qui étaient alors des granges céréalières grâce à leurs sols plus propices à ce genre de cultures que les terres situées à proximité immédiate de Signy, plutôt réservées à l’élevage.
L’élevage est sans doute l’activité essentielle autour de l’abbaye dans les prés mais aussi dans la forêt. L’abbaye possèdent de très nombreux prés surtout à Signy, Thin-le-Moutier, Froidmont, Wasigny, mais aussi plus loin comme à Launois, Haudrecy, Sormonne. Les acquisitions de prés se multiplièrent surtout à la fin du XIIIe siècle à Saint-Jean-aux-Bois, Maranwez, La Hardoye, Rubigny, ainsi qu’à Rocquigny, localités possédant des sols plus propices à l’élevage qu’à la céréaliculture. Cette activité semble alors prendre une plus grande importance dans l’économie de l’abbaye de Signy. Ce changement s’explique sans doute par la diminution du nombre des convers travaillant pour le monastère. L’élevage étant une activité demandant moins de main-d’œuvre que la culture, les moines de Signy choisirent alors de se concentrer davantage sur cette activité. Les sources nous renseignent sur la présence d’une porcherie à Chaudion, ainsi que de la pratique de la glandée en forêt. Une bergerie est installée dans la grange de l’Écaillère. En plus des porcs et des moutons, des vaches, des bœufs, des chevaux et de la volaille sont élevés dans certains bâtiments de l’abbaye.
La viticulture était tout d’abord destinée à satisfaire les impératifs de la liturgie chrétienne en produisant le vin de messe. Elle devient ensuite une source d’enrichissement pour le monastère grâce à la commercialisation. La première acquisition de vigne par les moines de Signy date de la fin XIIe siècle à Moussy, près d’Épernay, mais la plupart des vignes acquises par l’abbaye se situent à Lavergny près de Laon, terroir viticole particulièrement réputé à l’époque médiévale. Cette grange constitue dès le XIIIe siècle le cellier de Signy.
D’autres productions sont évoquées dans les textes, comme l’élevage de poissons dans les viviers, la culture de fruits (pommes), légumes et autres plantes dans les jardins, la cueillette dans les bois, ainsi que la chasse pour obtenir de la viande uniquement réservée aux malades et aux hôtes.