Académies talmudiques en Babylonie - Définition

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Organisation des académies

Les académies babyloniennes étaient officiellement connues sous le terme judéo-araméen de metivta (équivalent de l'hébreu yeshiva), session. Le doyen de l'académie était par conséquent appelé resh metivta (cf. hébreu rosh yeshiva). Selon la tradition, Rav Houna, successeur de Rav fut le premier à porter ce titre ; avant lui, le terme était resh sidra, « maître de l'organisation. » Resh metivta demeura la désignation officielle du doyen de l'académie jusqu'à la fin de la période gaonique ; le terme gaon ne s'y substituait pas, mais s'y adjoignait, prenant le sens de « son excellence. »

Les académies, à l'instar du Sanhédrin, jouaient le rôle d'autorité judiciaire suprême de leurs districts, c'est-à-dire le nord et le sud de la Babylonie (le centre étant, théoriquement tout au moins, sous la responsabilité de l'exilarque). Les responsa des Gueonim mentionnent d'ailleurs les membres du collège de l'école comme appartenant au « grand Sanhédrin » ou au « petit Sanhédrin. » Le Gaon occupait la fonction de Nassi, et son second celui de av beit din (président du tribunal rabbinique). Ce dernier rôle pouvait être tenu par des prétendants au gaonat, comme Haï Gaon.

D'autre part, elles étaient le centre mondial des études talmudiques, et acquirent, à partir de la seconde moitié de la période gaonique, une fonction encore plus importante, celle d'autorité consultative pour l'ensemble de la diaspora juive, à l'exception des possessions fatimides (qui comprenaient la terre d'Israël, l'Égypte et la Syrie). Les émissaires parvenaient souvent en Babylonie, chargés de dons pour la sustentation de l'académie, mais aussi de questions sur des points de rituel, de calendrier, de droit civil, etc. Aux académies la charge de leur fournir la réponse, dans une littérature appelée sheelot outeshouvot en hébreu, et responsa en latin. L'élaboration de ces responsa avait généralement lieu au cours de la kallah (« assemblée générale »).

La kallah, typique du judaïsme babylonien, et sans équivalent en terre d'Israël, avait déjà été instituée au temps des Amoraïm.
Du fait de la grande étendue de la Babylonie, et du la nécessité de réunir 71 Sages (car un grand Sanhédrin nécessite une assemblée de 71 personnes pour délibérer), deux Kallah se tenaient chaque année, à la morte-saison agricole (l'agriculture ayant été, jusqu'à l'établissement de la capitale du califat abbasside à Bagdad, l'activité traditionnelle des Juifs). La tenue et l'organisation de la Kallah, l'ordre de procédure et de hiérarchies sont relatées par Nathan HaBavli, un voyageur juif du Xe siècle :

Dans les mois de la kallah — c'est-à-dire en Eloul, à la fin de l'été, et en Adar, à la fin de l'hiver, les disciples se rendent depuis leurs divers lieux de résidence vers la réunion, après avoir préparé lors des cinq mois précédents le traité annoncé à la fin du précédent mois de la kallah par le directeur de l'académie. En Adar et en Eloul, ils se présentent devant le directeur, qui les examine sur ce traité. Ils s'assoient dans l'ordre de rang suivant : immédiatement à côté du président se trouve la première rangée, consistant en dix hommes ; sept d'entre eux sont les reshei kallah ; trois d'entre eux sont appelés ḥaverim [associés]. Chacun des sept reshei kallah a sous lui dix hommes appelés alloufim [maîtres]. Les 70 alloufim forment le Sanhédrin, et sont assis derrière la première rangée sus-mentionnée, sur sept rangs, leur face étant tournée vers le président.Derrière eux sont assis, sans place particulière, les autres membres de l'académie et les disciples assemblés
L'examen procède de la sorte : ceux qui sont assis au premier rang récitent à voix haute le sujet, tandis que les membres des autres rangées écoutent en silence. Lorsqu'ils arrivent à un passage qui requiert discussion ils en débattent parmi eux, le directeur prenant silencieusement note du sujet de la discussion. Le directeur donne ensuite lui-même un cours sur le traité en question, mettant en exergue les passages qui ont donné matière à discussion. Parfois, il adresse une question à l'assemblée concernant la manière selon laquelle une certaine
halakha [stipulation légale] doit être expliquée : ceci ne doit être répondu que par le sage nommé par le directeur. Le directeur ajoute sa propre interprétation, et lorsque tout a été clarifié, l'une des personnes du premier rang se lève et fait un discours, destiné à toute l'assemblée, résumant les arguments sur le thème qu'on a considéré. [...] La quatrième semaine du mois de la kallah, les membres du Sanhédrin, ainsi que les autres disciples, sont examinés individuellement par le directeur, afin de prouver leur connaissance et capacité. Quiconque se montre insuffisamment préparé, est révoqué par le directeur, et menacé de se voir supprimer la bourse allouée pour sa subsistance. [...] Les questions qui ont été reçues de différents quartiers sont également discutées lors de ces assemblées de kallah en vue d'y apporter une réponse définitive. Le directeur écoute les opinions de l'assistance, et formule la décision, qui est immédiatement consignée par écrit. À la fin de ce mois, ces réponses collectives sont lues publiquement à l'assemblée, et signées par le directeur.

Ce récit, bien que datant de l'époque des Gueonim, aurait pu s'appliquer en grande partie à l'ère des Amoraïm. C'est d'ailleurs en grande partie au cours des Kallah successives que s'est élaboré le Talmud de Babylone.

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