L’idée des bases pour « le plein air proche : accessible pendant les week-end dans des lieux adaptés », sur le modèle de ce qui existe déjà dans la Ruhr et aux Pays-Bas, apparaît dans un rapport du groupe de travail 3 « Prospective » de la Commission des Loisirs de Plein air créé en 1963 par le Haut-Comité des Sports, commission présidée par Paul-Émile Victor.
Comme le notera Maurice Herzog dans sa circulaire de 1964, il s’agit de s’adapter au nouvelles conditions de vie des Français d’après guerre dues à la poursuite de l’exode rural, de la réduction de la durée du travail et à l’augmentation des foyers propriétaire d’une automobile : « l’accroissement de l’urbanisation, la réduction progressive des heures de travail et leur blocage, soit en journée continue, soit 5 jours par semaine, et le développement des moyens de transport individuels amènent à rechercher des formules propres à satisfaire les logiques aspirations des citadins pendant leur loisir et notamment pendant leurs week-end ».
Le rapport constatait que l’aspiration des Français à une résidence secondaire n’était pas universalisable pour tous les citoyens. Quand il faudrait diviser le territoire entre 10 à 15 millions de foyers il ne resterait à chacun qu’ « un peu plus de 4 hectares, soit un carré de 200 mètres sur 200 mètres où il lui faudrait placer son appartement, sa maison de week-end, son coin de vacances, sa part de routes et de parkings, de champs, de prés, de chemin de fer et de gare, d’usines et de bureaux, d’espaces inviolés… et dans 30 ans tout devra tenir dans 2 hectares. Ramené à l’individu et non plus aux ménages cela représente moins de 5000 m² par personne ».
A l’opposé, il s’inquiétait aussi d’une forme de privatisation possible des loisirs et des espaces naturels : « On peut encore moins admettre les spéculations sur le Plein air qui risquent de pervertir à jamais une économie distributive des moyens de loisirs : achats massifs de kilomètres de cotes en Méditerranée par les sociétés d’investissement, colonisation des sites par les banques d’affaire, flambée des prix à l’achat du sol rendant impossible même par l’Etat ou ses organismes des acquisitions de quelque envergure ».
En conséquence la commission estimait que « Devant cette contradiction fondamentale : désir grandissant d’un nombre de gens sans cesse accru d’un espace de plus en plus rare, on est donc contraint de chercher des solutions collectives et les mesures immédiates qui en conditionnent la réalisation » et elle proposait une forme de maison de campagne collective s’inspirant de la création de la base de Draveil : « La seule solution réside dans les parcs de week-end regroupant un ensemble de possibilités de repos et de sport, interdits aux voitures, comportant des terrains de camping, des maisons à louer, traversés par une rivière ou baignés de lac, d’une superficie minimum de 70 à 100 hectares, permettant d’accueillir 2000 usagers environ »
Pour permettre à chacun un accès au Plein air la commission préconisait donc la création de Parcs, éloignés de 50 kilomètres des villes au maximum, permettant à la fois des séjours de week-end et la mise à disposition des écoliers des équipements pour la pratique quotidienne des activités de plein air dans le cadre de la « généralisation du mi-temps pédagogique » dont on est encore très loin près de 50 ans après.
Pour la Région parisienne la commission proposait la création d’un à deux mille parcs « 100 à 150 000 hectares, soit environ 10 % de la surface du district c'est-à-dire probablement moins que la surface globale des résidences secondaires de la région parisienne ». Elle réfléchissait aux régions « industrielle en se penchant sur le cas du Nord où elle pensait qu’il faudrait « Créer de toute pièce des zones vertes en une reconquête sur l’industrie et l’habitat ». Dans un paragraphe précurseur elle posait aussi le problème des déplacements, du coût des infrastructures et des options sociales que leur choix trahit : « Il peut-être plus raisonnable dans une optique de civilisation industrielle de dépenser des centaines de millions pour équiper la baie de Somme ou des parcs autour de Lille-Roubaix-Tourcoing que d’aménager pour quelques dizaines de millions des lieux merveilleux autour de la Méditerranée pour faciliter des évasions annuelles. C’est là où les gens habitent, c'est-à-dire dans des régions économiquement fortes qu’ils faut oser des solutions même très coûteuses ; quand on n’hésite pas à dépenser des milliards pour des autoroutes ou des tunnels routiers on peut investir des sommes équivalentes pour donner à des familles la possibilité de retrouver un rythme de vie équilibrée ».