Allégorie de la caverne - Définition

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L'allégorie comme leçon sur les devoirs du philosophe

Le mouvement descendant

Mais le philosophe voit que sa mission est de montrer aux prisonniers leur erreur, eux qui discourent sans fin sur les ombres, persuadés qu'elles sont la seule réalité. Il revient faire leur éducation. Mais là, il est fort mal reçu par ces mi-aveugles qui ne croient pas en l'existence du monde des Idées, pourtant le véritable monde, car l'être humain est une âme bien plus qu'un corps. Un être humain est une âme immortelle, appartenant au monde des Idées, une âme enchaînée dans un corps prisonnier des apparences sensibles.

Autorité, soumission et pouvoir

Il s'agit aussi de tirer un ensemble d'enseignements portant sur les relations d'une personne qui sait avec celles qui ne savent pas. Platon fait notamment la démonstration de la difficulté qu'il y a à apprendre et à enseigner. Par extension, le philosophe établit le lien avec les relations à l'autorité, la soumission, la rébellion et la fuite.

Une allégorie universelle

« Imagine des hommes dans une demeure souterraine... » Chacun est potentiellement dans une position impliquant des habitudes de vie, des croyances, des convictions, des certitudes, des façons de penser, de se représenter le monde, de concevoir ce qui est vrai et faux, combinant a priori et préjugés, déductions hâtives.

Une allégorie intemporelle

Dans la caverne, les humains sont enchaînés de sorte qu'ils ne « peuvent voir que devant eux ». Une lumière leur vient de derrière eux, d'un feu allumé sur une hauteur. La lumière extérieure passe par une ouverture de la caverne, de sorte que le corps de chaque prisonnier projette son ombre sur les parois. Les enchaînements représentent les croyances, certitudes, convictions, préjugés et autres a priori. La difficulté à rompre les chaînes image celle de se défaire de ce qu'elles représentent et traverse les âges dans les préoccupations des philosophes.

Une allégorie du déni de réalité

« Considère maintenant (...) qu'on détache l'un de ces prisonniers, qu'on le force à se dresser... ». Ici, le philosophe en appelle à l'identification du prisonnier soudainement confronté à un brusque changement, incarné par une situation nouvelle pénible ou par une idée nouvelle remettant en cause les préjugés anciens. « Il souffrira et l'éblouissement l'empêchera de distinguer les objets dont tout à l'heure il voyait les ombres ».

Le philosophe aborde le déni de réalité, première étape de la confrontation violente de l'esprit humain à l'inattendu : l'annonce d'une rupture, d'un rejet, d'une transformation radicale des habitudes aussi évidentes que « confortables ». Platon dénonce le conformisme intellectuel dans lequel les habitudes d'opinion sont considérées à tort comme normes représentatives de la condition humaine.

Le philosophe poursuit son développement de l'allégorie. À la découverte du monde réel, la perplexité du prisonnier est naturellement grande. La réalité perçue avec plus de justesse ne saurait lui apparaître que « fort douteuse et incertaine » (René Descartes - Première Méditation).

Une allégorie du conditionnement ?

L'allégorie de la caverne propose une réflexion sur le conditionnement des esprits. La pensée du philosophe chemine jusqu'à la manière d'exercer le pouvoir et de s'y maintenir. Il fustige la recherche vaine de profits et démontre la nécessité d'une grande rigueur dans la formation des personnes susceptibles d'exercer des relations d'autorité en l'occurrence dans la cité.

Platon invite ses contemporains à rejeter toutes formes d'idées reçues et de se montrer vigilants sur l'exercice du pouvoir, sur le choix des hommes destinés à exercer l'autorité dans la Cité. Le philosophe met l'accent sur l'esprit de responsabilité qui doit animer les citoyens, puisque les prisonniers de la caverne représentent ceux qui préfèrent ne pas s'interroger ni remettre en cause un ordre établi, aussi inapte soit-il. Le philosophe prend un risque de partager sa vision du monde, dans la mesure où sa perception bouscule par nécessité l'ordre établi.

Plusieurs auteurs ont été inspirés par l'allégorie de la caverne, tels que Pierre Abélard, Edwin Abbott (auteur de Flatland), Cervantes (avec son Don Quichotte), mais aussi, à un autre niveau, Saint-Exupéry dans Lettre à un otage(c'est toujours dans les caves de l'oppression que se préparent les vérités nouvelles)... et plus récemment Franck Pavloff (auteur de Matin Brun) et José Saramago, avec son roman La Caverne (A Caverna, 2000). Le livre Matrix, machine philosophique consacre un chapitre à l'interprétation de la trilogie Matrix comme une version de science-fiction de cette allégorie. Le troisième et dernier tome de la trilogie Kaarib (Dargaud, 2004), de Calvo et Krassinsky, repose essentiellement sur l'allégorie mise cette fois au service de la BD.

Une allégorie de l'art pédagogique

La première phrase du Livre VII est sans ambiguïté. Socrate y débat notamment de la relation à la transmission des connaissances. Il y précise aussi la façon pédagogique : l'homme libre ne doit rien apprendre en esclave (...) les leçons que l'on fait entrer de force n'y restent point.

Alors, comment enseigner et comment apprend-on le mieux ? Les pédagogues les plus avancés - tel Célestin Freinet) auraient pu reprendre cette phrase à leur compte : fais en sorte que (les enfants) s'instruisent en jouant : tu pourras par là mieux discerner les dispositions naturelles de chacun.(536a 537a).

Pour Platon, la condition première de l'humanité, c'est l'ignorance dont il faut se départir impérativement : produit de notre éducation et de nos habitudes, elle nous rend prisonniers des apparences. Dans l'allégorie de la caverne, Platon décrit à travers la parole de Socrate cette situation de non savoir dans laquelle nous nous trouvons.

L'exigence platonicienne, un élitisme aristocratique ?

L'allégorie en vient à témoigner d'une exigence très forte en qualités humaines et intellectuelles, telle que rares étaient les prétendants à la direction des affaires de la cité qui pouvaient y satisfaire. Elle contribue ainsi à justifier dans La République un régime aristocratique par les gardiens-philosophes.

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