L'abbaye de femmes Notre Dame d'Étival-en-Charnie, située à Chemiré-en-Charnie dans la Sarthe, aux confins du département de la Mayenne, fut fondée en 1109 grâce à la rencontre de l'ermite saint Alleaume, disciple de Robert d'Arbrissel, et de Raoul VII de Beaumont, vicomte de Beaumont.
Raoul VII de Beaumont, fils d'Hubert II de Beaumont, possédait plusieurs places fortes de la région : Beaumont, Fresnay et Sainte-Suzanne. C'est à une vingtaine de kilomètres de ce dernier château (qui avait victorieusement résisté aux troupes anglo-normandes de Guillaume le Conquérant vingt-deux ans plus tôt), au cœur de la forêt de la Charnie, que Raoul pourvoit financièrement à l'édification de l'abbaye. Les pierres de calcaire de la Champagne mancelle et les roches granitiques très dures, un peu rougeâtres, des environs (grès roussard) fournissent le matériau nécessaire à la construction, lui donnant une teinte sombre qui ajoute à l'austérité du lieu. L'évêque du Mans, Hildebert de Lavardin, vient consacrer l'église et désire qu'y soit suivi l'ordre de Saint-Benoît, à l'égal de la Communauté du Pré, établie sur le tombeau de l'évêque saint Julien du Mans au Mans.
Une abbaye de femmes
La plupart des abbesses d'Étival appartiennent aux premières familles nobles de la province du Maine (de Beaumont, de Brienne, de Sillé, de Bouillé, de Laval, du Bellay, de Cossé, de Courtalvert, etc...). Trente et une abbesses se succèdent à la tête de la maison des bénédictines, jusqu'en 1790. Parmi elles :
1109
Godehilde, la fondatrice, auparavant à l'abbaye du Ronceray d'Angers ; elle est la sœur de Raoul de Beaumont, et donc la fille d'Hubert II de Beaumont, vainqueur du siège de Sainte-Suzanne de 1083 à 1086.
1198 Julienne
1218 Thibault VI, Comte de Blois et de Chartres, crée le prieuré du Boulay, qu'il place sous l'autorité de l'abbesse d'Étival.
1294 Création de l'étang de l'abbaye d'Étival. Peut-être dû à la générosité de Robert de Chemiré-en-Charnie.
1300 Agnès de Pagana
1302 Héloïse de Chemiré, fille de Robert de Chemiré-en-Charnie.
1310 Jeanne de Brienne, veuve de Guy VIII de Laval. Donne aux religieuses la paroisse de Livet
1347
Marie de Beaumont
1371 Thiephaine
1374 Béatrix / Béatrice de Broucin (ou Broussin)
1381 Etiennette des Hayes
1420 Béatrix / Béatrice de Sillé
1439 Catherine de Tucé
1460 Jeanne de La Motte
1461 Jeanne de Baurelle
1476
Marguerite de Bouillé
1477-1513 Jeanne de Laval (1449-1513)créatrice d'un nouvel étang près de l'abbaye
1513 Antoinette de Souvre
1534 Anne du Bellay
1557 Renée d'Aunay
1582 Catherine de La Haye
1586 Angélique de Cossé
1623 Angélique d'Épinay Saint-Luc
1627-1660 Claire Neau, réformatrice. De mœurs austères, elle veut introduire la réforme en 1636 mais rencontre une vive résistance auprès des religieuses ; l'accord se réalise sur un programme plus « raisonnable » en 1650. Elle fut moquée par Scarron dans Le Roman comique (1e partie, chap. III).
1651 L'Abbesse d'Étival crée la forge du Lessivet
1653 Marie de Kernavo, Coaducatrice de Claire Neau
1675 Charlotte d'Étampes de Valançay († 1714)
1714 Charlotte-Madeleine Pezé de Courtalvert.
1726 Marie-Anne Charlotte de Rabaudange (Démissionne en 1768; † mars 1776 à Paris, chez les religieuses du Précieux Sang, où elle s'était retirée).
1770 Justine de Volserre des Adrets
1773 Madeleine de Bernart de Courmesnil, élève et amie de Madame de Rabaudange. Présente en 1789; dernière abbesse d'Etival.
1792 Madame de Scépeaux (se réfugie au château de Moulinvieux à Asnières-sur-Vègre).
NB : Les dates indiquent la présence de l'abbesse à Étival cette année là.