L'ancienne abbaye royale Notre-Dame du Lys, aujourd'hui en ruine, est une abbaye cistercienne de moniales fondée par Blanche de Castille et par Louis IX en 1244. Elle se situe en bordure du centre-ville de la commune de Dammarie-lès-Lys, à quatre kilomètres en aval de Melun, dans le sud de la Seine-et-Marne. Livrée aux pillages, transformée en enclos à boeufs à la Révolution, puis vendue comme ruine romantique à un Suisse en 1797, l'abbaye a été classée Monument historique en 1930.
La création de Notre-Dame du Lys participe de la période d'épanouissement de l'ordre de Cîteaux, période qui va du XIIe siècle jusque vers le milieu du XIIIe siècle et durant laquelle un grand nombre de monastères d'hommes et de femmes sort de terre. Les monastères d'hommes sont créés plutôt dans la première moitié du XIIe siècle et les monastères de femmes à la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle. De 1226 à 1248, pendant la minorité et les premières années du règne de saint Louis, c'est-à-dire pendant la période qui précède immédiatement la fondation de l'abbaye du Lys, de nombreux couvents cisterciens sont fondés et plusieurs églises consacrées. Le 24 octobre 1227 ont lieu la consécration et la dédicace de la magnifique église abbatiale que les cisterciens ont construite à Longpont. La même année voit la création des abbayes du Trésor Notre-Dame et de Royaumont, ainsi que le rattachement du couvent Panthémont à l'ordre de Cîteaux. En 1231, l'abbaye Notre-Dame-des-Prés est fondée près de Troyes. En 1233, c'est la consécration et la dédicace de l'église Saint-Antoine-des-Champs, par Guillaume d'Auvergne, évêque de Paris. En 1236, Blanche de Castille jette les fondements de Notre-Dame-la-Royale (Maubuisson), près de Pontoise ; en 1244, ceux de l'abbaye Notre-Dame du Lys, près de Melun. Sur les huit abbayes qui viennent d'être citées, deux sont des abbayes d'hommes, Longpont et Royaumont, toutes les autres sont des abbayes de femmes.
Le problème de la fondation de l'abbaye du Lys est délicat. Les actes touchant à l'abbaye et qui émanent de Louis IX semblent, à première vue, contradictoires. Dans la charte de fondation de juin 1248, il déclare avoir fondé et fait construire l'abbaye du Lys sur ses propres ressources, sans associer à son nom celui de sa mère, Blanche de Castille. Un mois plus tard, en juillet 1248, de Lyon, le roi accorde un droit d'usage dans la forêt de Bière à l'abbaye dans lequel il mentionne sa mère comme la fondatrice du Lys. Les actes royaux de ses successeurs ne sont guère plus éclairants : Philippe le Bel, son petit-fils, ainsi que Philippe V de France qualifient Louis IX de fondateur de l'abbaye, tandis que Philippe VI fait référence à Blanche de Castille.
Joinville, dans sa Vie de saint Louis, introduit une distinction intéressante. "Et otroia [Louis IX] à sa mère à fonder l'abbaïe dou liz de lez Melun sur Seinne a celle de lez Pontoise que l'on nomme Malbisson et puis leur donna grans rentes et possessions". Ainsi l'abbaye les aurait-elle eu tous deux pour fondateurs, saint Louis parce qu'il donna les ressources nécessaires pour lui assurer la vie matérielle, et Blanche de Castille parce qu'elle fut à l'origine du projet de fondation.
La fondation ex nihilo d'une abbaye comme celle du Lys est financièrement très lourde. Elle nécessite un apport de capitaux considérable. Il faut créer le monastère de toutes pièces : acheter les fonds de terre, faire édifier les bâtiments réguliers et l'église, pourvoir la nouvelle abbaye de terres et de rentes suffisantes pour permettre la vie et l'entretien d'un certain nombre de religieuses. Blanche de Castille vient de fonder le monastère de Maubuisson entièrement sur ses propres ressources et il lui est très difficile d'en édifier un nouveau presque aussi important. Saint Louis assume donc toutes les charges de la fondation mais laisse à sa mère, dès le début, l'initiative de l'entreprise. Le Lys ressemble d'ailleurs trop à Maubuisson pour que ces deux couvents ne puissent être considérés comme l'oeuvre du même auteur.
La charte de fondation est de juin 1248, cependant nous avons la preuve qu'au mois de mars 1244 le lieu où devait s'élever le futur couvent était choisi. Le cartulaire de la Bibliothèque nationale renferme la confirmation d'une vente effectuée à cette date par Guillaume de Sivry, vassal de Persoys de Vaux le Vicomte, à l'abbaye de Dammarie. Celle-ci n'existait pas encore puisqu'un certain Guérin Lysenet ne cédait qu'en juin 1244 la pièce de vigne sur laquelle le monastère allait être édifié.
Nous connaissons ainsi deux dates importantes : la première, 1244, est celle du début des travaux ; la seconde, 1248, celle de l'établissement certain des religieuses dans le nouveau couvent.