L’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte (Manche) a été fondée au Xe siècle par Néel de Néhou, vicomte de Saint-Sauveur.
L’abbaye fut construite à partir de 1067 par les moines de l’abbaye de Jumièges. Le vicomte de Néhou souhaitant remplacer le collège de clercs séculiers qui officiaient dans la chapelle de son château. Aux environs de 1180, le premier moulin à vent y a été installé.
De cette époque, l’église abbatiale garde encore un mur latéral (mur sud) qui présente des arcades en plein cintre, surmontées d’un triforium. D’autres éléments peuvent encore se voir dans le transept nord.
Lors de la Guerre de Cent Ans, Geoffroy d'Harcourt ayant du céder son château aux Anglais, le commandant des troupes anglaises, Jean Chandos, fit raser en partie l’abbaye, obligeant les moines à s’exiler.
Ces derniers durent attendre 1460 pour revenir et rebâtir l’église. Mais une partie des bâtiments conventuels disparut, à cause du régime de la commende qui empêchait d’avoir les moyens d’en assurer un entretien suffisant.
L’abbaye fut vendue comme bien national à la Révolution et l’église servit de carrière de pierres.
C’est en 1832 que Mère Marie-Madeleine Postel put acheter les ruines de l’abbaye dont elle voulait faire la maison mère de la congrégation qu’elle venait de fonder à Cherbourg. Il ne subsistait alors que deux petites maisons basses, à gauche de l’église, ainsi que le porche d’entrée et la partie basse du bâtiment qui servit longtemps de cellier et de remise.
En 1842, le clocher reconstruit s’effondra, suite à une violente tempête, sur le transept et les premières travées du chœur. Pas découragée, Mère Marie-Madeleine Postel, malgré son grand âge, entreprit de reconstruire la totalité de l’édifice en confiant les travaux à François Halley, architecte et sculpteur local. Afin de financer ces travaux, elle envoya la sœur Placide Viel demander des subsides jusqu’auprès de la reine Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe Ier, roi des Français.
La reconstruction sera achevée en 1855, neuf ans après la mort de son instigatrice. Dans le transept nord, ses reliques sont conservées, et dans la même chapelle se trouvent les reliques de la bienheureuse Placide Viel et celles de la bienheureuse Marthe Le Bouteiller. Le tombeau de sainte Marie-Madeleine Postel est une œuvre de François Halley.
Durant les combats de la Libération, en juin 1944, l’abbaye fut bombardée et incendiée. Sa restauration fut assurée par les Services de la Reconstruction et des Monuments Historiques, sous la direction de Y. M. Froidevaux. La chaire, œuvre inachevée de Halley fut alors déplacée. Elle se trouve actuellement au bas de la nef latérale nord, à gauche en entrant.
Dans le chœur, on peut voir un autel sculpté du XVe siècle illustrant des scènes de l’enfance de Jésus. Les vitraux qui ornent le choeur, l’abside et les verrières de la façade sont l'œuvre de Adeline Bony-Hébert-Stevens.
Une petite maison, appelée la Gloriette conserve les souvenirs de sainte Marie-Madeleine Postel, à l’endroit où se trouvait la bibliothèque du temps des moines bénédictins, et où la sainte vécut entre 1832 et 1846.