Basilique Notre-Dame-de-la-Garde - Définition

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Période révolutionnaire

Fermeture de la chapelle

Le 30 avril 1790 le fort est envahi par des patriotes qui, sous prétexte d’assister à une messe dans la chapelle, franchissent le pont-levis, utilisant un stratagème similaire à celui adopté par les ligueurs en 1594. Le 7 juin 1792, jour de la fête Dieu, la grande procession traditionnellement organisée ce jour là, est troublée par des manifestations. Durant le trajet du retour au sanctuaire, la statue de la vierge est ceinte d'une écharpe tricolore et l'enfant Jésus coiffé du bonnet phrygien.

Le 23 novembre 1793 les édifices religieux sont désaffectés et le culte cesse. Le 13 mars 1794, la statue de la vierge réalisée en 1661 en argent est envoyée, pour y être fondue, à l'hôtel des monnaies de Marseille qui était situé au no 22 de la rue Tapis-Vert dans l'ancien couvent des pères de la Mercy.

Une prison pour princes

En avril 1793, le duc d'Orléans Philippe Égalité, ses deux fils le duc de Montpensier et le duc de Beaujolais, sa sœur Louise duchesse de Bourbon et le prince de Conti sont emprisonnés quelques semaines à Notre-Dame de la Garde avant leur transfert au fort Saint-Jean. Malgré le manque de confort offert par les anciens appartements du gouverneur, les prisonniers ont l'avantage de jouir du panorama. Chaque jour la duchesse de Bourbon, après avoir assisté à la messe, fait une station sur la terrasse du fort et demeure souvent deux heures en contemplation. La princesse qui peignait fort bien, a laissé un dessin au crayon représentant une vue de Marseille effectué à partir de la vierge de Notre-Dame de la Garde.

Un homme providentiel : Escaramagne

Vierge au bouquet

La dernière vente aux enchères des objets appartenant au sanctuaire a lieu le 10 avril 1795. La chapelle étant devenue bien national, Joseph Escaramagne la prend en location. Ancien capitaine de navire et habitant à proximité, à l'actuelle place du Colonel-Edon, Escaramagne avait une profonde dévotion pour la Vierge. Après la reprise du culte dans certaines paroisses, il écrit en septembre 1800 au ministre de la guerre, Lazare Carnot, pour autoriser la réouverture du sanctuaire. Mais le préfet Charles Delacroix, consulté par le ministre donne un avis défavorable. Il faudra attendre le 4 avril 1807 pour que la chapelle soit rendue au culte.

Escaramagne achète aux enchères une statue de la vierge à l’enfant du XVIIIe siècle qui provenait d’un couvent de religieux de Picpus, couvent qui se trouvait près du palais de justice et qui est démoli pendant la Révolution. Il offre cette statue à l'église Notre-Dame de la Garde. Le sceptre que tenait la vierge est remplacé par un bouquet de fleurs d'où le nom de la statue de « vierge au bouquet ». Pour faire place à la nouvelle statue d'argent réalisé en 1837, cette statue sera donnée à la Chartreuse de Montrieux, puis reviendra en 1979 au sanctuaire. Cette statue de la vierge au bouquet est actuellement exposée à l’autel de la crypte.

Place forte et lieu de culte du XVIe au XVIIIe siècle

Visite de François Ier

Éperon de l'ancien fort

Le 3 janvier 1516, la mère de François Ier, Louise de Savoie, et sa femme la reine Claude, fille de Louis XII, descendent dans le midi de la France pour y retrouver le jeune roi, auréolé de sa victoire à Marignan. Le 7 janvier 1516, elles montent au sanctuaire de Notre-Dame de la Garde. Quelques jours plus tard, le 22 janvier 1516, François Ier les rejoint et se rend également à la chapelle. Au cours de cette visite, le roi constate que la ville de Marseille est mal défendue. La nécessité d'un renforcement du système défensif deviendra encore plus évidente en 1524 après le siège de la ville par le connétable Charles III de Bourbon qui s’est rallié à Charles Quint. Il s’en était, en effet, fallu de peu pour que la ville soit prise. François Ier décide alors de faire construire deux forts : l’un sur l’île d’If, qui deviendra le fameux château d'If, l'autre au sommet de la Garde qui englobera la chapelle. Il n’y aurait aucun autre exemple d’une coexistence entre un fort militaire et un sanctuaire ouvert au public.

Écusson de François Ier

La construction du château d'If sera plus rapide avec une fin des travaux en 1531, tandis que le fort de Notre-Dame de la Garde ne sera terminé qu’en 1536 pour résister à l’arrivée des troupes de Charles Quint. Pour la construction du fort on utilise des pierres du cap Couronne et des matériaux de récupération provenant de la démolition d’édifices situés en dehors des remparts de la ville et susceptibles de fournir un abri aux troupes ennemies. Parmi ces monuments détruits ayant servi à la construction du fort figure notamment le couvent des frères Mineurs où était enterré saint Louis d’Anjou et qui était situé à proximité des cours Belsunce et Saint-Louis.

Ce fort a la forme d'un triangle dont deux côtés mesurent environ 75 mètres, le troisième étant de 35 mètres. De ce fort d'importance assez modeste, subsiste l'éperon royal bien visible à l'ouest de la basilique ; le haut de cet éperon a été restauré en 1993 pour le rétablir dans son état primitif en supprimant une échauguette installée dans les années 1930. Au sommet de cet éperon une table d’orientation est installée.

Au-dessus d’une porte, on voit encore l'écusson de François Ier, c'est-à-dire les armes de France aux trois fleurs de lys avec au-dessous la salamandre. Cet écusson est malheureusement très abîmé. Près de celui-ci, du côté droit, se trouve un rond de pierre rongé par le temps où l'on aperçoit quelques vestiges d'une sculpture qui représentait l'agneau de saint Jean avec la banderole.

Guerres de religion

En 1585, le chef de la Ligue de Provence, de Vins, veut s'emparer de Marseille et s'allie avec Louis de la Motte-Dariès, second consul de Marseille. Dans la nuit du 9 avril 1585 Dariès occupe le fort de la Garde d'où l'on peut prendre la ville sous le feu des canons. Mais la prise de Marseille échoue, d'où l'exécution de Dariès et de son complice Boniface.

En 1591, Charles Emmanuel, duc de Savoie, désire s'emparer de l'abbaye de Saint-Victor, bâtiment fortifié près du port. Il charge Pierre Bon, baron de Méolhon, gouverneur de Notre-Dame de la Garde, de s'emparer de l'abbaye. Dans la nuit du 16 novembre 1591 le sieur Méolhon s'empare de l'abbaye qui sera rapidement reprise par les partisans de Charles de Casaulx, premier consul de la ville de Marseille.

En 1594, Charles de Casaulx veut devenir maître du fort de la Garde. Pour cela il y envoie deux prêtres, Trabuc et Cabot, pour célébrer la messe dans la chapelle. Après la célébration, Trabuc qui porte une cuirasse sous sa soutane, tue le capitaine du fort. Charles de Casaulx peut prendre possession du fort et nomme gouverneur son fils Fabio. En 1595 un mur en W est construit en contrebas du fort. Il est toujours visible et un parking est réalisé dans l’angle rentrant du mur.

Après l’assassinat de Charles de Casaulx le 17 février 1596 par Pierre de Libertat, Fabio est chassé du fort par ses propres soldats.

Dernière visite royale

Louis XIII durant son séjour à Marseille, se rend à cheval malgré la pluie à Notre-Dame de la Garde le 9 novembre 1622. Il est reçu par le gouverneur du fort, Antoine de Boyer, seigneur de Bandol. À la mort de ce dernier survenue le 29 juin 1642, Georges de Scudéry, surtout connu comme romancier, est nommé gouverneur ; il ne rejoindra son poste qu'en décembre 1644, accompagné de sa sœur, Madeleine de Scudéry femme de lettres, qui donnera dans sa correspondance, de nombreuses descriptions du lieu et des environs ainsi que des différentes fêtes ou cérémonies. « Vendredi passé, qui était le lendemain de la fête Dieu, vous eussiez vu la citadelle banderolée des pieds à la tête d’une dizaine de drapeaux et, en branle, les cloches de notre clocheton, et une admirable procession rentrant au château. La statue de Notre-Dame de la Garde tenant, de son bras gauche, l’enfant nu et, de sa main droite, un bouquet de fleurs, était portée par huit pénitents déchaussés et voilés comme des fantômes ». Georges de Scudéry dédaigne de résider au fort et préfère habiter place de Lenche, quartier aristocratique de l’époque. La garde du fort est confiée à un modeste sergent, dénommé Nicolas.

Le seul évènement important qui se soit passé sous le gouvernement de Scudéry est l’affaire de Caze en 1650. Pendant la fronde, le gouverneur de Provence, le comte d’Alais, s’oppose au parlement de Provence et veut réprimer la révolte marseillaise. Estimant que le fort de la Garde constitue une position désirable, il soudoie le sergent Nicolas et le 1er août 1650 fait installer au fort un de ses partisans, David Caze. Il comptait ainsi offrir un appui à une attaque qui aurait pu être faite avec des galères venant de Toulon, ville qui lui était fidèle. Les consuls de Marseille réagissent à cette menace et David Caze est obligé de quitter le fort.

Au XVIIIe siècle

En 1701 les ducs de Bourgogne et de Berry, petits-fils de Louis XIV, montent au sanctuaire.

Vauban qui a succédé à Clerville, le constructeur du fort Saint-Nicolas, étudie la possibilité de renforcer encore la défense de Marseille. Le 11 avril 1701 il présente un projet grandiose qui envisage la construction d'une vaste enceinte qui relierait le fort Saint-Nicolas à celui de Notre-Dame de la Garde et se poursuivrait jusqu'à la plaine Saint-Michel, actuellement place Jean-Jaurès, pour aboutir au quai d'Arenc. Ce projet n’a eu aucune suite.

Durant la peste qui touche Marseille en 1720, l’évêque Henri de Belsunce se rend par trois fois à pied à la chapelle Notre-Dame de la Garde les 28 septembre 1720, 8 décembre 1720 et 13 août 1721 pour bénir les habitants de la ville.

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