Après quarante années d'abandon, faute de ressources, la chapelle est restaurée à l'aube du XXe siècle, à l'aide d'une subvention de la Commission des monuments historiques de la Sarthe et de plusieurs souscriptions particulières, sous la direction de Robert Triger, Président de la Société historique et archéologique du Maine, Inspecteur général de la Société française d'archéologie. L'abbé Sergent étant curé, et M. Leroy, Maire, de Chemiré-en-Charnie, la chapelle est rendue au culte le jeudi 11 juillet 1901, fête de la translation des reliques de Sainte Scolastique.
En 1901 et 1902, des fouilles archéologiques permettent de retrouver le plan de l'abbaye, avec l'église et la chapelle des vicomtes de Beaumont, le cloître, le chapitre, l'appartement abbatial, les bâtiments conventuels, -cuisine, dortoirs, salle à manger -, et les constructions agricoles. Elles attestent également que le chœur roman a été remplacé par un chœur gothique. Il est probable que le plan et les dimensions de l'abbatiale étaient à l'origine proches des églises du Pré au Mans, de Saint-Rémy de Sillé-le-Guillaume, ou de Tennie.
La chapelle est classée Monument historique depuis un arrêté du 7 novembre 1973.
L’abbaye
L'ancienne abbaye d'Étival-en-Charnie
L'abbaye, reconstruite après un incendie accidentel en 1511, est l'une des plus riches abbayes du Maine : d'une superficie de 1200 hectares, dotée de deux étangs dont un de sept hectares, d'un moulin, d'un four à chaux, de forges, c'est aussi une « entreprise » de 45 employés.
Cette abbaye devient au fil des ans un lieu de culte et de culture important (on y fait des traductions d'ouvrages en latin, traités divers et ouvrages religieux), ainsi qu'un refuge pour les persécutés des époques troublées que sont l'Inquisition et la Révolution française.
1789 : Quatorze moniales de chœur et six converses occupent encore l'abbaye lorsqu'elles en sont expulsées. L'abbaye est détruite en majeure partie par les révolutionnaires et les réfugiés périssent, ainsi que les religieuses.
Après un inventaire très précis du gouvernement révolutionnaire de 1790, qui estime sa valeur à 400 000 livres, l'abbaye est vendue 30 000 livres, puis sert de carrière de pierres à partir de 1792. En quelques années, il ne reste plus rien de la nef, ni du cloître.
Sous l'Empire, des travaux de reconstruction sont effectués et l'abbaye retrouve son prestige d'antan, notamment par la visite, lors de son inauguration, du pape Pie VII en personne.
Seul subsiste de nos jours l'ancien croisillonnord du transept de l’église abbatiale des Bénédictines du XIIe siècle, transformé en chapelle, auquel sont attachés une absidiole (avec deux colonnes à la base, comme les abbatiales de la Couture au Mans ou d'Avesnières à Laval) et un chapiteau travaillés) et une sacristie. D'un emploi courant à l'époque, des contreforts épaulent les murs dans les angles. Une fenêtre romane apparaît sur le haut du pignon avec de larges claveaux, la porte basse étant à deux voussures en grès roussard. À l'intérieur on peut observer les modifications des ouvertures tout au long des six siècles de fonctionnement de l'abbaye (de 1109 à 1790). Une fresque murale représente une abbesse tenant dans sa main droite une crosse et dans sa main gauche un livre entrouvert. Pierre tombale du XVe siècle-XVIe siècle, (ISMH 1989) fragment de la dalle funéraire de Jeanne de Laval (abbesse). Retable de 1780 composé de doubles consoles et de chapiteaux sur pilastres unis. On peut apprécier les chapiteaux des colonnes extérieures de l'abside du XIIe siècle et le vitrail aux armes de Raoul de Beaumont. L'autel, rapporté lors de la restauration de 1900, est signé du sculpteur Lebrun (1779, ISMH 1989).