L'arnica des montagnes est pour l'essentiel une plante médicinale de cueillette. L'importance thérapeutique de Arnica montana et la raréfaction des sites sauvages a motivé la réalisation de plusieurs essais de domestication depuis le début du XXe siècle, spécifiquement en Suisse et en Allemagne. Aujourd'hui, une multitude d'expérimentations se développe également en Hongrie, en Finlande, en France, en Espagne et au Royaume-Uni. Leurs différents auteurs s'accordent généralement pour conseiller des sols acides et exempts de calcaires (voire de bases), si possible riches en matière organique végétale non-décomposée et pauvre en phosphate et nitrate. La plante serait par ailleurs sensible aux engrais solubles. La culture doit se déployer au-dessus de 800m d'altitude (pour les latitudes françaises et Suisses). Même si un cultivar a été créé, cette culture reste aujourd'hui aléatoire tant les exigences édaphiques de Arnica montana sont importantes.
La mise en culture d'une espèce sauvage suscite l'apparition importante de maladies. Deux ont été observées dans les cultures de Arnica montana. La première est un oïdium (Sphaerotheca fuliginea) apparaissant sur les feuilles de la fin du printemps à l'automne. Ce champignon ne semble toutefois guère affecter le développement des plantes. Seuls quelques individus isolés finissent par être recouverts de mycélium. Plus préoccupantes sont les attaques d'un pathogène de la famille des Tilletiaceae, Entyloma arnicalis, qui provoque des lésions plus ou moins circulaires sur les feuilles. Les plantes atteintes voient leur développement fortement entravé avant et/ou après leur floraison. Il apparaît qu'une sélection génétique de souches résistantes permettrait d'endiguer le problème.
En ce qui concerne les ravageurs, ce sont principalement les dégâts causés par le diptère Tephritis arnicae qui dépose ses œufs dans les boutons floraux de Arnica montana. Les larves se développent alors au dépens des capitules. À sa dessiccation, les larves se transforment rapidement en pupes de couleur noire, dont la présence déprécie fortement la qualité de la récolte. Leur développement semble être accentué par un printemps chaud et sec. Il semble également étroitement synchronisé avec la phénologie des premières fleurs. La protection des cultures par l'utilisation de filets anti-insectes semble être la technique la plus judicieuse, d'une part car son efficacité peut avoisiner les 100% et d'autre part car elle ne présente pas les inconvénients d'un usage en plaine causés par une forte élévation thermique sous le filet.
Cette culture d'Arnica montana fonctionne sous la forme d'une rotation où pendant quatre années se récoltent quelques dizaines de kilogrammes de capitules secs sur chaque parcelles de 1000m². Cinq parcelles de cette taille ont ainsi un développement échelonné afin de permettre une production de plante entière annuelle d'environ 800 kg frais. | Cette culture est située en Écosse, au nord d'Inverness à environ 150 m d'altitude. | Les plants sont cultivés sur des buttées de terre, recouvertes d'une bâche afin de limiter les adventices, avec un espacement d'environ 40 cm. |
![]() Les plants de culture sont élancés et fins contrairement aux plants sauvages souvent trapus |
Au cours des travaux sus-mentionnés, des chloroses et des dépérissements sont souvent apparus, détruisant parfois l'ensemble de la culture. Ces accidents ont généralement été attribués aux exigences édaphiques très strictes de la plante. Cependant, les études les plus récentes relativisent quelque peu l'importance de ces différents facteurs, notamment l'effet négatif de la fumure. Aujourd'hui, même si les cultures sont couronnées de succès, les causes des chloroses et des dépérissements encore souvent observés restent méconnues, ceux-ci demeurant dès lors partiellement imprévisibles. Une des hypothèses souvent avancées pour expliquer la sensibilité de Arnica montana serait l'absence, sur les racines des plantes cultivées, d'un champignon mycorhizien nécessaire à sa nutrition optimale.
La culture de Arnica montana est techniquement envisageable avec des semences pré-sélectionnées. Il existe un cultivar nommé « Arbo » créé par U. Bomme en 1990 qui fut commercialement viable en 1993. Actuellement, il semble possible d'escompter, avec les meilleurs populations, un rendement en capitules secs de 50 g/m² dès la première année de récolte et certainement supérieur dès la deuxième année. À ceci peut s'ajouter la production de racines ou de plante entière à la fin de la culture. Néanmoins, les études actuelles manquent de recul pour pouvoir décrire l'évolution des rendements après trois voire quatre années de culture. Il est par ailleurs probable que l'amélioration des techniques culturales soient susceptibles d'améliorer notablement les rendements. C'est ainsi que l'ensemble des problèmes culturaux (date de semis, densité de plantation, fumure, arrosage...) mériterait des travaux plus approfondis.
La principale difficulté pour l'estimation de la rentabilité de cette culture réside dans l'évolution du prix de la plante qui est jusqu'ici très fluctuant d'années en années. Bien que les cultures de U. Bomme soient entrées dans le marché en 1993 et que la plupart des laboratoires pharmaceutiques préfèrerait un approvisionnement stable et régulier, le prix élevé de ces produits de culture rebute, le coût de revient (et donc le prix) de la cueillette sauvage étant typiquement moindre. Néanmoins, cette évolution étant à la hausse, il est fort probable que la culture de Arnica montana soit économiquement viable.
Certains praticiens et patients préfèrent utiliser des plantes sauvages parce qu'ils croient en un plus grand effet de leurs matières actives. Enquêtant sur cette croyance, l'Université de Westminster a établi un programme, "Herbs at Highgrove", afin d'étudier la croissance des plantes en Grande-Bretagne. Leurs conclusions indiquent une perte d'effet dans les plantes cultivées. Les essais de culture par cultivar de Arnica montana ont révélé, à l'analyse, des propriétés biochimiques différentes des populations sauvages. Bien que ces cultures aient grandi vigoureusement, leurs rhizomes ont perdu une grande partie de l'odeur et du goût caractéristiques de l'arnica, réduisant ainsi son potentiel commercial. Néanmoins, certaines recherches semblent réduire ces écarts.
Arnica chamissonis subsp. foliosa est considérée par les pharmacopées allemande (DA89) et européennes comme thérapeutiquement équivalente à Arnica montana. Cette plante originaire d'Amérique du Nord a en effet une composition chimique proche, bien que distincte. Elle est beaucoup plus aisée à cultiver et, fleurissant dès l'année de mise en place, beaucoup plus productive. En cas d'alignement des pharmacopées française et autres pharmacopées nationales sur la pharmacopée européenne, il est probable que les cultures de A. montana resteront modestes et limitées à l'approvisionnement de quelques industries. Dans le cas contraire, la demande de cette dernière, aujourd'hui en forte augmentation, favorisera certainement sa mise en culture sur une échelle appréciable.